ZEROSECONDE.COM: septembre 2006 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

[Webcom2006] René Barsalo et la génération émergente

René Barsalo, directeur, Stratégie et partenariats de la SAT, Société des Arts technologiques, est un vrai réacteur à fusion nucléaire : abaissez les barres d’uranium et la machine s’emballe. Les idées surchauffent et sortent de partout, impossible à réaliser même en 10 vies centenaires. Il doit alors les partager. Et heureux homme, la SAT est le territoire idéal, le carrefour des expérimentations qui me fait dire que le furtur est situé au 1195 boulevard Saint-Laurent à Montréal.

La vision de René, c’est que la société de demain est déjà là aujourd’hui. Les jeunes y ont déjà accès. Il faut reconnaître que l’évolution de la technologie et des médias depuis 100 ans n’a pas été sans conséquence. Contrairement à tout le reste de nos ancêtres, depuis 100 ans, chaque génération avait son nouveau média qui l’amenait plus loin (on pourrait ajouter « "to boldly go where no parent has gone before"»). Télégraphe, téléphone, radio, télé, transistor, ordinateur, Internet. Et à chaque fois, une incompréhension entre les générations.

Ce qu’il faut comprendre, précise René, c’est que de tout temps, les jeunes ont été les têtes chercheuses. Ils explorent de nouvelles avenues. Mais cela crée de l’inconfort : les plus vieux ont connu en leur jeunesse d’autres média par lesquels ils ont construit leur vision du monde. Je le vois bien, de mon côté, les agences de publicité et leurs clients ont été longtemps réticents à entrer sur le territoire d’Internet. Pourquoi? Parce que les décisions étaient prises par une génération qui n’utilisait pas Internet comme les jeunes l’utilisent. La télévision est leur monde. Était leur monde, car les jeunes vieillissent et prennent maintenant lentement leur place.

Ce qui est nouveau, précise René, c’est que la convergence tant recherché par les vieux de la télévision, les jeunes la font déjà. Il s’agit ici d’une différence d’attitude entre les générations. Le plus vieux, en particulier ceux qui ont été exposés à la technologie, aux ordinateurs ou qui sont experts dans les vieux médias, ont appris à être polyvalent et à tout faire, à tout savoir avant d’agir. Leur vieux réflexe, c’est de maîtriser le savoir avant d’agir. Les jeunes aujourd’hui agissebt en premier, quitte à demander de l’aide ensuite. Ils comptent sur leur entourage pour palier à leur méconnaissance : « quand je voudrais ouvrir mon serveur, je vais appeler untel ». Ça me rappelle un de mes billets sur sujet : Post before, process later.

René signale que McLuhan disait quelque part que dans un premier temps, l’Homme façonnait les nouveaux outils. Puis ensuite les nouveaux outils façonnaient l’Homme.

René veut démontrer comment comprendre cette génération émergente en comprenant comment les plus vieux agissent ou devrait agir. Il est clair que le rôle des vieux n’est pas de laisser leur place aux jeunes, mais plutôt de les accompagner dans cette démarche.

Les jeunes sont les « digital natives » de ce nouveau monde, les vieux sont des « immigrants numériques ». Leur connaissance du vieux monde est essentielle pour guider les jeunes et leur faire voir les beautés et les dangers de ce qui s’en vient. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas de logiciel, d’API, de snippets, de code AJAX pour simuler l’expérience et le sage recul des vieux…

René Barsalo au WebCom-Montréal, 11 octobre 2006, 09h15 : Comment s'entendre et travailler avec l'autre génération qui émerge ?


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Stabilisation wikitoriale

On a tendance souvent à repousser wikipédia comme étant une manipulation. Mais ce n'est qu'une manifestation concrète de l'intersubjectivité. Cette histoire vous montrera que tout n'a pas commencé avec le wiki (ou plutôt que l'histoire ne s'arrêtera pas avec le wiki).

Wikipedia et le griot

(raconté à la première personne par un participant lors du colloque DocSoc, a propos de la "stabilisation éditoriale" du contenu de wikipedia)
"J'ai rencontré un jour un griot, un homme âgé, circulant de village en village, racontant depuis toujours des histoires interminables, notamment sur les épopées des familles nobles de son pays, des histoires fourmillant de détails. Et je lui demandai comment il faisait pour se souvenir de cet ensemble de détails, pour n'en oublier aucun. Il me dit alors qu'il y avait toujours dans l'assistance, quelqu'un qui lui-même avait été bercé avec ces mêmes histoires, les avait entendues depuis son enfance, et le corrigeait dès qu'il faisait une erreur ou oubliait quelque chose." Stabilisation éditoriale donc. Par la communauté. Pour la communauté.

- Olivier Ertzscheid
Tiré de Affordance.info

BarCampMontreal: la non-conférence

Fred Ngo vous invite à venir samedi, le 21 octobre 2006 au tout premier BarCampMontréal.

BarCamp? C'est le nom donné à ces "non-conférences". La devise? "Pas de spectateurs, seulement des participants".

Fred s'explique : "On s'attend à ce que tout le monde qui assiste au BarCamp fasse une contribution d'une manière ou d'une autre: soit en donnant une présentation, en aidant avec une présentation, en aidant avec l'organisation, en contribuant avec du bénévolat ou toute autre activité qui ferait de vous un participant actif."

La Fing, pour le MiniBarCampParis du 10 juin 2006, l'explique ainsi: "Un BarCamp est une réunion ad hoc d'individus désireux de partager et d'apprendre les uns des autres dans un environnement ouvert. C'est un événement dense qui associe discussions, démos et toutes sortes d'interactions entre les participants."

Et rajoute :"Vous n'êtes pas obligés d'être un geek pour parler, vous pouvez présenter une idée, un projet, quelque chose de sympa..."

Le barcamp est une tradition qui nous vient de la Silicon Valley...

Le chaos
C'est l'antithèse de la conférence préparé à l'avance. On se branche, on partage et on s'émule. Vous êtes entouré des gens les plus influents du nouvel Internet montant à Montréal et pourrez entendre les idées qui seront les buzz words que les gens de marketing vont récupérer dans un an.

