ZEROSECONDE.COM: octobre 2005 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Qui croire quand informations et connaissances circulent librement ?

Knowledge Management et Autorité Cognitive

Depuis ses débuts, la réalité du Knowledge Management a été celle de la mise en place de dispositifs organisationnels, de systèmes de gestion, de logiciels collaboratifs, d'outils de capture, de dispositifs de filtre afin de partager la mémoire de l'entreprise en surmontant un certain nombre de barrières concrètes comme les suivantes :

- Mauvais système de communication (verrou logistique),
- Distribution déficiente de l'information (verrou de communication),
- Rétention de l'information (verrou humain),
- Mauvaise gestion des ressources (verrou de management).

Une fois ces verrous sautés, l'information et les connaissances circulent et créent parfois de véritables raz-de-marée. On discute souvent de la technologie ou du type de management à adopter, mais on s'interroge rarement sur le rapport de l'usager face à un accès libre à la connaissance.

En fait, que sait-on des capacités d’un collaborateur à traiter une telle quantité d'informations et de connaissances ? Faut-il le rappeler, accéder à autant d'informations comme actuellement est sans précédent dans les organisations.

Dans ce contexte, la question à se poser n'est plus de savoir comment organiser et mettre en œuvre la capitalisation des connaissances, mais plutôt de déterminer comment le collaborateur arrive à décider de ce qu’il est important de connaître dans l’ensemble des connaissances disponibles.

Alors entre en jeu ce que l’on appelle l'autorité cognitive.

L’autorité cognitive

Il est nécessaire de préciser ce concept de manière formelle :

Une personne A est une autorité cognitive pour une personne B dans un domaine d’intérêt donné lorsque ce qu’exprime A possède plus de poids pour B que toutes autres assertions existantes sur le sujet. [Wilson, 1983]

Si nous devions ne dépendre que de nos propres connaissances personnelles, nous serions sérieusement limités. En fait, nous dépendons des autres pour la majorité de nos idées et connaissances. Avec les informations que les autres nous rapportent nous construisons une vision du monde qui nous permet d'agir.

Il est normal que nous nous tournions vers l'autre quand nous avons une question. Il faut donc reconnaître que s'effectue alors le choix de la meilleure personne apte à nous répondre, l’autorité cognitive.

Une autorité cognitive n'est pas une autorité administrative car elle ne s'acquiert pas par élection ou par la force. Une autorité cognitive est une personne qui influence notre manière de voir. On peut influencer la pensée de quelqu'un par un ordre, par une publicité… mais cette influence ne peut être reconnue comme une influence aussi légitime que celle d'une autorité cognitive: on décide volontairement de croire en cette dernière. Cette volonté de croire s'étend aussi au document qu'elle écrit, au système qu'elle met en œuvre, au groupe ou à l'institution à laquelle elle adhère.

L'autorité cognitive est clairement une source de crédibilité. Toute base de connaissances ou communauté de pratique recherche ce type de crédibilité. La crédibilité est un facteur important pour déterminer la pertinence d'une information ou d’une connaissance.

Les questions que se pose le plus communément un collaborateur à la recherche d’une information ou d’une connaissance sont : "Est-ce que la source que je viens de trouver répond à ma question ? Dois-je chercher encore ?".

A ce niveau, il faut distinguer entre les questions closes et les questions en suspens.

Les questions closes sont celles que l'on considère, de façon pratique, comme ayant reçue une réponse définitive, sans l'ombre d'un doute. Ce sont les croyances habituelles de l'entreprise sur sa vocation, son positionnement sur le marché, ses concurrents… Elles peuvent évoluer, mais au moment de l'évaluation de l'information, la question ne se pose pas. On s'attend alors à ce que notre autorité cognitive soit en mesure de confirmer cette pertinence lorsqu'elle nous répond.

Les questions en suspens sont les plus difficiles, mais les plus intéressantes. Par construction, il existe de multiples réponses aux questions en suspens. Aucune ne domine les autres, sinon nous ferions face à une question close. Quelle est la meilleure réponse ? Quelle est la plus pertinente ? Y a-t-il d'autres réponses ? Qui croire ?

Telles sont les questions que se pose le collaborateur. Bien entendu, différentes personnes arriveront à différentes réponses à ces questions.

