ZEROSECONDE.COM: juillet 2005 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Pétitions 2.0

L'apparition de sites ad-hoc est fascinante. Avec la montée des blogues où chacun à sa voix, on cherche tout de même, collectivement, à vouloir dire la même chose, sur le même site. En fait nous sommes en train de voir une forme originale de pétition : l'auteur du site dit, si vous pensez comme moi, téléchargez votre photo - ce qui correspond à votre signature. Elle n'a pas de but politique autre que celui de manifester un point de vue.

Ce type d'action se distingue des forums (un thème, plusieurs voix) ou des blogs (une voix, plusieurs thèmes) et porte un message que normalement seuls les médias traditionnels peuvent retransmettre (reportage d'une manif, sondage, vox-pop).

C'est l'émergence de la pétition adaptée au réseau multimédia. Voici ceux que j'ai rencontré :

Projet MyKyoto.org
Ce site rassemble des messages audio-vidéo des participants de la 11e conférence annuelle des nations Unies sur les changement climatiques à Montréal. Malheureusement limité à ceux qui étaient sur place. (10 déc 2005)

We're not afraid
Show the world that we're not afraid of waht happened in London, and that world is a better place without fear. (7 juillet 2005)

Sorry Everybody
Some of us are trying to understand and appreciate the effect our recent (US 2004) election will have on you, the citizens of the rest of the world. And we'll say we're sorry, even on the behalf of the ones who aren't. (décembre 2004)

Apology Accepted
We, wanderers of the world outside the US, have been touched by the initiative of www.sorryeverybody.com, and the huge amount of photos they received. The initiators of this website would like to show to the American people that they appreciated that message. (décembre 2004)

FUH2.com
Fuck You and Your H2, home of the official Hummer salute. (juillet 2003)

Charte comparative des outils de blog

Susannah Gardner du Annenberg School for Communication de l'Université de la Californie du Sud publie dans leur Online Journalism Review de jeudi dernier une charte comparative des blogs disponibles sur le marché.

Sont comparés : Blogger, Typepad, Blogware, Wordpress, Movable Type et Expression Engine.

Bien détaillé et parfait pour se faire une tête avant de se lancer ou de changer. Lire également la fiche descriptive de la charte.

7/7: Flickr, les tags et les sites adhoc

Suite aux attentats à Londres, la directrice des infos de la BBC explique :
"Les gens prennent de plus en plus de photos ou de vidéos au quotidien avec leur téléphone. Ils ont peu à peu pris le réflexe de nous en envoyer lorsqu'un incident majeur se produit. (...) Cela montre l'incroyable niveau de confiance qui règne entre nous et notre audience, créant une relation bien plus proche, intime. A chaque gros événement, nous le constatons".

via PointBlog : la maturité du journalisme citoyen (à lire : "Londres montre une nouvelle maturité des médias face aux témoignages citoyens : ils ne sont plus des illustrations d'après-coup, mais participent à la construction du récit en temps réel.")
Les nouveaux médias seraient en train de s'arrimer avec les médias traditionnels.

Flickr : the London eye
À chaque événement majeur sur la planète, les outils sur le web prennent leur place dans notre monde.

Cette fois-ci, outre les blogs (notamment metroblogging), les photos par téléphone avec Flickr viennent de se frayer un passage dans l'imaginaire collectif et s'insérer dans la chaîne des communication de masse : le photojournalisme citoyen.

"(...) camera phones will become part of a reporter's toolbox for information-gathering in the future. Photojournalists will carry them to communicate with editors immediately by sending digital snapshots of what they see before actually working with more professional cameras" (source - version surlignée-).

Tag : nommer l'événement
“London”, “London Explosion”, “London Explosions” et“London Bomb”. Sur technorati, on pouvait retrouver ce qui se disait à propos de l'événement. Ces mots étaient les mots clefs pour faire une recherche. Mais l'apparition du tag "7/7" est remarquable car elle a été spontanée et permettait d'éviter les écueils de la recherche habituelle (le mot London est trop vague).

Tagger un événement permet à quiconque de contribuer à former nos perceptions sur ce qui se passe dans le monde, en redirigeant une information. Encore peu perçu par le grand public, les médias eux connaissent la valeur d'une telle redirection pour leur recherche...