Il y a à Montréal un groupe de gens qui sont inspirants, créatifs et pleins de talent. Peut-être des gens différents dans leur approche des choses; peut-être opposé dans leurs vue de ce qu'il y a à faire. Mais nous devons nous rassembler pour rester actif et compétitif à Montréal face au reste du monde.

Si on maîtrise ce mode ad hoc de se rassembler, tout le monde y gagnera. Rien n'empêche ensuite de subdiviser en sujet niche ensuite, si la masse critique y est...

WorldMapper : déformer le monde pour mieux le voir

François Guité, professeur et blogueur, avait bien aimé le lien pour Breathing Earth qu'il comptait bien présenter à ses élèves. Internet regorge de ces petites inventions qui ont le don de modifier notre perception des choses, ce qu'un livre ou un film ne peuvent pas faire. Le multimédia couplé aux bases de données ou au réseau en temps réel (ou en mise à jour fréquente) offre un réel avantage pour offrir aux professeurs des représentations du monde qui sont plus "dynamiques" pour leurs élèves.

Ici, il aimerait peut-être voir World Mapper, un site qui propose de voir la carte des pays du monde modifiés visuellement pour représenter des statistiques : la forme du pays est représentative d'une certaine valeur statistique. La pollution, l'importation, les naissances, le travail, les ressources naturelles, etc.

Le résultat donne une mappemonde toute déformée, mais finalement n'est-ce pas des fois la meilleure image de la réalité? Ce jeu de déformation sur les images du monde n'est pas anodin et me semble caractéristique d'une époque qui possède un accès à l'information et à des techniques pour s'affranchir d'une lecture historique et classique de l'image du monde bourgeoise. J'aurai l'occasion d'en reparler.

Mappemonde grossissant les pays ayant le plus d'enfantsCette carte grossit les pays ayant le plus d'enfants. Un tiers de la population mondiale, celle qui prendra notre relais demain, est âgé de moins de 15 ans.

En 2004 ils étaient 1826 millions. L'Afrique arrive en tête (l'Ouganda et le Niger ont plus de la moitié de leur population sous la barre des 15 ans). En comparaison, l'Italie et le Japon n'ont que 14% de leur population de moins de 15 ans...

(via Brainsfeed)

[Webcom2006] Tables rondes prometteuses

Webcom-Montréal 2006 offrira deux tables rondes. La liste des participants a été finalisé récemment.
16h15:: Table ronde "Ce que nous pensons que sera l'Internet de demain?" avec les participants Frédérick Giasson ,Frédéric Lazure, Marie-Chantale Turgeon. Modérateur Denis Boudreau (W3C-Québec)

17h15:: Table ronde
"Quels sont les changements que vous devrez apprivoiser?" avec les experts Martine Gingras, Réal Jacob (HEC/Céfrio), Derrick de Kerckhove (McLuhan Program in Culture & Technology), Michel Cartier (Université du Québec à Montréal), Jean Lanoix (Net 2 Évolution), Sébastien Paquet (Socialtext). Modérateur François-Pierre LeScouarnec (PodiumTech)
À mon grand plaisir, pour la dernière table ronde, je vois que Jean Lanoix, Sébastien Paquet et Martine Gingras, entre autres, seront présents.

Jean Lanoix est un spécialiste de l'Internet et de la communication interactive. Il s'intéresse entre autre à l'impact d'Internet au cours des prochaines années. Il a présenté à Webcom2006-Paris au printemps dernier une conférence sur le sujet et on peut trouve sur son site quelques notes et références à ce propos. Sur son site on trouve de bon liens pour approfondir ses connaissances. Il a aussi écrit un livre, Internet 2025 L'importance d'imaginer le futur, en 2003.

Sébastien Paquet est une des figures importantes du logiciel social et du partage des connaissances en réseau et sûrement le premier Québécois à avoir réfléchi sur l'impact des blogs dans le monde académique (lire La cognitique personnelle en ligne et son utilisation en recherche) Il s'intéresse actuellement au wiki comme outil de travail en entreprise.

Martine Gingras a étudié à la maîtrise les communautés virtuelles. Elle a notamment participé à l'élaboration de agentsolo.com, une place d'affaires facilitant l'échange et la négociation entre les professionnels indépendants, travailleurs autonomes, petites entreprises et des clients. Elle maintient le très populaire banlieusardises.com. Voir interview vidéo.

À la première table ronde, je connais Marie-Chantal Turgeon, véritable fille du web 2.0. Cette artiste met littéralement sa vie sur le réseau comme une oeuvre d'art contemporaine. Emblématique héraut d'un usage hautement personnel d'internet via son carnet Vue d'ici, ses fans sont de partout à travers le monde, ce qui en fait la blogueuse la plus connues du Québec.

Si vous avez des questions à leur poser avant le débat, laissez-moi un commentaire ici, je leur en ferai part, question d'alimenter la conversation avant le colloque.

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Tout connecter

"Le mouvement naturel de l’internet est de tout connecter". Internet est condamné à descendre dans l’espace physique pour doter chacune de ses composantes électroniques d’une adresse numérique, pour rendre "en interaction potentielle avec toutes les autres", tous objets de notre quotidien.

Source de la citation: Daniel Kaplan , c'est un texte présenté à l’occasion de la 10e Université des CCI (Vichy, 7-8 septembre 2006) et qui est une fascinante réflexion sur nos manières de considérer le présent et l’avenir de l’internet.


La convergence nano-bio-info-cogno
Il avait écrit en mai que "l’innovation technologique des années à venir se concentrera autour de la “méta-convergence” entre nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives - ce que les Américains désignent par l’acronyme NBIC (nano-bio-info-cogno)". (source)

Il affirme que concrètement que dans 10 ans :
  • L’internet aura fédéré presque tous les réseaux fixes et mobiles, de communication et de diffusion, et couvrira de multiples manières tous les territoires, et toutes les situations;
  • Des puces capables de s’identifier elles-mêmes, de se localiser, de capter des informations sur ce qui les entoure (une image, une mesure de température, une identité…), de traiter et/ou stocker cette information, de se mettre en réseau entre elles ou avec des centres de décision;
  • Ces puces seront partie intégrante de architecture des objets courant de notre vie.
Le réseau se fait chair
L’existence d'une dimension réseau pour chaque objet physique sera la prochaine vraie révolution. Actuellement Internet, outre pour les geeks, n'est qu'un monde parallèle. On y entre et on y sort à volonté. Il n'est pas plus réel que le monde de la télévision. C'est un média que l'on ouvre ou ferme. Fermé, il n'a plus d'existence. Vous n'avez qu'à parler du dernier buzz sur la blogosphère à votre mère pour savoir que la réalité occupe encore la majeure place dans la tête des gens.