Dans les deux cas, pour des questions qui sortent de sa sphère de compétence, le collaborateur s'en remet à une autorité cognitive parce que celle-ci possède un savoir accumulé (réponses aux questions closes) ou une opinion éclairée (réponses aux questions en suspens).

Mais si le collaborateur ne possède pas de connaissance dans une sphère donnée, comment s'opère le choix d'une autorité cognitive dans ce domaine ?

On identifie communément un expert par sa réputation, sa fonction, son titre, sa formation, ses performances antérieures ou bien par recommandation.

La réputation n'est pas une garantie de compétence, mais c'est un filtre que l'on retrouve partout dans la vie sociale et elle s'applique aussi bien à l'entreprise.

Les succès antérieurs permettent de s'affranchir de la réputation pour se donner une idée indépendante de la compétence d'un expert. Cependant, nous ne sommes toujours pas plus avancés, car pour juger d'un succès dans une sphère qui n'est pas la nôtre il faut des connaissances qui nous font justement défaut.

Par contre, si l'expert possède dans son curriculum une réussite extraordinaire, surtout si ses pairs le donnaient perdant a priori comme : décrocher un contrat crucial, réorganiser une gamme de produits condamnée, découvrir une invention révolutionnaire… nous avons une façon de vérifier l'exploit extraordinaire et de tomber d'accord avec le verdict : "il doit être un expert pour avoir réussi ce coup..."

Comme la réputation est basée sur la performance, mais pas exclusivement, on pourrait s'attendre à ce que l'évaluation des succès soit la meilleure méthode pour identifier si une personne est une autorité cognitive pour ce domaine. Mais cette méthode est malheureusement ardue car les cas extraordinaires ne sont pas légions…

Dans les faits, se fier à la réputation reste la voie la plus fréquemment empruntée. Il faut noter qu’avec une telle approche on peut tomber dans des effets de mode ou de rapports de force politique dans l'organisation.

Une autre voie pour identifier un expert est la pertinence intrinsèque du texte ou du discours de la personne.

Un document, une communauté ou une personne peut acquérir une autorité cognitive auprès de collaborateurs par la plausibilité et la cohérence de leurs propos. Autrement dit, un texte clair, bien écrit, simple à comprendre peut paraître la réponse plausible à la question posée.

Il faut indiquer cependant que nos propres croyances antérieures limitent ce que nous accepterons comme nouvelles croyances, même si elles nous guident dans l'acceptation de nouvelles connaissances. Exprimé autrement, l'intelligence d'un texte ne relève pas nécessairement de son intelligibilité et dépend clairement de celui du lecteur.

Les impacts pour le Knowledge Management

Partout où l'information et les connaissances circulent librement, le problème du filtrage personnel commence. L'usager, en dehors de sa sphère de compétence, passera inévitablement par une autorité cognitive pour sélectionner comme pertinente une connaissance.

Dans ces conditions, l'idéal pour un Knowledge Manager est que son dispositif soit perçu comme une autorité cognitive, ou plutôt que toutes les sources et ressources qui s'y trouvent le soient en tous temps et en tous domaines. Ce qui n’est pas aisé…

De fait, de nouvelles barrières apparaissent, il s’agit de :

- Filtrage non expert des communications,
- Redistribution erronée de la mauvaise information,
- Mauvaise interprétation ou recoupement de l'information,
- Gestion déficiente ou utilisation partielle des ressources internes.

Il s’agit maintenant de barrières cognitives.

C’est pourquoi, le Knowledge Manager doit pouvoir identifier pratiquement de quelle façon certaines personnes ont obtenu la confiance des collaborateurs dans certains domaines critiques, vérifier qu’il s’agit des bonnes personnes et agir sinon. Il s’agit de ne rien laisser au hasard et de ne pas avoir peur d’intervenir pour : défaire ou créer des réputations, développer le faire savoir et assurer le transfert de confiance.

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Ce texte a été écrit pour le bulletin de nouvelle #16 de Knowledge Consult
Je remercie Denis Meignan pour son aide à la réécriture l'édition.

Référence :
Patrick Wilson, Second-Hand Knowledge : An Inquiry into Cognitive Authority

Blogues : Universitaires à risque?

