ZEROSECONDE.COM: avril 2006 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Soudain, la planete comme interface

En recoupant quelques news éparses tirés de mon aggrégateur, un fil conducteur émerge. Un fil ténu, mais fort intrigant. Essayons de comprendre.

Tout chaud, tout nouveau, Google offre SketchUp, un outil gratuit à télécharger (PC pour l'instant MàJ 2008 : Mac et PC) servant a créer simplement une variété de modèle 3D (comme des maisons, des cabanes, des terrases, etc). Une version pro est offerte contre quelques billets verts.

L'outil vient avec un plug in pour Google Earth. Une 3D Warehouse est offerte aussi pour poster et partager en ligne vos créations virtuelles, avec moteur de recherche. (plus d'info)

Le lien logique avec Google n'est pas facile à trouver immédiatement. Rappelons-nous que la mission de l'entreprise est d'organiser et de rendre disponible l'information universelle ("To organize all the world information and make it universally accessible and useful.").

Google Earth comme plateforme
Il y a soudainement une émergence de Google Earth comme une plateforme de support d'information visuelle, de paysage d'information, qui tend à connecter les gens et les endroits. Google SketchUp, dans la veine du web 2.0, permetterait au public de "meubler" ce monde, de façon fantaisiste ou réaliste.

Avec l'annonce récente que Google a breveté un système de micropaiement ( via Éric Baillargeon), Alan Eustace, Vice-président, Ingénierie chez Google, a déclaré (mon emphase)

We developed something for internal use, as we found that there was a gap in the user experience. We wanted to enable people to sell using Google Earth, without the user going through multiple websites and handing their credit card numbers, let’s see where it goes. We have a great relationship with eBay, it’s a great company, but it is not the only answer to payments on the internet,” (source via SEO by the sea ) (mon emphase)

Utopie et marché virtuel
Le commerce électronique global, le mythique virtual market place, serait-il en train de se mettre en place? Mon mémoire de maîtrise en communication multimédia portait justement sur paysages informationnels sur le web. C'était il y a 10 ans. Il y a un fascination à penser que l'on peut reproduire une expérience-usager rappelant l'espace (simili) tridimentionelle (par opposition à l'espace plat des pages web).

L'expérience grandeur nature du massive virtual gaming, comme World of Warcraft ou Second Life, laisse présager un possible retour de cette utopie. Pour le e-commerce. (PS: lire une expérience de conférence vidéo dans Second Life)

Pour le détail, on verra. Mais en gros, l'idée a du sens. Les "lieux" sont une métaphore claire et intuitive pour naviguer (jusqu'à une certaine limite). Comme on sait que Internet, après l'euphorie de la découverte de l'accès universel, se réduit très souvent au local (regardez avec qui vous communiquez par email le plus souvent, ce ne sont pas des pen-pal du bout du monde en majorité, mais bien vos proches avec qui vous voulez communiquer en différé).

Que l'outil local.google se soit fusionné à maps.google serait un indice dans cette voie. Humm...

Réflexion à poursuivre...

Crime de lèse-productivité

Un juge américain a déclaré qu'un employé ne peut pas être mis à la porte pour le prétexte qu'il surfait sur le web. (source C\Net News.com)

Toquir Choudhri, un employé depuis 14 ans au Department of Education à New York, avait été accusé d'ignorer les avertissements de son supérieur de cesser de naviguer sur le web durant les heures de travail. Un audit avait démontré que le pauvre bougre naviguait sur le web sur des sites de nouvelles et de voyage avec son ordinateur de bureau.

Dans sa décision le juge John Spooner a déclaré que l'usage d'Internet est similaire aux autres activités personnelles comme faire des appels personnels ou lire un journal, en autant que cela ne nuit pas au travail à faire.

Quant à moi, ce que j'en pense, quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage.

Il est par contre aberrant que le supérieur en question, au département de l'éducation, considère Internet comme une perte de temps. Prendre une pause café ou pire aller fumer sa clope, tant qu'à s'y mettre, est mille fois plus nuisible.

On rentre ici sur un cas de figure: Internet nuit-il à la productivité des employés? Mais la question est mal posée. le terme "Internet" est trop vaste et multi-forme pour être employé sans nuance (remplacez Internet par "monde extérieur" et vous verrez l'aberration).