Le prochain protocole d'internet, le IPv6, que l'on attend depuis 10 ans, permettera de donner une adresse IP à tous les objets manifacturés créé et à créer. L'intelligence collective que l'on s'attribue sur le web ne sera plus l'unique apannage des Hommes. Les objets, d'une certaine façon, en communiquant entre eux, seront plus "intelligents". Nous, nous serons les chef d'orchestre d'une armée d'objets qui pourront nous écouter, nous répondre ou que l'on pourra suivre à la trace...

Imaginez Internet ne plus être limité à votre ordinateur...

Breathing earth

Breathing Earth utilise les données du World Factbook, (de la CIA) et permet de simuler en temps réel les morts et les naissances dans le monde, ainsi que la production de CO2 par pays.

Une impression de voir les humains vivre, respirer et mourir. (via Jean-Sébastien)

[Webcom2006] Le Next Net?

La conférence de Claude Malaison, un des organisateurs du Webcom2006 portera sur "Que nous promet le Next Net?".
Question: D'où vient le nom "Next Net" et que recoupe-t-il exactement?

Claude Malaison : Le terme vient de Michel Cartier. Je le traduis par Web 2.0 et Web 3D. Bon, le Web 2.0 est le terme inventé par Tim O’Reilly pour définir la nouvelle génération de sites qui d’une part, «mashuppent» les technologies et créent des plates-formes et permettent aux utilisateurs/abonnés de créer leurs propres contenus et ainsi de faire évoluer le site. C’est aussi le principe de la création de profils et leur partage par mise en relation. On applique donc le principe du six degrés de relation. Le Web 2.0 permet à l’usager des sites de mise en relation, de partage de photos ou vidéos, de problem solving, d’échange ou achat de musique de faire trembler les géants de l’industrie de la convergence.
Le champ d'intérêt de Claude porte sur la communication interactive et les technologies.

Ses billets récents portent sur le «Crowdsourcing» ("un nouveau phénomène social en plein essor, particulièrement aux USA, où la vague des médias sociaux est la plus forte"), sur le consommateur en tant que créateur ("les collectifs d’individus ont dorénavant davantage de pouvoir que les entreprises traditionnelles") et le «Digital Game Based Learning» (la pédagogie par le jeu). "Le phénomène est encore jeune mais déjà, on peut dire qu’il aura une influence énorme sur les entreprises traditionnelles."

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Invitations au YulBiz 6ieme édition

L'invitation est lancée pour la 6e édition du Yulbiz, le mardi 26 septembre prochain. YulBiz, c'est un groupe de rencontre de blogueurs intéressés par les affaires, mais qui reste informel, bénévole, volontaire et basé à Montréal.

Venez faire un tour pour discuter de vos projets, parler de vos points de vue ou pour seulement rencontrer du monde intéressant. Vous êtes invité même si vous n'avez pas de blog.

Mardi prochain, 17 :30 à 19 :30 (ou plus) au café Mélies de l’Excentris (3540, boulevard Saint-Laurent Montréal).

Si vous voulez savoir la différence entre YulBlog (la rencontre mensuel des blogueurs de Montréal) et YulBiz, disons que pour le premier, ce sont des blogueurs qui se rencontrent pour parler d'autres choses que des blogues mais qui finissent par en parler quand même. Alors que pour le dernier, ce sont des blogueurs qui viennent pour parler des blogues mais qui finissent par parler d'autres choses.

YUL sont les trois lettres associés à l'aéroport de Montréal.

Plus d'info sur http://www.michelleblanc.com/category/yulbiz/

La confiance comme prochain eldorado

"Si je me projette dans 20 ans, je dirais qu’il n’existera plus d’institution bancaire telle que l’on en connaît actuellement. La plupart de leurs fonctions seront alors prises en charge par des systèmes de courtage en ligne ou électroniques. " Stephen Prentice, vice-président et analyste au cabinet d'études Gartner, sur Vnunet.com

"Des systèmes ouverts du type eBay, où chaque individu bâtit son propre niveau de confiance, ont tout lieu de remplacer le système existant".

"(...) des centaines de millions d’internautes effectuent des transactions sur eBay avec des individus qu’ils ne connaissent pas. Cette confiance est basée sur la transparence même du système. Il suffit de consulter les évaluations des autres visiteurs pour s’en faire sa propre opinion."

Il intéressant d'imaginer qu'une des cultures de l'internet, la reconnaissance des pairs puisse faire trembler des institutions comme les banques. Non pas qu'elles vont disparaître (je ne vais pas, même dans 10 ans, transiger 15 milliards de dollars sur Paypal, parce que mon correspondant a 15 étoiles de plus dans son karma), mais elles risquent de perdre effectivement un territoire qu'elle occupe mal et dessert peu: le micropaiement, les services financiers entre individus ou petits groupes.

Monnayer la réputation
"La sécurité est là pour maintenir la confiance et la réputation de l’organisation. EBay est un agent de confiance. Ils sont parvenus à construire un environnement qui me permet en tant qu’individu d’effectuer des transactions et de bâtir mon propre niveau de confiance vis-à-vis des autres individus",
continue d'analyser Stephen Prentice.

La sécurité technologique mais aussi algorithmique. Voir mon billet sur l'astroturfing, l'ursurpation de la représentativité.

"Nous assistons d’ores et déjà à l’émergence de systèmes similaires à eBay qui mettent en relation des microprêteurs avec des microemprunteurs (...) Des services comme eBay ou dérivés d’eBay pourraient tuer l’industrie financière. Car en effet, pourquoi utiliser les services d’un intermédiaire tel qu’une banque ou une bourse quand on a la possibilité de traiter en direct ?" , s'interroge Stephen Prentice.

Pourquoi? mais parce l'intermédiaire ne disparaîtra pas! Le système est un tiers! Comme la banque. Mais le jour où le correspondant du système avec ses milliers d'étoiles disparaîtra dans la brume, vous seul tomberez. Et si le système offre des garanties de protection, il deviendra de facto une institution financière.