Dans un article de JP Cloutier, sous le même titre, un certain ressac contre les universitaires qui "bloguent" semble se faire sentir. "Le fait de publier un blogue pourrait-il nuire à l’avancement ou à la titularisation d’un professeur universitaire?" demande Cloutier.

Il cite le cas de Daniel Drezner, professeur adjoint de science politique à l’Université de Chicago, qui s'est vu refuser sa titularisation tout récemment. Parce qu'il blogguait? Son article, fort intéressant, passe en revue divers point de vue.

Dans un billet sur le sujet, Ytsejamer, trouve que c'est l'illustration de la turbulence que le bouillon de culture créé par la blogosphère induit dans le monde académique. " "Internet rend poreuses les frontières des communautés de pratique "écrit-il. Il est inutile pour le monde académique de l'ignorer.

Pour moi, il me semble que l'on revit ici le sempiternel drame de l'universitaire qui fricotte avec la culture de masse. Un universitaire qui écrit un roman? Pas sérieux, ça! Un universitaire qui écrit dans une revue ou journal du peuple? ridicule! Il passe à la télé? honte sur lui!

Umberto Eco a pourtant tout fait ça.

Je crois qu'il aura inévitablement un ressac contre la montée des blogs. La blogosphère est un vivier de théories profanes. Peut-être que pour un temps, certains membres de la sphère académique tenteront de créer un programme d'endiguement pour consolider leurs acquis.

Mais la coexistence de ces sphères de connaissance du monde, d'ors et déjà, relève d'une implacable logique : il y aura un développement fulgurant du savoir profane en parallèle du savoir académique.

Les mauvais points
Qu'il y ait des frictions, c'est inévitable. Peut-être même cela évitera certains excès. Le blog Freiheit und Wissen liste 4 raisons pertinentes pour critiquer l'usage académique d'un blog :
  1. bloguer occupe une tranche horaire qui pourrait être utiliser à de la recherche;

  2. bloguer ne comporte pas le même niveau de rigueur intellectuelle;

  3. bloguer sur des sujets (politique entre autres) qui ne sont pas en lien avec votre recherche peut indisposer vos collègues;

  4. bloguer alimente la blogosphère et non le réseau académique - ou du moins s'il le fait, ce sera de façon légère.
Évidemment, il faudrait être borné pour s'en tenir à ces points.

Les bons points
Voici les points positifs que l'on peut y voir (toujours selon Freiheit et Wissen):
  1. bloguer permet d'essayer ou de tester ses idées;

  2. bloguer permet d'avoir un feedback immédiat d'un audience assez large;

  3. bloguer sur des sujet académique permet un lien entre le monde académique et les profanes sur des sujet d'intérêt commun (une forme de vulgarisation);

  4. bloguer est une façon de poursuivre la conversation en dehors des cours ou des forums (c'est d'ailleurs une utilisation que l'outil permet de faire très facilement).

Patrick Giroux semble ajouter un point supplémentaire : bloguer pour se donner le goût d'écrire. Mais par mesure de précaution contre les 4 premiers points négatifs, étant lui-même du milieu académique il s'est senti obligé de poster ses raisons sur son blog. (Il rédige son premier dossier d’évaluation et il aimerait bien avoir un second contrat et obtenir un jour la permanence).

Tous à risque?
Mais le milieu académique n'est pas le seul à subir ces pressions (réels ou imaginaires), le monde professionnel aussi.

Jean Lalonde a arrêté son célèbre blog sur Amélioaction parce qu'il s'est trouvé un emploi (il était conseiller avant). Il n'y a pourtant pas de lien de cause à effet. Est-ce par manque de temps (point 1 négatif) ou par conflit avec son employeur (point 3 négatif)?

Peut-être que, tout simplement, le réseautage avec son auditoire n'était plus aussi important...

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Poursuivre la réflexion:
Thoughts on the Anti-Blogging Movement
Bloggers Need Not Apply
Peer Review, Small Audiences, and The Incredible Shrinking Guilds
Metablogging: When Academics Blog
Blogging Prof Fails To Heed His Own Advice

Flock, le navigateur social

Flock Developer Preview is now available.

Éric m'a fait découvrir Flock un navigateur web basé sur Firefox. Mais avec un système de bookmark intégré de façon transparente à Del.icio.us. Imaginez pouvoir tagger un site au vol à partir de l'interface du navigateur tout maintenant à jour son Del. Vos bookmark sont automatiquement partagés.