Internet est à la fois une source de connaissance inestimable et à la fois un monde de divertissement. Le cheval de Troie est rentré dans l'entreprise. Les grincheux vont se plaindre, les autres y verront un force.

Yulbiz

Philippe Martin et Michel Leblanc relance l'invitation : YULBIZ est un groupe de rencontres de bloggeurs ayant comme particularité leur intérêt pour les affaires.

Ce groupe est informel, bénévole et volontaire et est inspiré de l’excellent Yulblog qui est un des plus vieux, sinon le plus vieux, regroupement de bloggeurs montréalais au monde (dont j'en avais glissé quelques mots l'an passé).

Le mois dernier au Yulbiz, c'était super, presqu'une vingtaine de personnes se sont pointées! Ca fait du bien de parler de blog à voix haute sans avoir l'air d'un extra-terrestre. Et puis d'avoir une vision d'affaire et non plus seulement personnelle!

C'est demain mardi de 17 :30 à 19 :30 (ou plus) au café Mélies de l’Ex-Centris (3540, boulevard Saint-Laurent à Montréal).

Plus d'info sur qui était présent le mois dernier

La radio, c'est comme un webcast!

Suite à ma petite expérience sur la radio de cette nuit, voici mon point de vue (satirico-parodique) sur le sujet.

La radio expliquée aux enfants.

La radio, c'est comme un webcast, la conversation est retransmise en direct sur le réseau. Sauf que le réseau est principalement herzien et on doit avoir un browser à transistor unidirectionnel pour capter l'émission.

Auditoire, quel auditoire?
Le réseau hertzien est bien différent du TCP/IP. Les radionautes qui surfent sur la radio n'ont pas d'adresse IP, on ne peut pas leur mettre de cookie, et il n'y a aucune statistique pour connaître la fréquentation. Dans de telles conditions, je serai porté à croire que la radio n'a aucun avenir commerciale car je ne vois pas où se trouve le modèle économique.

Quoi? c'est un organisme externe qui détermine par des moyens propriétaires la fréquentation? Pas très sérieux tout cela! Si un site web vous disait ça, vous rireriez dans votre barbe! ;-)

"Nos sondages se font par la poste. Nous demandons à chaque répondant de remplir un cahier d'écoute et d'inscrire son écoute de la radio pendant une période d'une semaine. Les répondants aux sondages radio reçoivent un cahier d'écoute personnalisé, un pour chaque personne du foyer. Nous demandons à une personne d'agir en tant que personne-ressource pour Sondages BBM au foyer, afin de nous assurer que chacun inscrit son écoute et que les cahiers sont retournés à Sondages BBM." (source)

Drapé d'un aura scientifique, ils prennent ensuite ces chiffres et les rapportent sur le "marché local" et s'attribuent des "parts". Si 10% des """interviewés""" (je mets trois guillemets) disent écouter une émission, 10% de Montréal l'écouterait aussi (je simplifie à peine l'exercice).

À ce compte, il est impossible pour un site web de compétitionner, Internet n'a que les statistiques bruts de fréquentation. Et on ne peut pas le reporter sur le marché mondial sous peine de voir son pourcentage passer à o.oooooo1% ;-)

Un sujet à méditer pour nous, les faiseurs de web...

La conversation hertzienne
Les auditeurs qui ont posé des questions lors de mon passage n'étaient pas légion et se concentraient uniformément sur des détails techniques à mille lieux des discussions que nous avions en direct. Je crois que la tribune téléphonique radiophonique n'est pas le lieu pour "provoquer" une participation dans le grand public sur le sujet du web 2.0.

De la même manière que l'on peut difficilement provoquer des discussions sur la Papouasie-nouvelle-guinée aussi. Il faut que l'auditoire soit rempli de convictions ou d'opinions pour que commence la conversation.

(photo tirée de Vidroc)

En direct de CKAC

C'est bien la première fois :
je suis en ce moment en direct à l'émission d'André Pelletier sur CKAC, une radio grand public à Montréal (voir fiche Wikipedia pour un historique) pour parler des blogues et des communautés virtuelles.

Il y a un bouton pour écouter en direct sur le web, si vous êtes ailleurs dans le monde et que vous lisez ce billet entre minuit et 2h00 du matin (6 et 8 du matin à Paris).

C'est drôle de parler des blogues sur un autre médium. Si j'ai du temps je vais peut-être parler de la radio sur le web ;-).