C'est sur cet équilibre de risque que l'émergence d'un marché de la confiance émergera pour prendre sa place dans le marché financier à côté des banques...

[Webcom2006] Michel Cartier et la schématique

La schématique?

"Chaque fois qu'un groupe d'êtres humains doit traiter une plus grande quantité d'informations, il invente un nouvel outil de communication pour amorcer son passage"
(source Michel Cartier, ConstellationW : section notre rupture)

Michel Cartier est professeur à l'Université du Québec à Montréal en Communication. Ceux qui l'ont croisé connaissent sa passion de communiquer par la schématique. Son site Michelcartier.com en est truffé, de schémas. Il sera à Webcom2006 au panel "quels sont les changements que vous devrez apprivoiser?".

La schématique, nouveau langage
Intrigué par sa grande utilisation des schémas, je lui ai demandé si la schématique ne participerait pas à cette rupture dont il parle. Bien sûr "Le schéma ne remplace pas le texte" écrit-il, "il décrit la réalité différemment". La schématique est un mode de communication qu'il trouve tout à fait approprié à l'ère d'Internet. Mais est-ce que l'approche de la schématique est elle-même une rupture ou un retour au monde de l'image pré-gutenberg?

"Pour comprendre la schématique il faut savoir que les Égyptiens et les Sumériens utilisaient déjà des schémas (cartes, plans, etc.) 4000 avant J.-C. ; utiliser des schémas n'est pas chose nouvelle. Ce qui est différent cette fois-ci, c'est leur très grande utilisation publique et surtout leur démocratisation. On a assisté au même phénomène, un bond de cette utilisation, avec l'arrivée de l'imprimerie il y a cinq cents ans, le même phénomène se répète avec Internet."

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui quant il fait remonter la schématique aussi loin. Du moins sur la base de ma croyance que "l'image pré-moderne" et celle d'aujourd'hui n'ont plus le même sens. L'image pré-moderne exprimait le "monde", celles d'aujourd'hui concerne des "concepts sur notre monde". La schématique aujourd'hui est bien plus que les cartes et plans des Sumériens.
Pourquoi cette grande utilisation soudaine? Michel Cartier y voit 3 raisons

• Le facteur temps : au prise avec une infobésité galopante d'informations de toutes sortes, les lecteurs désirent des synthèses.

• Le facteur coût: des espaces-mémoires moins coûteux,. une plus grande largeur de bande et des logiciels faciles à manipuler et à diffuser (PowerPoint par exemple) multiplient l'utilisation des schémas.

• Le facteur clientèles: les jeunes (digital natives) vivent dans un monde de plus en plus visuel fait d'écrans de toutes sortes tandis que les nouvelles clientèles voudraient bien naviguer mais avec des affichages où il y a moins de textes.
La nouvelle schématique , grâce aux nouvelles technologies, voit de nouvelles applications : "les cartes 3D, la géolocatisation (GoogleMap ou Google Earth) les systèmes de prises de décisions et les War Rooms ou Crisis Rooms, les tableaux de bord pour les entreprises, les projets d'Internet Mapping, le Concept Mapping, etc". Avec en prime, aujourd'hui la puissance de calculs des ordinateurs, l'interactivité et le collaboration par l'intelligence collective.

Un autre mode de pensée : pour en lire davantage sur le site de Michel Cartier

Les outils du monde métaphorique

La lecture d'un texte et celle d'un schéma ne fonctionne pas de la même façon


Le passage d'une société industrielle à une société du savoir


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Avant le 11 septembre

"9/11 happened so suddenly. They were no warnings. But Bush knew it ahead. What did he do? Nothing." C'est en ces mots que l'on peut résumer ce nouveau vidéo qui vient d'apparaître sur Google vidéo: 9/11 : press the truth

Via le billet The Antidote to ABC's "The Path To 9/11" ... de Jon Husband

(Mise à jour 7 octobre 2006: le vidéo a disparu de Google. Un aperçu se retrouve sur http://www.911pressfortruth.com/ et aussi ici. Bien évidemment, on peut commander le DVD. Comme j'ai pu voir le vidéo, je peux au moins vous dire que ce n'est pas un racket. Le vidéo est bien fait et possède une structure très sérieuse. Il est par contre difficile de savoir si le but premier était de faire de l'argent sur cette cause. Mon impression est que non. Pas plus en tout cas que Michael Moore et son Farenheit 911)

On dit que près du quart des Américains croit qu'il y eut complot
Encore un vidéo autour des événements du 11-septembre. Mais cette fois-ci, la théorie de la conspiration va un cran plus loin. Ils reprennent exactement des citations des grands journaux américains, les plus crédibles, sur les informations qui ont conduit à l'effondrement des tours jumelles.

Il en ressort que Ousama Ben Laden aurait été instrumentalisé d'une certaine manière par la Maison blanche afin de faire avancer son agenda.

Rhétorique du complot
L'argumentation ici est tout à fait différente de Loose change. Il ne s'agit plus ici de voir des signes qui confirment des théories «a priori».

Par exemple, Loose Change voit des explosions le long des tours jumelles lors de l'effondrement de celles-ci. La vidéo est claire. Le constat est clair : il y a effectivement des signes que quelque chose éclate le long des parois des tours.

Le problème, c'est que les signes ne sont pas les preuves d'explosion intentionnelles. Que des preuves que quelque chose éclate (sous la pression?)

Autre exemple: l'apparence d'un impact d'un missile sur le pentagone n'est pas la preuve d'un missile. La ressemblance des traces n'est pas une preuve d'un complot interne. Tout au plus, elle soulève des doutes troublants. Pas des preuves, mais des ressemblances d'empreintes. Troublant, en tout cas.

Mais à chaque fois, c'est pour faire avaler l'idée d'un «frame-up» global et total.

Un attentat récupéré
Mais ici, le vidéo de 9/11 : press the truth n'embarque pas dans la conspiration d'un complot interne, qui, finalement, il faut l'admettre, est trop "gros". Par contre, démontrer que Bush a "récupéré" un événement pour son propre agenda, ça, c'est troublant : Afganistan, Patriot Act, Irak. Il y aurait eu un détournement immense, si c'est le cas.