On peut aussi bloguer à partir du navigateur en 1 clic.

Hummm. A surveiller de près.

19 millions de blogs recensés

Presque 19 millions de blogs sont recensé sur Technorati.

Le nombre double tous les 5 mois. On peut s'attendre à dépasser le 50 millions au printemps prochain.


La courbe exponentielle suit la même que celle des pages personnelles au début du web. Mais ce qui est vraiment intéressant à observer c'est le volume de billets publiés par sujet d'actualité.

(cliquez pour agrandir)
(Le rouge correspond à des spams)

N'est-il pas étrange que le Tsunami ait suscité moins de billets que le Superbowl? C'est la nature humaine, diriez-vous. Il sera toujours plus facile de commenter un match de foot qu'un drame humain. Mais alors que penser de Katrina? Pourquoi ce surplus de posts pour cette catastrophe ? Réfléchissons.

Impliqué / pas impliqué
En regardant les autres thèmes d'actualité, on voit bien que ce ne sont que les sujets d'actualité des États Unis d'Amérique qui tirent la couverture blogosphèrique. À drame humain / catastrophe écologique similaire, Katrina recolte plus que son lot de commentaires.

On ne peut que constater :
  1. la blogosphère est encore déformée majoritairement par les américains;
  2. les blogueurs ne commentent que l'actualité qu'ils vivent: si on n'est que spectateur lointain, on observe; si on est un spectateur impliqué, on commente.
Ce deuxième point est intéressant. Quand il y a une bombe qui éclate ailleur, on est spectateur. Quand une bombe éclate "chez nous" -lire Occident-(comme dans le cas de Londres en juillet), on est plus prompt à commenter, puisqu'on est "impliqué".

Ce qui permet de confirmer que, grosso modo, la blogosphère est une véritable caisse de résonnance de l'opinion publique, une alternative au sondage d'opinion.

Commenter sa sphère
La blogosphère est donc la place publique de la masse commentant ce qu'elle vit (et non commentant l'actualité, ce qui est différent).

En ce sens, la blogosphère ne montre aucune différence avec les mass-média qui propose déjà le local davantage que le lointain, phènomène communicationnel bien connu.

Avec la montée des blogs chinois, si technorati continue de les classer dans le même graphique, ils finiront à court terme par modifier systématiquement les statistiques de volume de billets publiés.

Soit que nous allons voir avec surprise des "peeks" de billets sur des sujets chinois complètement locaux (corruption à Pékin, élection à Shanghai, match sportif à Taipei), soit Technorati va séparer les données par région.

La blogosphère est bien le reflet d'une société de chroniqueurs commentant ce qu'elle vit, pense, et a à dire. Elle a un focus principalement tournée sur elle-même, vers le local (ou plus précisément vers le régional ou, mieux, le continental pour ne pas parler de blocs).

Elle commente le lointain que de façon marginale, ou du moins une frange minoritaire seulement s'y intéresse.

Liens direct vers la capsule d'Europe 1

J'ai corrigé le lien qui poitait vers la capsule d'Europe 1 qui parlait de mon blog (voir mon billet du 12 octobre). Le URL, que je croyais permanent, pointait en fait vers un nouveau contenu chaque jour..,
Écoutez la capsule de 1 minute 20 secondes de Catherine Nivez.
Le lien d'europe 1 est valide jusqu'au 12 novembre 2005.
La possibilité de faire facilement un lien vers une information sur le site d'Europe 1 est entravé par la façon dont le site est monté. Je connais assez bien le HTML pour pouvoir m'y retrouver. C'est dommage pour les autres qui n'ont pas cette chance, surtout qu'Europe 1 a pris la peine de tout décortiquer leur programmation en capsules sonores pour pouvoir réécouter, à la pièce, les émissions.

Pouvoir citer une capsule par des liens est une autre manière de faire circuler l'information... et de mettre Europe 1 dans la blogosphère. Je rêve de voir plus de liens vers des extraits sonores indexés d'émissions radios dans mes billets. Ce serait un pas vers une intégration entre blogosphère et la "radiosphère"...

L'émergence d'Internet comme plateforme

Ça va vite, vous pensez? Voici un aperçu des derniers jours. Catch me if you can.