Mise à jour minuit 25
Sujets abordés à l'émission:
Mémoire du Québec : un wiki pour permettre aux Québécois de connaître leurs racines, leurs régions, et tous ceux et celles qui ont , à leurs manières, façonné et construit le Québec depuis 1534.

Webelixir : Druide a conçu le service WebElixir. WebElixir parcourt votre site périodiquement et en analyse tout le texte et les liens. Gratuit pour les blogs de 25 pages et moins.

Et évidemment mes sujets de prédilection: blogues, wiki, podcast, web 2.0

Whose Web is it anyway?

Je participe à l'événement "Whose Web is it anyway?" que Parole citoyenne et CitizenShift, initiatives Internet de l'Office national du film du Canada (ONF), présentent le mercredi 3 mai à 18h30 à la Société des arts technologiques (SAT) à Montréal. L'entrée est gratuite.

C'est une rencontre avec les penseurs, les concepteurs et les utilisateurs des médias citoyens (les fameux "users generated content"). Courts métrages, réseautage en direct et table ronde à propos des médias autonomes et de leur pouvoir de transformation de la société.

Je serai à la table ronde avec Marie-Chantale Turgeon et Omar Bickell, que je connais bien, mais aussi Marcus Bornfreund, membre du Law Society of Upper Canada, Electronic Frontier Canada, et Free/Open Source Research Community à MIT (et chef de file de l'adaptation canadienne du projet Creative Commons ) et aussi Alexandre Berthelot alias "Gadget" de l'initiative Homeless Nation.

Cette soirée est présentée en collaboration avec Bande à Part (Radio-Canada), CKUT, et la Société des arts technologiques (SAT).

Détails ici

À quand le RSS grand public?

(Article rédigé sur ConstellationW3 le 7 avril, 2004 - comme le site a décidé de faire table rase avec les archives, j'ai récupéré mon article via la cache de Google et décidé de le poster ici.

Deux ans plus tard, je vois que les 3 conditions que je posais pour l'avènement du RSS grand public sont réunis : le fil web est maintenant intégré dans Firefox. On attends encore Microsoft...)


À quand le RSS grand public?

Pour que ma mère utilise le RSS, le RSS doit remplir ces 3 conditions (une sémantique et deux techniques) :

a) Que le mot RSS/XML disparaisse au profit d’un terme plus vaste (tout comme l’acronyme HTML est caché dans le mot ‘web’);

b) Que ‘l’abonnement’ à un fil RSS se fasse en 1 clic (afin de ne pas modifier l’expérience usager);

c) Que le fureteur web intègre la fonction d’agrégation (Intégré à IE, ou comme plug-in ou comme barre d’outil), (à moins que la culture mainstream change au point d’accepter de naviguer dans le même univers –le web- avec deux outils différents selon le type d’info recherché).

Voici des réponses partielles...

1. Des réponses à la première condition (nouvelle appellation):
-Elle va peut-être émerger lors de la fusion Atom/RSS. Mais j'en doute.
-Technorati a malheureusement pris un copyright sur World Live Web, ce qui limite de beaucoup sa portée pourtant significative.
-Flux, Fil, Feed ou Abonnement sont assez génériques pour gagner, surtout si la vague commence par l’abandon des abonnements de newletters qui ont amené spam et jam dans le in-box (sans compter la ‘complexité’ de la gestion des mots de passe).

2. Une tentative a été tentée pour répondre à la deuxième condition (1 clic) :
l’agrégateur ClickTheNews d’un jeune programmeur prometteur de Québec tente la première tentative d’automatiser ‘l’abonnement ‘ en 1 clic (si cette fonction est ‘innovante’, le display des news ne casse pas des briques par contre, et l’intégration à Windows est plutôt ‘complexe’ pour le grand public – c’est à la fois un logiciel indépendant que l’on démarre dans le menu programme, mais dont l’interface s’exprime via des fenêtres modales et un bouton dans la barre d’outil de IE - mais il noter ici l’innovation fait par un gars de chez-nous!)

Ailleurs, une tentative différente a été aussi faite pour protéger minimalement l’expérience usager : en cliquant sur un lien RSS, on tombe sur une page HTML (et non XML) du fil grâce à un mélange XSL, CSS qui permet à IE d’afficher la page sans code XML. Il ne reste plus qu’à copier l’URL. Ce que ma mère ne fera pas. Par contre, ma mère sera heureuse de savoir enfin que son navigateur n’est plus ‘brisé’...