Site adhoc : communication anonyme
werenotafraid.com (via Der Spiegel): ce site a été monté peu de temps après les événements. À la manière de SorryEverybody.com il permet aux internautes de publier une photo exprimant que le terrorisme ne leur fait pas peur. Ce type d'action porte le signe d'une volonté d'un dialogue citoyen, que normalement seul les médias peuvent tenir.

Si on considère que les terroristes ont passé un message, il faut reconnaître que ce type de site correspond à la réponse. Non pas une réponse des autorités, mais celle d'un groupe de citoyen à travers le monde. À la différence de Flickr, ici les photos sont sémantiquement politisées pour signifier un message précis. Une parole de citoyens anonymes qui ne peut pas être réinterprétées par les autorités, les médias et les sondages...

Autres lectures (en allemand et en anglais):
"I'm ok" - Die neue Art, sich und andere zu informieren.
Dutzende Tote und Verletzte
Blogger aus London
Bombenanschlag in London: Augenzeugen bloggen
(Déjà une théorie de la conspiration!) London Underground Bombing 'Exercises' Took Place at Same Time as Real Attack

Firmes de RP et les blogues

Steve Broback sur Blog Business Summit Archives a fait un test intéressant : combien de firmes de relations publiques utilisent le mot blog sur leur site web.

13 sur 51 seulement

Steve n'a aucune prétention scientifique, mais je me demande si les usagers qui font des recherches ont un soucis scientifique.

Votre site web peut révéler des choses sur votre compagnie, par ce qui y est écrit...ou ce qui n'y est pas écrit.

Sachant que le mot "blog" est un buzz word actuellement, les sites répertoriés n'ont soit pas de point de vue sur le phénomène, soit n'ont pas mis à jour leur site web. Je pencherais pour ce dernier.

Steve Flanagan, un relationniste connu au Québec, a ouvert un blog à l'automne dernier. Mais il n'a pas posté depuis décembre 2004. Il faut croire que l'enjeu numéro un sur le web c'est la mise à jour.

À ne pas sous-estimer si votre compagnie veut se lancer dans l'action...

Yulblog : Le mur des l a m e n t a t i o n s

(Ce billet a été écrit suite au yulblog et représente un spin-off d'une conversation, c'est à dire que je reprends essentiellement des idées discutées et rajoute des réflexions lors de la retranscription)

Marie-Chantal (vu d'ici) et les blogues, c'est une histoire d'amour. Cette passionnée voudrait convertir tout le monde. Mais, comme moi, elle s'est rapidement heurtée à une incompréhension hébétée de son entourage. Elle a donc trouvée une métaphore pour expliquer ce qu'elle entend par bloguer.

Métaphore religieuse
Le perron de l'église d'antan était l'endroit où on échangeait les nouvelles. Que ce soit en parlant ou en affichant un papier sur le babillard, ce tableau d'affichage communautaire. La blogosphère reproduit virtuellement ce moment de contact perdu.

La limite que j'y voyais pour ma part, en choisissant cette métaphore, c'est qu'elle fait appel à un comportement actuellement disparu et que réinterprété aujourd'hui elle semble dire que l'on doit se déplacer à un endroit qui ne nous est plus familier, pour rencontrer des gens, somme toute, suspect d'une croyance en une force peu rationnelle et qui cherche à nous convertir.

Pas de quoi donner le goût de comprendre ce que sont les blogues.

Métaphore religieuse (bis)
Pour apporter mon grain de sel à la conversation, j'ai inversé la question : et si on trouvait la métaphore sur ce que sont les blogues, mais du point de vue du non-blogueur...

Inversée ainsi, l'approche me semble plus fertile pour identifier la façon de désamorcer l'appréhension des non-bloggueurs. Quelle est donc cette métaphore que je propose?

Je crois que la blogosphère leur apparaît comme le mur des l a m e n t a t i o n s (pour un non-croyant). C'est à dire une rangée de gens qui écrivent sur des petits bouts de papiers et qu'ils coincent dans une fente du mur.