Microsoft et Yahoo se rapproche
AOL (AIM) domine largement le marché de la messagerie instantanée avec 53 millions d'utilisateurs, contre Microsoft (MSN Messenger 29 millions) et Yahoo (Yahoo Messenger 23 millions).
. Depuis que Google offre GoogleTalk les ennemis d'hier se sont rapprochés. Microsoft et Yahoo! feront messagerie commune... Les utilisateurs de messageries instantanées des deux grands réseaux pourront s'échanger des messages de façon transparente.

Google a répétition
Le laboratoire de Google sort des nouveaux outils au mois. Gtalk, Google Wifi, Google Video... et maintenant Google Reader. Depuis qu'il est en bourse, Google bouge! Regardez bien du côté de AOL, qui est dans le colimateur du Géant G.

Apple sort son iPod Vidéo
Vous l'attendiez, Apple l'a fait: de la vidéo sur votre iPod. Votre nano n'est même pas déballé qu'il est déjà désuet. Votre émission préférée pour 1.99$? Stay iTune!

Microsoft-RealNetworks comme larrons en foire
RealNetwork, c'est eux qui poursuivaient il n'y a pas si longtemps le Méchant MS. Il y a eu entente à l'amiable. Microsoft tente de consolider sa présence sur le domaine de la communication riche (son et image) pour devenir LE joueur Média sur Internet (par opposition à Google qui se positionne comme LE joueur Contenu). Si ça peut nous enlever Windows Media Player, ça sera ça de bon.

Vous en voulez encore?
Un petit rapprochement entre Google et Sun peut-être? Un OpenOffice sur le web?

Ça nous rappelle les beaux moments de la pré-bulle. Mais ici, c'est différent, il n'y a que des joueurs sérieux (les autres ont été écrèmés en l'an 2000).

Quel est l'enjeu? L'émergence d'Internet comme plateforme. C'est l'apparition d'une couche logiciel solide par dessus le protocol IP.

Le WEB OS est pour bientôt...

Google Reader beta est sortie

Je ne l'ai pas vu venir, celle là! Google se lance dans l'agrégation de flux web!

Google ReaderGoogle Reader est un outil d'agrégation sur le web comme peut l'être Bloglines. Il possède une intégration avec Gmail et Blogger (via les menu Gmail This! et Blog This!) et je ne sais pas si on peut les utiliser sans ces services (il parait qu'il faut un compte Gmail pour l'utiliser).

L'abonnement à un site (à un blog) est transparent (on donne le url du blog et Google Reader cherche le fil lui même). L'interface est très simple à comprendre (en autant que l'on comprend le principe de base d'un logiciel d'agrégation) car les options sont réduites à leur plus simple expression (lire le FAQ ou regardez le tour guidé)

Un menu permet de revenir au billet lu (read post) et un système d'étoile ("starred" comme dans Gmail) permet de conserver les billets intéressants.

Les tagging se font autant au niveau des blogs qu'au niveau des posts. Un avantage indéniable sur l'hiérarchie fixe (comme bloglines) où on devait choisir dans quelle branche placer un flux pour l'agrégation.

Par contre, pas de recherche sur les abonnements inscrits ("recherche KM parmi mes abonnements") ni de tri par mot clef ("extraire tous les billets qui parlent de KM"). On est encore en beta, tout de même...

(via SuperCoach)

Stat d'Europe 1

Intéressant l'impact que peut avoir une capsule de 1 minute 20 secondes sur Europe 1 sur le trafic. Trois constats à partager.


Statistique du 12 octobre 2005 de zeroseconde.blogspot.com (les heures de l'axes des x sont celles basée sur le fuseau de Montréal, soit environ 6 heures plus tôt que Paris)


1) Europe 1 diffuse la capsule à 06h17 du matin. Il y a tout de même une soixantaine de personnes qui étaient dans leur cuisine en train de prendre leur café à côté de leur ordinateur.

2) C'est l'arrivée au boulot (08h00 en Europe). Les automobilistes qui ont retenu l'adresse donnée sur les ondes visitent mon site.

3) L'heure du lunch en Europe et réveil en Amérique française. Les derniers européens qui ont la mémoire longue et les premiers nord-américains qui ont reçu mon billet du matin font un tour.