3. Pour la troisième condition (l'intégration):
Il existe toujours la possibilité que la culture d’utilisation intègre plutôt les fils RSS dans la messagerie courriel (Outlook, par exemple, avec NewsGator) mais cela ne résout pas le problème du transfert des fils trouvés sur le ‘web’ (à travers son fureteur). L’intégration du RSS dans IE reste la voie idéale pour le grand public (au grand bonheur de Microsoft).

Alors c'est pour quand?
L’engouement récent pour le RSS (qui existe rappelons-le depuis plus de 4-5 ans) ne rejoindra pas le grand public si minimalement ces 3 conditions ne sont pas remplies. De la même façon que le HTML a pu devenir grand public avec l’apparition de Mosaïc (Netscape et IE n’ont fait que s’engouffrer par la porte ainsi ouverte), le RSS restera l’apanage des geeks et de leurs proches (ou à tout le moins celle d’une niche générationnelle comme dans le cas du IM) d'ici à la résolution prochaine des conditions gagnantes ;-)

'Stay tune'...

Google change de nom : Gu Ge

Google a annoncé mercredi l'adoption de son nouveau nom en chinois : Gu Ge. (via Financial Times)

Gogle mets ainsi fin à une série de prononciation alternative non officielle qui circulait dans l'empire du milieu : “Gougou” c'est à dire canin ("doggy”) ou "Gugou", vieux chien ("old hound") fait place à Gu Ge ("harvest song" ou "Valley Song") (si vous avez une traduction à me proposer, j'ai mis l'image des caractères chinois).

On savait qu'occuper le 'name space' sur Internet était important, maintenant on devra se préoccuper aussi du 'chinese name space' pour dominer au 21e siècle. Contrôler la prononciation (qui en chinois peut faire varier drastiquement le sens) devient un élément clef en marketing ou en branding dans un marché où 1 personne sur 5 parle chinois)

Brèves :
BBC,
CNN Money
, Financial Times, Asia Media
Info connexes :
La nouvelle prononciation (en PinYin) a déjà provoquée une avalanche d'achat de noms de domaine.
NY Times : Chief Says Google Won't Fight Chinese Censorship

Google calendar

Un pas de plus vers la suite du desktop on line, Google sort son calendrier en ligne.

Le nouvel outil possède une intégration avec Gmail évidemment et aussi avec le cellulaire (notification).

S'il y avait de doutes sur la direction que Google prend avec ses outils, demandez à Microsoft . C'est un véritable Outlook à la pièce et en ligne qui se crée devant nos yeux.

Moi qui est sur 3 ou 4 ordinateurs à la fois, je ne peux rien garder local. Tout est sur le réseau.

J'attends maintenant leur traitement de texte (Writely) et j'aurais enfin mon (simulacre) de Web OS...

(via eWeek)

Astroturfing : l'usurpation de représentativité

Fake PicassoJe viens d'apprendre un nouveau mot (merci Michael Lenczner ) : chez les Américains, le néologisme "astroturfing"(définitions sur Wikipedia et SourceWatch) décrit un projet secret de relation publique qui cherche délibéremment à forger l'impression qu'il s'agit d'un mouvement populaire spontané ("grassroots") . (Astroturf est le nom commerciale de l'herbe synthétique utilisé dans certains stades)

Le but de la manipulation est de créer l'apparence d'un public autonome qui réagit ou promeut un service, un évènement, un produit, une compagnie ou une politique. Notamment via des communications aux journaux, à travers des blogues /forums ou sur la place publique. La mesure du succès est évaluée au nombre de vrais supporteurs qui s'ajoutent de bonne foi au mouvement.

Manip 2.0
La manipulation n'est pas nouvelle et existe depuis que l'opinion publique est devenu une force politique (pensons à la triste Nuit de Cristal en 1938). Son nouveau visage via la montée d'Internet force la suspicion sur tous projets qui se veulent "grassroot" afin d'éviter la manipulation idéologique, gouvernementale ou commerciale.

Les sources de la manipulation en soi sont multiples, et en un sens nous sommes tous, individuellement, manipulés d'une façon ou d'une autre, (et c'est une discussion philosophique qui mérite un billet à part), mais l'astroturfing est une variante du mensonge sur la place publique car il est basé sur une "usurpation de représentativité" et s'apparente à de la désinformation.