Comment peut-on penser une seconde que l'on puisse retrouver ce que le blogueur avaient à dire et pourquoi diable ne fait-il pas juste se retourner un peu et parler à son voisin, si la conversation l'intéresse tant?

Bref, les blogueurs seraient des freaks, devant leur mur-internet, qui pensent que l'on va retrouver leurs multiples messages mélangés. Que ce soit en plus des l a m e n t a t i o n s, n'aide pas à s'intéresser aux blogues. Si c'est ça leur vision...

Déconstruire la métaphore
Comment rendre opérationnel cette métaphore? En la cassant!

Éliminer l'idée de la "synchronicité". Sauf exception, on ne choisit pas entre bloguer ou voir des gens. On blogue quand on ne peut pas les rencontrer. Bloguer est la continuation de la conversation par d'autres moyens.

Éliminer l'idée du babillage d'ado. Sauf exception, écrire dans un blogue n'est jamais du texto comme on en trouve sur le SMS des cellulaires (Small Text Messaging sur les portables). On blogue des choses personnelles, intimes si l'on veut, ou intellectuelle autrement. Mais ça reste des écrits personnels, jamais des commandes. Et ce que nos semblables vivent ou pensent peuvent nous en apprendre beaucoup, ne serait-ce que parce que l'on y trouve nous ressemble étrangement...

Éliminer l'idée que les messages se perdent. On ne parle pas tout seul avec un micro dans une pièce vide. Le fil web, les engins de recherche et les agrégateurs permettent de faire percoler le billet de façon suffisamment longue pour qu'il trouve son public. En 2005 on ne retrouve pas l'info sur le web comme en 1995. C'est à dire par chance, à travers les What's New et les signets que l'on revisite fréquemment.

Le dernier point induit des explications techniques. Leur faire comprendre que l'on peut "s'abonner" suffit en général pour leur donner confiance. "Fouiller" sur le web, n'est pas une activité passionnante pour tous, surtout quand les probabilités donnent 99% de pages inintéressantes.

Ce qui rend les pages intéressantes? Le réseau de ses connaissances. Si vous connaissez déjà la personne, il y a de forte chance que ce qu'elle a à dire vous intéresse. Ou si quelqu'un a quelque chose d'intéressant à dire, vous voudriez peut-être faire sa connaissance.

C'est l'embryon d'un réseautage.

Et fondamentalement, si la personne ne voit pas l'intérêt d'un réseautage (au sens large, pas seulement au sens professionnel), il y a peu de chance qu'elle s'intéresse aux blogues (en tant que producteur de contenu).

Le blogue est un outil de réseautage (au sens large) asynchrone et public (au sens strict). Pour l'asynchronie, outre le mot à 4 syllabes qui comptent triple dans les coins du Scrabble, c'est simple, c'est comme le courriel. Et le courriel ne fait que poursuivre ce qui se faisait avec le courrier traditionnel. Rester en contact en temps différé.

Quant à l'ouverture sur le public, cette condition est nouvelle. Mais il n'y a aucune barrière technique, seulement un changement de perspective dans l'acquisition de contacts. Mais là, on déborde largement de l'objectif de ce billet. Je note et on s'en reparle...

Mise à jour le 12 juillet :
Sylvain me fait remarquer que j'aurais pu rajouter que "l'ouverture au public" est du même ordre qu'un "courriel à tous", comme je l'avais écrit il y a quelques mois. Je suis pris en flagrant délit de ne pas (re)lire mes propres archives, comme je le déplorait dans un billet il y a quelques jours...
J'ai aussi profité de la mise à jour pour préciser le sens de ma métaphore du point de vue des non-blogueurs et corriger des fautes d'orthographes ;-(

Yulblog : La crédibilité d'un url

(Ce billet a été écrit suite au yulblog et représente un spin-off d'une conversation, c'est à dire que je reprends essentiellement des idées discutées et rajoute des réflexions lors de la retranscription)

Avec Sylvain Carle (a frog in the valley - à moins que ce ne soit son jumeau cosmique Rubyjam) nous avons discuté de la visibilité du url des blogues.

Opossum et Ixmédia logent les blogueurs parmi les plus intelligents du Québec. Il s'adonne que plusieurs n'ont pas d'adresse personnelle mappée sur le serveur de blog et l'adresse de l'hébergeur apparait.