Premier constat
Le fichier journal indique que l'écrasante majorité est passée par un moteur de recherche (exclusivement Google) pour trouver mon site. Le mot clef : "zero seconde" donne heureusement mon carnet en première position.

Dont acte. La guerre des squatteurs de noms de domaine est dépassée. La valeur à contrôler devient le positionnement du nom, de la marque si vous voulez, dans des bases de données, celle de Google plus exactement. Les experts en optimisation d'indexation, s'il fallait un exemple de plus, deviennent incourtournables. Et, si vous voulez mon avis, les agences de relation publique devraient se réveiller et intégrer formellement et rapidement ces experts (ou cette expertise) dans leur trousse d'outils : les SEO font partie des RP.

Deuxième constat
Si on utilise un engin de recherche, c'est qu'on ne note pas l'adresse quand elle est diffusée à la radio. Peut-être qu'être en déplacement automobile n'aide pas. Mais possèder un "nom" unique ou facile à retenir devient comme un mot-clef qui a beaucoup de valeur (comme on vient de le dire). Un nom tel que "mon blog à moi" risque de n'être jamais retrouvé.

Mais ce qui étonne (mais dois-je être étonné?) c'est le peu d'impact sur le web que procure une telle capsule d'une si grande radio. On mesure absolument tout sur le web, avec une granularité de renseignement méconnue dans les autres médias. Je ne connais pas l'audience d'Europe 1, mais 60 visiteurs, ça donne un zéro virgule zéro zéro zéro quelque chose de "clickthrough", pour mesurer en terme de média web ;-) Les auditeurs ne passent donc pas à l'action et reste dans le même média. En fait, c'est sur la longue traîne que l'on voit un tant soi peu un impact : il y a 200 à 300 visiteurs générés en tout sur la journée.

Troisième constat
La consultation des blogs, comme le web en général, suit une courbe calquée sur l'horaire de travail. On remarque que l'arrivée au boulot permet une lecture (ou un furetage) plus abondant (pointe 2) proportionnellement que le reste de la journée. Le midi (point 3) aussi. D'ailleurs, même si ce n'est peut être pas très significatif, les nord-américains sur leur heure de lunch consultent plus de pages (portion mauve de 13h).

Ce qui reste de l'impact de la capsule (peut-être que l'heure de diffusion y est pour quelque chose) disparait très vite. C'est le phénomène des "flash crowds", ces foules qui se déplacent rapidement d'un point d'intérêt à l'autre (le terme provient d'un romancier de science fiction). Il ne reste plus de trace, moins de 24 heures après.

Personnellement
C'est plaisant de voir les autres pointer ou citer son travail. Merci Catherine. J'ai souvent conçu mon blog en fonction de gens entrant par n'importe quelle porte (chaque billet est peut-être la première page de mon site). Mais j'ai réalisé aussi qu'il faut offrir une porte d'entrée "officielle", un moyen aux curieux de pouvoir se faire guider par l'auteur même des pages et non pas par le seul hasard du moteur de recherche et de mots clefs...

Je reviendrai sur ce point...

Europe 1

On parle de mon blog!

Catherine Nivez en parle dans un petit topo à la radio de Europe 1 . Elle est la journaliste de Génération Europe 1 - Nouvelles technologies, le (seul?) magazine radio qui parle des blogs. Elle a aussi une petite capsule dans une émission du matin. C'est dans cette capsule qu'elle passe en revue mon carnet.

Réécoutez l'extrait de 1 minute 20 et 0 seconde. Le lien d'europe 1 est valide pour 1 mois seulement. (correction du 15 oct. : lien qui était erroné est OK maintenant)

Synthèse
Dévoilant l'origine du nom de mon blog, zéroseconde, elle liste aussi en rafale, aux auditeurs, mes principaux apports à la blogosphère. Recevoir des commentaires sur son propre blog à travers les ondes n'est pas chose courante.

J'ai pu admirer l'esprit de synthèse de Catherine car elle a véritablement tenté de caser plusieurs thématiques que j'aborde (entourant le monde des blogs) dans le petit format que lui réserve l'émission d'Europe 1.