Suivez bien la rhétorique cette fois-ci: elle est drôlement plus convaincante que Loose Change et ne cherche pas à prouver le même point, mais pourtant elle pourrait ébranler davantage et faire plus de dégât que l'on pense...

Et comment s'y sont-ils pris? en créant, avec l'intelligence collective et la patience de la collectivité, un "timeline" de la crise du 9/11. Avant, pendant, après. Avec uniquement des sources crédibles : les médias «papier» et télés «traditionnel». Tout ça grâce à complete911timeline.org

Un argumentaire serré, mais pas infaillible
C'est en quelque sorte une "commission libre", des rats de bibliothèque qui recoupent l'information comme aucune commission sur le 9/11 n'aurait pu faire, et uniquement à partir de sources sûres.

Écoutez-le, mais restez critique, car, vous allez voir, à la fin, ils vont manquer à leur propre jeu en citant une source indienne (Times of India) sans jamais se demander si les journalistes auraient pu être manipulés par leur propre service secret (l'article accuse les services secrets pakistanais d'être lié avec l'attentat de New York - ce qui change le cours complet du film). (Indice: la nouvelle n'a jamais d'ailleurs été "reprise" dans les autres médias occidentaux)

Et à un certain moment, ils nous montrent que la machine à désinformer commence à polluer les sources "sûres" (2002-2003-2004). On connaît déjà la malheureuse histoire du New York Times et sa conviction que les armes de destructions massives existaient.

Mais voilà, cette machine à désinformer ne pouvait pas être en marche avant le 11 septembre. C'est là la force du film. Et écoutez bien comment la Maison blanche banalise le fait que rien ne pouvait être prévu. Les sources d'avant le 11-septembre prouvent le contraire.

Et de penser alors que l'équipe de Bush a laissé faire l'attentat d'Al-Qaida pour servir ses propres fins, il n'y a qu'un pas...

Invité à Sociétés Ouvertes

Je serai l'invité de Jean Carette et Michel Rioux à leur émission Sociétés ouvertes sur les ondes de Radio-Ville-Marie.

Je passe à la radio lundi prochain de 11h00 à 12h00, heure de Montréal, et en reprise à minuit. L'auditoire oscille autour de 50 000 personnes. C'est que Jean et Michel font une émission, Sociétés Ouvertes, qui brasse la cage des idées reçues et plus souvent qu’autrement traitent de sujets pertinents et d’actualité.

Au menu
1. Nous parlerons de "l’analphabétisme" des gens qui n’utilisent pas les nouvelles technologies. L’expression est de Jean. Michel Cartier aurait dit que ce sont des Digital Migrant qui n’auraient pas encore "migré", finalement.

2. Nous aborderons aussi le rapport qu’entretiennent les médias traditionnels face aux nouveaux médias tel que je l’abordait dans mouvement de marée informationnelle où les médias adaptent leur diffusion en fonction de l’usage d’internet.

3. Le troisième volet touchera notre rapport à la communication. Un sujet si vaste que je n’ai pas encore fini d’en parler sur mon blogue depuis plus de 2 ans…

4. Le dernier, mais non le moindre, sujet de prédilection de nos animateurs et où j’aurai à de pas trop « décaler » car j’ai devant moi un ancien syndicaliste et un ancien de Radio-Canada : comment internet modifie la pratique de la démocratie ?

En direct lundi 25 septembre 2006, sur les ondes 91.3FM à 11h00 à Montréal ou en direct à 15h00 en temps universel (GMT) sur le web.

Un blog n'est pas dans la sphère privée

Un adolescent a été arrêté hier par les policiers pour avoir formulé des menaces de mort contre les élèves de son école secondaire.

"L'adolescent de 15 ans aurait exprimé ces menaces dans Internet sur le site VampireFreaks, que fréquentait Kimveer Gill, l'auteur de la fusillade du collège Dawson. Gill tenait un blogue sur ce site et des propos inquiétants laissant présager de ses intentions y ont été retrouvés après sa mort." (source SRC)

S'il fallait un nouvel exemple, voici une preuve que les blogues sont des journaux dans la sphère publique, et non privée. Ce qui est dit et écrit sur le web est donc réputé être une déclaration sujette aux lois en vigueur dans le pays où réside le blogueur. J'ai écrit là dessus en mai dernier: Blogueur/journalisme même combat.

Après la fusillade du Collège Dawson à Montréal la semaine dernière, les services de protection rajouteront la blogosphère, les newsgroups et tout forum de communautés "suspectes" pour détecter à l'avance des dérapages individuels. Dans le cas qui nous concerne, ç'eut été une bonne chose. Gill semble être le premier à être passer à l'acte après "annonces publiques".

La blogosphère entre dans la sphère publique par une bien triste porte.

[Webcom2006] Blogueur officiel

Je serai le blogueur officiel, avec mon collègue et ami Sylvain Carle, pour le colloque Webcom 2006 à Montréal. Nous allons entretenir la discussion avant le jour J, pendant le jour J et après le jour J.

D'autres blogueurs se joindront à nous le 11 octobre pour blogger en direct. Moi je m'occuperai plus de l'avant et de l'après colloque.

J'aurai accès aux présentateurs pour leur créer des "conversations" afin d'en faire profiter la blogosphère.

Je garde toute mon indépendance: je ne suis pas lié à Webcom, ni Eventia, l'organisateur de l'événement, et je ne suis pas rémunéré. Tous les blogueurs invités auront un accès à la journée en échange de leur collaboration. C'est tout.

Digital Natives et Digital Migrants
En en discutant avec Michel Cartier, je me rends compte que ce colloque aura comme toile de fond la fameuse séparation entre les Digital Natives et les Digital Migrants. Les premiers sont les personnes qui ont grandu avec la technologie inteactive. La seconde a appris à s,en servir plus tard dans leur vie.

Tous les intervenants sont trop agés pour être (réellement) dans la première catégorie. Ils ont par contre tous "migré", à différents degrés, à un moment ou un autre, dans leur nouvel habitat numérique. Et ils s'adresseront, il n'y a pas à en douter, à une clientèle qui cherchent soit à migrer, soit à comprendre ces "habitants numériques" que sont les jeunes.

Il y aura d'ailleurs un panel composé de ces jeunes "Digital natives" venus parler de ce qu'il vivent et viennent chercher dans ce "nouveau monde".