Nécessairement, en voyant systématiquement des adresses redondantes dans nos agrégateurs, un peu de notoriété et crédibilité rejaillissent sur les hébergeurs. Et c'est tant mieux.

Comparez radio.weblogs.com et skyblog.com ou monblogue.branchez-vous.com

Il y a de forte chance que votre blogroll ou votre agrégateur contienne le premier mais aucun des autres (Ça aurait pu être le contraire, le propos resterait le même). Mais forcément, radio.weblogs abrite une communauté dont les membres créent la réputation du url. Et le url en retour transmets la réputation à ceux qui y participent.

On a ici une belle illustration de la théorie linguistique de la dichotomie signifiant/signifié. L'un est un contenant (sans odeur, transparent, simple porteur) et l'autre est un sens, une connotation. On attribue a radio.weblogs ou carnets.ixmedia une connotation qu'elles n'ont pas en soi (ce ne sont que des adresses après tout).

Une idée en passant
Si vous avez une petite ferme de carnets dans votre entreprise, considérez l'ouvrir à l'externe pour accueillir des gens qui pensent comme vous ou qui oeuvrent dans votre domaine mais qui n'ont pas d'hébergeur.

Sur le web, comme dans les médias traditionnels, votre url acquière de la notoriété par une exposition répétée. C'est ce que l'on appelle contribuer à rester top of mind...

Nids-de-poules

Je viens de tomber sur chicagocrime.org, une autre utilisation de Google Maps.

A partir de Citizen ICAM un portail public branché sur la base de données des crimes rapportés au département de police de la ville, vous pouvez voir l'endroit exact des crimes, classés par district et type de crime, etc...

(pour une liste complète des utilisation de Google Maps voir le billet d'Éric Baillargeon.)

À quand une utilisation similaire à Montréal? (je ne parle pas de mapper les crimes, mais d'utiliser une information publique d'un côté et un service web de l'autre, puis de l'offrir au grand public...)

Ça demande que la ville de Montréal soit ouverte (sacré défi) et des programmeurs intéressés (ça devrait se trouver).

Voici ma suggestion :
  • Faire un site qui permet au public d'indiquer où se trouvent les nids-de-poules dans les rues de Montréal.
  • Ensuite envoyer l'adresse aux responsables de la ville (car je ne sais pas s'il savent ce qu'est un trackback).
  • Quand la ville va reboucher les trous, le seul moyen de faire disparaître les points sur notre carte sera de rendre disponible leur base de données des coordonnées des trous rebouchés.
  • Notre système pourra alors se brancher à leur système et vérifier l'état de routes automatiquement.
La ville y gagne, car elle aura un service d'alertes gratuit (très utile au printemps) et les contribuables pourront voir leur taxe à l'oeuvre. Car actuellement, l'étendu des dégâts est inconnu et tout le monde y va de son estimation, en général excessivement pessimiste...

Ce type d'application peut être utilisé pour d'autres besoins. Mais l'idée est de forcer la main à la ville de rendre les données disponibles ou, si elles le sont déjà, de les rendre utiles...

Utilisons la force du réseau...

Notes:
Lire le point de vue d'un Indonésien sur ChicagoCrime (et la relation Gmaps et les datas publiques) : andryshuzain.com

Yulblog : Le blogue comme antidote du small talk

(Ce billet a été écrit suite au yulblog et représente un spin-off d'une conversation, c'est à dire que je reprends essentiellement des idées discutées et rajoute des réflexions lors de la retranscription)

Seuls quelques rares carnetiers montréalais paraissent ne pas avoir pris connaissance du blogue de Martine Pagé (ni.vu.ni.connu), une froguette in the valley revenue au bercail avec un carnet sous le bras.

Entre autres sujets discutés avec elle, celui sur les conversations asynchrones offertes par la blogosphère semble apporter une pierre à l'édifice.

Le big talk
Au sortir de l'université, quand la vie, le travail, la famille réduit en cendre les derniers millimètres d'espace-temps personnel il devient excessivement rare de pouvoir soutenir régulièrement ou fréquemment des conversation d'un niveau élevé

Par élevé s'entend une conversation alimentée par une envie de partager et d'apprendre, en général autour d'un thème peu trivial, souvent idéaliste, tout le temps passionnant.