Elle synthétise en quelques secondes sur les ondes mes idées qu'elle a lues dans mon carnet (je donne les références entre parenthèse):

Qu'est ce qu'un blog? Une page web avec un public, une audience.
Lire mon billet : Le blog comme page web avec public)

En quoi les blogs sont une rupture? Avec les nouvelles technologies, les blogs s'élèvent au niveau des médias de masse.
Lire mon billet : La société des chroniqueurs
(je préciserais que le mot "rupture" ici doit être entendu comme effet donné par la masse qui a un accès à des moyens de production de communication. Fait sans précédent dans l'histoire, chaque récepteur est potentiellement émetteur et la technologie n'est plus la plus grosse barrière à l'entrée. - en ce sens le web n'est qu'un énorme dazibao numérique).

La nouveauté
du phénomène? Avant la connaissance était transmise par des institutions légitimées et légitimantes (Université, l'état, etc) , aujourd'hui elle produite et transmise par les individus eux-mêmes.
Lire mes billets : Connaissance du monde et Développement du savoir profane
(je préciserais cette transmission n'est pas sans créer des problèmes d'autorité et que ce sera un des grands bouleversements qui nous attend).

Web 2.0 : une collection d'approches

"Le web 2.0 n’est pas une chose, mais une collection d’approches, qui toutes convergent sur un monde de nouveaux développements. Ces approches (...) API, RSS, Folksonomies, Réseaux sociaux (...) proposent soudainement aux créateurs d’applications une nouvelle manière d’approcher des problèmes complexes avec des résultats étonnemment efficaces."
Hubert Guillaud citant Jared Spool dans son article sur InternetActu: Qu'est-ce que le web 2.0? qui donne un bon tour de piste pour se faire une idée à propos de ce buzz word.

Mise à jour (2005-10-16)
L'article original de Jared est ici : Web 2.0: The Power Behind the Hype

Les mots laids

Laids mots les? Un mot peut-il être laid?
créée Triple voyelle, deux accents collés; sentiment de faute de frappe à tous les coups.

Amusante collection des mots les plus laids de la langue française ouverte à vos contributions (via Benoit St-André))

Les mots pour le pire

La blogosphère anglophone en parle sans arrêt depuis le milieu de cet été.
Teachers say no-one should 'fail' It's a deferred success.

En Grande Bretagne, des enseignants ont proposé de remplacer "fail" par "deferred success", c'est à dire "échec" par "succès en latence" (ou quelque chose comme ça). Source BBC

On comprend l'idée : on cherche à éviter d'ostraciser le pauvre étudiant (oups, apprenant) dans son échec scolaire. Le succès n'est seulement pas encore au rendez-vous, il n'a pas "coulé".

"(...) repeated failure, such as in exams, can damage pupils' interest in learning. (...) Elsewhere we applaud those who persevere, like marathon contestants who take days to complete. It's time we made the word 'fail' redundant and replaced it with 'please do a bit more'"

Nice try. On reconnaît au moins que les mots peuvent blesser ou enfermer quelqu'un dans une image. L'enseignement est pavé de bonnes intentions : il s'agit de ne pas enfermer un enfant dans son échec, pensent-ils.

Pourtant par le fait même ils créent un monde où nous sommes condamnés au succès, où la voie est toute tracée d'avance. C'est un système sans extérieur, où il n'y a plus de voies alternatives ni de moyen de repenser le système autrement que de l'intérieur -et Dieu sait que c'est difficile.

Et alors? Faillir dans un système ne veut pas dire que l'élément qui a failli est en faute! C'est peut-être le système qui n'est pas adapté à l'élément ! Mais on ne pourra plus le penser car tout le monde va réussir... Bourdieu dirait "C'est un rapport au monde complètement déréalisé". Un monde d'échec et de succès nous fait grandir...

Orwell a fait apparaître la novlangue 21 ans trop tôt...

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PS: Je ne peux m'empêcher de vous inviter à vous régaler avec les citations notoires recueillies par André Duny sur le système scolaire comme moule des esprits et les injustices collectives en général.

Voici quelques exemples:

"L'homme libre ne doit rien apprendre en esclave" (Platon, La République,6)

"Se faire sa propre opinion, n'est déjà plus un comportement d'esclave" (J.J. Rousseau)

"La soumission à la pensée collective dispense de penser individuellement." (Freud)

"Le système scolaire contribue à convaincre chaque sujet social de rester à la place qui lui incombe par nature et de s'y tenir" (P.Bourdieu. La reproduction.)