Les exemples cités dans les liens plus haut concernent surtout les manipulations gouvernementales. Mais les compagnies me semblent aussi une menace.

Dans une réalité démesurée où l'expérience du monde "de première main" laisse toute la place à des "expériences transmises par des tiers", se faire une idée par soi-même demande l'apport de stratégies nouvelles (dont les autorités cognitives dont j'ai souvent parlé ici).

Propagande anonyme
L'intox, la désinformation des pensées citoyennes, dépasse la simple publicité (qui possède des codes de reconnaissance relativement clairs et fait normalement appel à un contrat explicite entre le public et le marchant) pour entrer dans la domaine risqué de la manipulation des perceptions. Le placement de produit est sur ce terrain instable.

Sur le web l'absence d'identification, via les pseudos, permet ce genre de propagande. Des commentaires laissés sur des blogues, des forums permettent de répandre un point de vue. Seul le recoupement des adresses IP permet de deviner que les "différents" commentateurs sur différents sites proviennent du même ordinateur, ou d'un ensemble d'ordinateurs.

Plus c'est gros, plus on y croit
À un niveau industriel, la technique peut faire frémir. Dans un très long commentaire sur le blog de Bernard Salanié, on décrit un processus pour forger une "communauté de réputation" sur un site très connu de vente aux enchères. Avec un peu de temps et d'argent, il est possible de monter une banque de milliers d'usagers bidons qui se "vendent" et "s'achètent" mutuellement des produits pour "augmenter leur réputation".

Il ne reste plus ensuite qu'à "marchander" le vote d'influence ("je te vends 20 votes positifs pour 1000$") pour "faire monter" dans la communauté celui qui veut brûler les étapes ou tromper le monde.

Pour contrecarrer de tels astuces, il faut beaucoup de temps, donc de l'argent. A ce jeux, les individus seront toujours moins fort que les corporations.

Comment voulez-vous, vous qui allez acheter un bidule sur un tel site d'enchère, vous mettre à passer en revue chaque commentaire d'acheteurs pour "vous faire une idée" de la crédibilité du vendeur? Quand vous voyez 99% de commentaires positifs sur 1000 acheteurs, n'est-ce pas une preuve suffisante? Vous n'avez pas les moyens de vérifier, le coût est prohibitif.

L'empreinte de la fraude à grand échelle
Il y a pourtant un moyen pour déterter de telle fraude. Pour les sites ayant recours à la "réputation" ou tout système de "crédibilisation", c'est simple. Ça demande de la transparence. Ils devraient offrir un outil statistiques supplémentaire aux usagers : en créant des graphes de clusters des relations acheteurs/vendeurs.

Une machination d'usagers bidons devraient apparaître comme une excroissance où les usagers (acheteurs et vendeurs) se retrouvent d'une façon ou d'une autre rattachés ensemble d'une façon trop rapprochée. Éventuellement des patterns pourraient être détectés ou du moins devenir reconnaissable.

L'enjeu des prochaines années
L'enjeu de l'identité (et donc de la représentativité) ne fait à peine qu'émerger comme problématique collective, et il reste beaucoup à faire: à ce jeu Internet est plus un révélateur qu'un cheval de Troie. Sur Internet la suspicion permanente est de mise. Pourtant les récents scandales financiers nous démontre bien qu'il devrait en être de même pour le monde "offline"

Je l'ai écrit l'année passé, je mise sur l'espoir que la nouvelle génération sera davantage un filtre qu'un relais dans leur utilisation d'Internet. Si les marchés sont des conversations, alors il faut connaître avec qui on discute avant de reprendre indistinctement ce qu'il dit. Ou, comme le disent, les anglais follow the money! pour connaître les motivations de nos interlocuteurs.

Image du faux-Picasso par Matteo Miller-Nicolato
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Documents
Follow the Money: Exposing Big Tobacco Front Groups (PDF) un excellent document (américains) pour décortiquer les groupes écrans et trouver qui manipule qui (axé principalement pour les groupes défenseurs des droits des non-fumeurs).
"astroturfing" selon Wikipedia (english)
"astroturfing"selon SourceWatch (english)
"astroturfing"selon JarfonFile (english)
Voir aussi "Agitprop" selon Wikipedia (français)
Astroturfing + pseudonimity + personal broadcasting : les nouveaux visages de la désinformation ?
Modèle de propagande de Chomsky (Wikipedia english)

Infolust

Trendwatching.com sort ce mois-ci un excellent (et détaillé) article sur une tendance lourde, qu'ils appellent infolust (un dévorant appétit informationnel?), qui prend racine dans Internet et qui lentement submerge le monde "réel" via les téléphones portables.