Pour y arriver il s'agit souvent de combiner quatre facteurs furtifs :
  • les bonnes personnes,
  • le bon timming,
  • le bon sujet et
  • une énergie suffisante.
La probabilité de rencontrer ces quatre facteurs diminue avec le temps. Le small talk s'installe.

Le small talk
Le small talk c'est la version conversationnelle de la musique d'ascenseur.
C'est :
  • le débat sur la météo,
  • le point de vue sur le match sportif de dimanche
  • l'échange sur les plaies de lit,
  • la revue des émissions télé de la veille ou
  • les vertus des derniers produits à la mode.
  • (ajoutez ici les derniers mots échangés avec votre collègue près de la machine à café)
Avec les blogues je peux retrouver, de façon asynchrone, les quatre facteurs décrits plus haut:
  • Il me faut le Url du blogue des gens intéressants,
  • Je choisis l'heure et le jour (ou plutôt la nuit car dans mon cas c'est toujours sur mon temps de sommeil que je blogue)
  • Je recherche le thème de discussion
  • ...et quand j'ai l'énergie je participe à (ou démarre) ces conversations asynchrones.
Cet avantage permet de regrouper des temps morts et d'augmenter le ratio discussion profonde versus le small talk. Notez que je n'ai rien contre le small talk, des fois un bon Kool-Aid rafraîchit davantage qu'un jus hyperconcentré aux agrumes.

L'antidote
Comme j'ai deux enfants en bas âge, les horaires de sorties ne coincident pas toujours (pour ne pas dire jamais) entre ceux de mes amis, de ma famille et de mon corps.

Le blogue me permet de ne pas être disconnectés des autres cerveaux ou de ne pas disconnecter le mien (après un certain temps d'inaction, la machine se mets à sleep et passe en hibernation jusqu'au bal de graduation du petit dernier; ensuite essayez de faire un reboot sur un vieux système, vous m'en direz des nouvelles).

La conversation asynchrone s'affranchit de l'espace-temps. Elle ne remplace pas la vraie conversation (synchrone, sur place). Elle la complète. Dans mon cas, la blogosphère est l'antidote du small talk qui me guette dans mon quotidien épuisant.

Mais le blogue n'a pas cette vertu en soi. Quelqu'un pourrait l'utiliser pour faire le contraire, s'il le veut. Mais si la parole est personnelle et sincère l'antidote devrait faire effet.

Médicament "passé date"
Ce qui est dommage c'est de voir que la conversation est aussi prisonnière de la pression médiatique de la nouveauté. Les archives des blogues ne sont pas si (ré)utilisées qu'il parait. On se contente de lire les derniers posts. Il est effectivement rare qu'un billet d'il y a deux ans (ré)sucite un débat sur le post original ou qu'il provoque une réactualisation ailleurs...

Je vais revenir sur ce dernier point...

Yulblog : La blogosphère sans revers

(Ce billet a été écrit suite au yulblog et représente un spin-off d'une conversation, c'est à dire que je reprends essentiellement des idées discutées et rajoute des réflexions lors de la retranscription)

Avec Mike Lenczner (mtl3p) (qui m'avait décerné un "mike lenczner award for brilliance" en février dernier) et François Proulx de Edito.qc.ca (que j'ai découvert récemment) nous avons discuté à bâton rompu de la responsabilité de sa voix en public.

Au fond un blog ne fait que rendre formelles des contraintes qui existaient avant. Notre voix ne nous appartient pas tout à fait. Notre personnalité dans la sphère publique n'est pas entièrement sous notre contrôle. Une certaine pression extérieure existe dans la sphère de l'auto-publication finalement.

Un exemple
Notre employeur possède un droit de regard sur ce que l'on dit (qu'un bloggeur se fasse congédier ne fait que prouver que le blogue est un média; si la parole offensante avait été dite devant un public hors Internet, le résultat aurait été le même).