Voici le programme de la journée:
08h15::Jon Husband::Que veut dire travailler dans un monde interconnecté?

09h15::René Barsalo (SAT)::
Comment s'entendre et travailler avec l'autre génération qui émerge?

10h30::Loic Le Meur::
Les blogues : un avenir individualiste ou collaboratif?

11h30::Claude Malaison::
Que nous promet le Next Net?

14h00::Michel Germain (Celsa)::
Sommes-nous prêts pour la «e-transformation» de notre organisation?

15h00::Marc Prensky::
La main-d'oeuvre du futur - Que peut-elle faire pour vous? Et surtout comment l'y inciter? David Philip Dunne, (Edelman):: Les sites du Web 2.0 : Une mode ou l'avenir du Web ?e


16h15:: Panel "Ce que nous pensons que sera l'Internet de demain?" avec Frédérick Giasson ,Frédéric Lazure, Marie-Chantale Turgeon. Modérateur Denis Boudreau

17h15:: Panel
"Quels sont les changements que vous devrez apprivoiser?" avec
Martine Gingras, Réal Jacob (HEC/Céfrio), Derrick de Kerckhove (McLuhan Program in Culture & Technology), Michel Cartier (Université du Québec à Montréal), Jean Lanoix (Net 2 Évolution), Sébastien Paquet (Socialtext). Modérateur François-Pierre LeScouarnec

(Dernière modification : 21 septembre : correction et ajouts des panels de 16h15 et 17h15)
Lien à visiter : La société des Digital Natives sur ConstellationW

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Le retour des intermédiaires

Philippe Martin m'a envoyé un lien vers l'interview tourné avant-hier de Johana Colan de Rocketboom dans le cadre du Podcamp de Boston qui a eu lieu cette semaine. Elle répond aux questions en français (with English subtitles). C'est sérieux et rafraîchissant. (accès au vidéo)

Elle aborde des sujets qui me tiennent à coeur et qui apparaissent un peu partout sur mon blog, à savoir, le rapport au savoir des bloggeurs (et des podcasteurs) et leur émergence comme autorité face aux savoirs qu'ils transmettent. (Voir ma note sur l'autorité cognitive sur Internet et plus récemment ma note sur les 6 cultures d'Internet)

Elle dit que ces gens sont automatiquement perçus comme des "autorités" sur ces même savoirs. Ce qui est faux, précise-t-elle. Ils ont plutôt le rôle de "repackager" l'information pour leur donner du sens. On peut dire qu'il sont des passeurs de savoirs . Prenant de l'un et le passant à l'autre pour qu'il aille plus loin.

Médiatisation d'Internet
Il est étrange que l'arrivée d'Internet dans nos vies ait été annoncé comme le système par excellence pour "sauter par dessus" les intermédaires. Or, ils ont eu tout faux: c'est le plutôt retour des intermédiaires. De nouveaux intermédiaires : des courtiers du sens. Le web 2.0 surfe exactement sur cette veine.

Sur ce sujet, Johana reste très humble. Elle reçoit l'information de la communauté sur internet et la reformate pour son émission RocketBoom et cette nouvelle information redevient de la matière première pour la communauté qui la reformate comme elle le veut. Internet est un dialogue entre ses membres, dit-elle, et le savoir engendre d'autres savoirs.

Les firmes peuvent-elles participer au dialogue?
À la question sur les avantages pour les organisations de collaborer à ce dialogue, elle répond qu'il y en a, en donnant un cas concret: celui de Steve Rubel, VP chez Edelman, une grande boîte de Relations publiques. Et cet exemple m'a profondément marqué.

Steve et plusieurs à la tête du départment de marketing ont un blogue. Celui de Steve est "Micro persuasion". Il blogue sur son temps personnel, de façon indépendante de son travail. Et sa compagnie en profite, car Steve s'enrichie de toutes ces interactions. Celà profite à tous, car ce système d'échange des idées lui permet davantage d'exceller dans son rôle au boulot.

Mon questionnement
Moi, je blogue depuis 2004, de façon indépendante de mon travail, sur mon temps personnel, mais la compagnie pour laquelle je travaille n'en profite pas, n'en retire rien et n'arrive même pas à y voir un avantage.

Ce qui me fait comprendre 2 choses.

Premièrement, qu'une compagnie de service n'est pas nécessairement une compagnie capable de profiter du dialogue. Elle doit pour ça être ouvert à l'écoute. Ou plutôt que l'écoute soit un vecteur important pour sa croissance. Une boîte de RP (comme Edleman) l'est, par définition - elle doit être à l'écoute du marché.

Deuxièmement, qu'une compagnie qui ne comprend pas ce qui m'enrichit n'est pas faite pour moi. Dont acte.

Webcom2006

Anciennement Intracom, Webcom est un colloque sur les communications interactives. Cette année le thème annnoncée est au goût du jour : le web 2.0 ! "Quels sont les changements que vous devez apprivoiser ou anticiper?"



Concentrés en une seule journée (mercredi 11 octobre 2006), ces conférences, intégralement en français, abordent le web collaboratif, les blogues, les wikis et le rss mais aussi les jeunes qui l'utilisent et les changement à l'intérieur des entreprises.

Pour la plupart des lecteurs ici présents, ces sujets vous sont familiers. Mais je suis bien content que le colloque prenne cette tournure en quittant son focus sur les "intranet, extranet, internet". Il est rare au Québec d'avoir des conférence en français sur la communication interactive avec des intervenants du milieux.

L'an passé j'y avais donné une conférence très courue sur le "web 2.0", et l'année précédente aussi, sur les "nouveaux outils de communication de groupe : le RSS, les wikis, les blogs, etc". Que le colloque y consacre maintenant toute son énergie est une bonne chose.

À qui cela s'adresse?
Bien sûr, si vous suivez déjà ce sujet, vous n'y trouverez aucun scoop. Par contre, il s'agit d'une excellente place pour inviter vos clients ou vos prospects pour qu'ils s'initient à la chose.

Malgré ce que l'on pense le web 2.0 est très peu connu hors du milieu des professionnels du web. L'avantage que je vois à ce colloque, c'est qu'il vous permet d'éduquer vos clients, vos employés, vos patrons ou vos collègues d'une façon "neutre". Vous pourrez dire : "Ah vous voyez! Ça doit être vrai, eux le disent!" ;-) Vous ne passerez plus pour le "savant fou" comme moi à mon boulot.