Infolust serait cette envie de trouver l'information à la portée de la main en tout temps. Disons, pour donner un exemple, comme si vous aviez Google pour recherche ce que vous vous voulez quand vous voulez où vous voulez. Mais hors-ligne.

Cette volonté d'avoir l'info, ici et maintenant, comme on la retrouve sur le web, fait son apparition dans la "vraie vie" : qui n'a pas rêvé dans un rayon au magasin de disque de pouvoir comparer right now le prix en ligne ou chez le concurrent avant d'acheter?

L'article de trendwatcher passe en série toute la gamme de services qui émergent pour répondre à cette volonté, des "barrecodes intelligents" (qui, en se faisant photographier par un téléphone, permettent de faire une recherche immédiate sur le web), à la reconnaissance d'image (qui permet de photographier une étiquette et d'avoir aussitôt un surplus d'information).

En marketing on appelle ça du "pull" (c'est à dire que l'information est "demandée") par opposition au "push" (où l'information est "poussée", parfois de force - comme dans le saucissonnage publicitaire de téléfilms).

10 ans de web. Ça commence à marquer une société.

La République des idées

La République des Idées souhaite participer à la refondation de la vie intellectuelle en France et en Europe. Leur constat : la société française va mal. Leur solution pour sortir de cette impasse : un double effort de connaissance et d’expériences s’impose.

La République des Idées organise à Grenoble du 12 au 14 mai 2006 un grand forum de débats sur le thème : « La nouvelle critique sociale ». Le journal le Monde consacre une série d’analyses en partenariat avec eux.

Et pour se préparer pour ça? un blog afin de préparer la tenue du forum et d’en documenter les débats. Alimenté régulièrement de nouvelles informations ou analyses, ce blog est à la fois un lieu d’information, un lieu d’expression et d’échange.

Le blog prépare la discussion en donnant de la matière pour l'esprit ("food for thought") et permet à mon avis d'accélérer les déb'ats pour aller au coeur des choses.

Détecteur de conversation

Iceberg de la blogosphèreS'il y a bien une barrière à l'entrée dans la blogosphère, ce n'est pas l'autopublication, mais bien l'auto-découverte des conversations que peut créer un billet.

Tomber sur un billet et le lire, c'est une chose, mais comprendre qu'il fait partie d'une chaîne de conversation en est une autre. D'ailleur, toute perplexité que vous rencontrez dans le regard des néophytes qui essayent de saisir le phénomène des blogs prend racine dans ces questions : comment avez-vous trouvé ça? où trouvez-vous le temps de chercher ça? comment faites vous pour savoir ce qui s'est dit sur le sujet?

La "conversation" caractérise essentiellement les carnets. Nul doute qu'il y a place à amélioration, car l'assemblage de technologies utilisées pour "suivre la conversation" rébute encore le novice : trackback (retrolien), commentaires (surtout ceux cachés sous le cryptique vocable de "permalien" - ou pire, sous la cabalistique icone "#"), technorati.com ou le préfixe "link:" dans les moteurs de recherche.

On l'oublie vite, mais ce n'est cognitivement pas ergonomique pour le lecteur de passage (sauf peut-être les commentaires quand la mise en page permet une lecture efficace -ce qui n'est pas toujours le cas).

Google propose un pas dans la bonne direction. mais il faut être sur le navigateur Firefox (ce qui est déjà un pas dans la bonne direction ;-) ... :
"Blogger Web Comments for Firefox" est une extension pour Firefox 1.5 qui permet de voir aisément qu'est-ce que la blogosphère dit à propos de la page où vous vous situez. Une fenêtre apparaît dans le coin inférieur droit et permet même d'ajouter au vol un commentaire (si vous êtes sur un blog de Blogger (Blogspot) .
(Merci à Éric Baillargeon, spécialiste en référencement, qui m'a fait découvrir cette extension... et sauver bien du temps de recherche.)