Le blogue est une parole en public. Si tu veux parler contre quelqu'un, il est impossible que cela se fasse dans son dos : toute parole est obligatoirement frontale. Un certain consensus de respect s'installe. Ou alors, puisqu'il n'y a pas d'échappatoire, la confrontation ne peut être que violente puisqu'il n'y a pas d'autre soupape (à moins de ne pas publier - une problématique dont Martine souligne les ravages aujourd'hui).

Conversation frontale
Il n'y a pas de revers dans la blogosphère, pas de coin pour parler dans le dos de qui que ce soit (du moins pas sur une longue période). Si l'envie de parler est plus fort, l'attaque est alors la meilleure stratégie. L'hypocrisie ne peut pas subsister longtemps. Tout finit par se savoir.

Ce qui émerge c'est plutôt une stratégie de respect et de construction. Si je sais que l'autre va lire (éventuellement) ce que j'ai écrit, je dois l'écrire en conséquence. À terme, ceux qui maintiennent des blogues (avec commentaires ouverts) protègent leur espace et respectent celui des autres. Une forme d'auto-censure...

Mon premier Yulblog

J'ai été hier à mon premier YulBlog, une rencontre mensuelle de carnetiers de Montréal (YUL est le code de l'aéroport de Montréal).

J'ai eu de belles conversations. En temps réel.

Il y avait une bonne trentaine de personnes, mais je n'ai eu que le temps de parler avec :
Il est étonnant de voir que les filles ont des blogs avec un nom qui touche l'organe de la vue (ni.vu.ni.connu, vu d'ici, de mes yeux vu).

Il y avait aussi Ed (blork) et Christian Aubry (ami calmant) mais l'occasion ne s'est pas présenté. On s'est tout de fois serré la main : "Alors ça blooogue? On se commente et on déjeûne!"

Les prochains billets seront des spin off des conversations que j'ai pu avoir avec ces gens...

Yahoo Mindset

Motrech nous signale l'arrivée en Beta de Yahoo Mindset, l'outil de recherche qui permet de distinguer une recherche d'une information et une recherche d'un objet.


Un slider permet de trier les résultats selon un objectif de 'shopping' ou de 'Researching'. Au vol, Yahoo Mindset reclasse les entrées et fait monter la page qui serait la plus pertinente en fonction du contexte. Il permet de désambiguïser une recherche sur le mot "ordinateur" par exemple...

Ergonomie cognitive pour la recherche d'information
J'avais déjà fait l'autopsies d'une requête pour "Fido Cellulaire" où je concluais que les usagers ne savaient pas comment utiliser un engin de recherche de façon 'avancée'.

Yahoo, visiblement, cherche à faciliter la vie des pauvres internautes qui ne cessent de tomber sur mon site avec les mots clefs "Fido Cellulaire abonnement". Avec le slider, ils peuvent enfin envoyer mes pages dans le bas de la liste. Par contre, comme Fido est très mal indexé, ils ne trouveront pas plus ce qu'ils cherchent.

L'approche par 'mindset', le contexte cognitif, a de beaux jours devant lui. Nous ne possédons pas une nombre infini de 'cluster' de besoins de recherche : consommation, information, définition/orthographe, contact, résumé, recette, sur/de, etc. Il sera alors possible de préciser la recherche (de donner un biais sémantique) sans devoir explicitement entrer des métatags (comme je l'avais noté dans l'autopsie dont je parlais) de façon relativement simple. Cette aisance cognitive que procure Yahoo Mindset sera très apprécié par le grand public...

Les enjeux à venir
Mais la solidité de l'outil réside entièrement dans la capacité de l'outil d'appliquer les métatags ('Shopping', 'Researching') aux bons sites...

Contrôler des sites de tagsonomy/folksonomy (comme FURL ou Del.icio.us) risque de créer une économie du signet sur Internet... Les tags que l'on applique pourraient permettre, à terme, de 'qualifier' les sites selon des 'Mindset' pré-établis.

Par contre, pour l'avenir du 'slider' je suis moins sûr: que peut bien signifier être au trois-quart vers le 'Shopping'?

J'habite sur un nuage

Ou plutôt juste en dessous...
Google Maps vient de mettre en haute résolution la partie ouest de l'île de Montréal...