Les conférenciers
Ne serait-ce que pour rencontrer les intervenants qui sont des personnes clefs de l'internet québécois, canadien et français, ça vaut le détour.
  • Loic LeMeur vient nous dire si les blogues ont un avenir individualiste ou collaboratif ?
  • Jon Husband propose d'examiner les nouvelles formes de contribution des outils comme le blogue et le wiki.
  • René Barsalo, qui est à la tête de l'extraordinaire SAT, un lieu dédié à l'art médiatique, parlera de la génération native réseau et comment la comprendre.
  • Michel Cartier permettera à vos clients de savoir quels changements ils devront apprivoiser.
Et plusieurs autres encore, dont j'aurai plus tard l'occasion de parler.

Un absent, malheureusement, Jean Lanoix, qui lui a choisi l'édition torontoise de Webcom (qui a lieu en novembre) pour parler de l'Internet du futur. [correction 21 septembre : il sera présent au panel de la fin. Yé!]

De plus un panel de synthèse, qui intéressera tout autant vos clients, est prévu à l'horaire. La programmation est pratiquement bouclée, mais j'imagine qu'il pourrait y avoir quelques changements encore...

À suivre...

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Portrait de blogueur #9

Grâce à mes copains Philippe Martin et Christian Aubry me voilà croqué sur le vif à discuter du web 2.0.

Je suis le neuvième de la série de "portrait de blogueurs" qu'ils tournent depuis le début de l'été (et ce malgré le fait que Philippe en introduction parle du huitième de la série).

On commence par expliquer pourquoi j'ai commencé à bloguer, puis on aborde la mémétique et puis, une fois bien réchauffé, on se met à parler de web 2.0 et j'explique les 6 cultures de l'Internet pour comprendre que le web 2.0 est en fait une culture et non une technologie.

(en prime : les deux petits easter eggs sonores hors cadre à la toute fin...ça c'est du direct;-)



Les autres portraits de blogueurs sont sur le site de Christian.

Les 6 cultures d'Internet

Il y a eu 5 grandes cultures qui ont façonné Internet depuis ses débuts : (1) les militaires, (2) l'élite technico-scientifique académique, (3) les programmeurs, (4) les communautés virtuelles et (5) les entrepreneurs. L'émergence de ce qui convient d'appeler le web 2.0 laisse une place à l'influence nouvelle d'une sixième vague: celle des "opérateurs de symboles".

cultures fractalesOn est en droit de dire que la mouvance en cours sur le web laisse émerger une culture qui semble redéfinir l'utilisation du réseau, d'où l'appellation web 2.0. Mais on pourrait tout aussi bien écrire Internet 6.0 puisqu'Internet n'a pas débuté avec l'avènement du web.

Cet Internet 6.0, ou, restons simple, ce web 2.0, offre, pour le meilleur et le pire, par sa simplicité d'utilisation et d'agrégation, une place accrue à une tranche de la population (en général très jeune) de diffuser, contrôler, créer, mixer et remixer du contenu sur Internet.

Ceux qui génèrent de l'information, de la connaissance ou de l'émotion sont des "opérateurs de symboles", ce que Robert Reich [#1] appelait en 1990 les "symbolic analysts", ces travailleurs de la connaissance qui créent une offre de contenu, qui en font une manutention ou qui se spécialisent dans leur réception ou leur repackaging.

Ces opérateurs manipulent les symboles sous toutes ses formes (écrit, visuel, audio) afin de générer du sens. Dans les médias traditionnels, on les appelait des journalistes, des réalisateurs, des dessinateurs, des speakerines, des orateurs, des chanteurs, etc. Ce sont aussi maintenant ces "multimédiateurs" qui font gonfler youtube de milliers de clips amateurs ou (semi) professionnels. Ce sont ces blogueurs, podcasteurs, taggeurs/folksonomiste, monteurs, animateurs 3D, scripteurs, diggers, etc qui viennent changer la donne dans le monde de la communication de masse.

Internet n'est pas une culture, mais un amalgame de plusieurs entrecroisements de cultures. Pour bien voir dans quel contexte le web 2.0 s'inscrit, rappelons-nous ces 5 premières cultures d'Internet et leur legs...

Le ground zero : les militaires
ARPAnet mapLa première culture, celle dont il ne reste presque plus de trace, mais qui explique la réticence de la Maison blanche à Washington à lâcher le contrôle de ICANN, c'est celle des militaires. Ils ont offert l'essence d'Internet : la décentralisation technologique. Leur besoin stratégique et leur subside ont fourni la première impulsion qui donna jour à ARPAnet.

C'est en vue d'une éventuelle et probable guerre nucléaire que le réseau s'est construit dans les années 60-70 de telle sorte qu'il pouvait s'écrouler en partie et toujours fonctionner: il n'y avait pas de centre. Voilà l'essentiel (et tout ce qui reste) de l'influence des militaires.

Mais ce point reste fondamental. Ce legs explique aujourd'hui pourquoi dans le débat en cours sur l'Internet à deux vitesses la résistance est si farouche sur Internet : tous les noeuds, toutes les routes, toutes les informations doivent rester égales, au nom de la décentralisation.

Les premiers dieux: l'élite technicienne et scientifique du milieu académique
Les fondateurs d'ArpanetLa seconde culture, c'est la culture techno-méritocratique, comme le nomme Manuel Castells [#2], celle qui provient de la sphère académique de l'enseignement supérieur et de la recherche. Par leurs applications technologiques, ils ont apporté ce désir de toujours innover qui donne aujourd'hui le vertige.

Ils ont surtout transmis la spécificité universitaire de la "communauté des compétents" que sont les pairs, où tous sont égaux. La reconnaissance des pairs est une autre valeur fondamentale de la communauté Internet. C'est un moteur de la dynamique culturelle sur Internet afin de créer de nouvelles autorités.

Et comme dans la tradition de la recherche universitaire, ils ont transmis la culture du partage et de la communication des découvertes technologiques sans jamais chercher à en tirer un avantage personnel. Les plus grands ambassadeurs de ce groupe sont Vint Cerf et Bob Kahn (créateurs du TCP/IP), Jon Postel (éditeur des RFC), Paul Mockapetris (créateur du DNS) et Tim Berners-Lee (créateur du WWW) . Aujourd'hui, ils sont surtout à l'oeuvre en arrière-fond dans les organismes comme le W3C, le IETF et la Internet Society.