"L'école n'apprend pas à réfléchir, car ce serait cette réflexion qui la remettrait en cause" (A.Gide, Les nourritures terrestres.)

Les carnets corporatifs pour petites entreprises


Un excellent post (trouvé via i.never.nu) qui apporte de l'eau au moulin de ceux qui croient au "corporate blogging", aux carnets dans les petites entreprises.
An Argument for Small Business Blogging
par Chris Campbell de Particletree.

"If you think about how most people are using Google (how you use Google), you should realize that people aren’t really using them to search for new businesses or ways to spend money. People search for solutions. People search for answers. People search for things to do. And blogs are the best way to help your business share its answers, solutions and things to do."
Lire l'article

L'argumentaire tourne autour d'un hypothétique "Bob le constructeur" qui cherche a augmenter les visites sur son site web.

Statistiques
Chris construit son argument en se basant sur des données démographiques démontrant la qualité et la quantité des lecteurs de blogs : "These readers are trendsetters, early adopters, opinion makers, news junkies and the biggest advocates of their own personal interests."

Il cite des études et affiche des données pour le marché américain. 30% des américains lisent des blogs (une augmentation de 45% par rapport à l'an dernier).

Par contre, il s'excite un peu en pensant que les flux web permettront de lire davantage que la moyenne de 10 blogs actuels (lire à ce sujet mon billet sur les agrégateurs et celui de François Guité).

SEO vs Blog
L'article souligne le danger de se fier uniquement sur l'optimisation de site par des experts en SEO (Search Engine Optimization), particulièrement ceux porté à voir à court terme pour déjouer les résultats des engins de recherche. Du bon contenu est un meilleur investissement. Chris en a particulièrement contre les mauvais experts axés sur les failles des moteurs.

Mais je crois qu'un bon SEO fera toujours partie de la panoplie des outils pour faire un meilleur site web, comme un bon designer ou un bon ergonome de "usability".

Blog mode d'emploi
Il ne cache rien : "All publications require editorial expertise." Les carnets corporatifs ne font pas exception. Il donne des conseils : Don’t write entries just to sell a product. You need to create a bond. You need to be honest. You need to listen. À force de revoir toujours les mêmes conseils, on dirait des clichés. Mais pourtant il a tout à fait raison. Tous les experts le disent, le répètent. Si vous ne le croyez pas, il vous faut passer encore du temps pour mûrir sur le sujet. Lisez la mésaventure de Vichy.

Rien de vous empêche de faire de votre blog corporatif un long texte publicitaire. Rien n'incitera non plus le client à le lire aussi. Un blog s'adresse aux clients accro afin de créer du bouche à oreille.

Dans sa conclusion, Chris donne une liste de documents sur le sujet. Très utiles.

Commentaires
Lire aussi les commentaires, la plupart très pertinents, qui mettent en perspective l'article de Chris, notamment qu'un blog est une forme de SEO et que "Bob le constructeur" pourrait prendre son temps à faire autre chose que d'écrire un blog pour trouver des clients.

Mon point de vue
Pour ma part, la qualité du billet, les références et les commentaires, font de cet appel au carnet corporatif un vibrant plaidoyer en faveur des blogs. Je l'ai moi-même proposé à plusieurs reprises dans ce carnet et en personne.

Mais cette fois-ci, justement avec la qualité du billet et des commentaires, j'ai réalisé à quel point la blogosphère est un monde de gens qui aiment écrire pour des gens qui aiment lire. Ceux qui se sont rendu jusqu'à ces lignes me comprennent.

Vous devez comprendre que les carnets s'adressent à une clientèle lettrée qui évoluent dans une sous-partie du monde alphabétisée (savoir lire ne veut pas dire vouloir lire). Cette clientèle est statistiquement plus aisée. Pour Bob le constructeur, il devra déterminer s'il aime écrire. Sinon il devra trouver un prête-plume. Et il devra aussi se demander si sa clientèle aime lire. Sinon il ferait mieux de simplement faire de la publicité locale.

Et si Bob répond oui aux deux questions, il a alors un avantage concurrentiel dans son marché. À lui d'en profiter...