La horde: les programmeurs sont dans la bergerie
la matriceProvenant du monde des micro-ordinateurs (par opposition aux gros et mini-ordinateurs), cette troisième vague, les programmeurs, appelés Hackers par Castells, ont investi Internet et submergé le précédent groupe, tout en adoptant (et en popularisant) la culture de méritocratie à grande échelle.

Leur valeur fondamentale est et reste la liberté. La liberté de créer, la liberté de s'approprier toute connaissance, de la remixer, de la diffuser sous toute forme et par tous les canaux. C'est la mouvance des logiciels libres. C'est aussi la coopération, ce qui est aujourd'hui appelé le "crowd sourcing". Ce sont eux qui réclament : "information wants to be free". Une phrase qui pourrait à certain égard représenter l'image de marque d'Internet.

La culture du don demande en retour la renommée immédiate des pairs, renforçant la culture de la communauté des pairs. Un hacker est reconnu comme tel par un autre hacker. Aujourd'hui, la définition d'un blogueur suit le même principe.

Parmi les figures les plus connues, citons Marc Andreessen (premier browser Internet : Mosaïc), Blake Ross (ultime browser internet: Firefox), Linus Torvalds (le système d'exploitation libre : Linux). Rappelons que le Darth Vader désigné de ce groupe n'est nul autre que Bill Gates, (Microsoft) puisqu'il a détourné à son profit et pour sa gloire personnelle des ressources créées en commun. Il n'a en fait qu'appliqué la logique d'une autre culture : le capitalisme.

Le peuple virtuel : les temps modems
La quatrième vague à prendre d'assauts Internet, avec une foule encore plus nombreuse que la précédente, nous vient du monde des BBS (les babillards électroniques). Ils ont envahi et perfectionné les forums de discussion, newsgroups et autre forme de tchatche de l'époque.

Ils ont adopté le principe de méritocratie et de liberté de l'information et ils l'ont appliqué dans leurs réseaux sociaux : ils sont les premiers à utiliser Internet comme outil pour modifier les rapports dans la société "réelle". La technologie pour la technologie? pas pour eux. L'outil servait à combler un besoin d'échange et de contact pour des fins personnelles ou communautaires.

On entrait dans ces communautés pour le contenu qu'elle nous apporte. La compétence technique n'était plus une barrière à l'entrée. Le WELL, FIDOnet et la (défunte) DDC (Amterdam's Digital City) en sont les premières émergences. La vague s'est poursuivie avec les Majordomos, Mud et les Moo, Palace, jusqu'au Yahoo Groups, et même Second Life aujourd'hui.

Ce qui a découlé de cette vague, c'est qu'il était possible d'utiliser Internet comme outil de communication horizontale (par opposition à la communication "sommet vers le bas" --top-down-- comme la télévision) tout en propageant une nouvelle forme de liberté de parole, basée sur la liberté individuelle de communiquer. Autrement dit, une culture d'autonomie de la communication par rapport aux institutions, diffusant l'individualisme réseauté comme forme de sociabilité acceptable, avec une invitation très claire que le combat n'est plus sur la rue ni contre les organisations, mais dans l'opinion publique. C'est à dire, influencer les esprits plutôt que prendre le pouvoir.

Web 1.0 : Grandeur et décadence des entrepreneurs
Cinquième grande culture, une explosion foudroyante dès l'ouverture des .com. Les entrepreneurs découvrent un territoire anarchique, riche en innovations, avec un potentiel infini et une communauté d'individus autopolicés, autonomes, assoiffés de nouveautés technologiques et sociales.

Souvent l'effort financier pour participer à l'aventure consistait à prendre une année sabbatique, travailler très fort et convaincre des capitalistes d'investir. Remplacer capitaliste par mécène et vous avez le portrait d'un artiste.

Ces entrepreneurs, d'une tout autre race que les programmeurs, parfois issus d'elle, mais plus souvent harnachant leurs savoirs, sont de véritables créateurs de mondes. Ils ont créé la bulle internet soit (en fait ce sont plutôt les capitalistes-corbeau qui ont irrationnellement perdu leur fromage aux mains des renards), mais ils ont réussi à faire entrer la finance et leurs dollars dans le monde virtuel. Ce qui faisait cruellement défaut depuis le début.

Internet est devenu ainsi du jour au lendemain un pilier essentiel dans nos vies. Ou plutôt, notre vie réelle a pu retrouver ses repaires dans un monde virtuel ainsi "monétarisé". Évidemment, l'annonce que le web ne serait qu'un vaste supermarché n'a pas fait de vieux os. Heureusement.

C'est ce que l'on peut appeler le web 1.0, un malheureux effet de diligence, une utilisation des nouveaux outils avec des protocoles anciens, qui a donné une culture entrepreneuriale et commerciale à une partie de l'Internet : c'est la culture du service pour répondre à un besoin du public. Elle poursuit son travail en fournissant de nouveaux services à la nouvelle culture dominante.

Le web 2.0 : la nouvelle culture Internet 6.0
Nous voilà arrivés à aujourd'hui. Depuis 2-3 ans au moins, il est clair qu'une nouvelle horde a envahi Internet. Celle qui a grandi avec le réseau. Mais aussi ces vieux qui étaient dans la communication hors ligne.

Internet est devenu, par cette suite de cultures en pelures d'oignon, grâce aux serveurs décentralisés (culture 1) , aux protocoles standardisés de communication (culture 2), aux codes libres et partagés (culture 3), à des communautés d'intérêts (culture 4) et un entreprenariat aisé (culture 5) qui a ouvert des sites gratuits pour offrir à tous et chacun, un lieu pour communiquer facilement et simplement par Internet (HotMail, Gmail, Blogger, Word press, Youtube, del.icio.us).

Cette horde n'est plus uniquement intéressée par la communauté de pratique et les groupes d'intérêt, mais par la diffusion de leur message, n'importe quel message, de un vers tous. Ces manipulateurs de symboles, écrits, sonores ou visuels, sont l'essence de la culture du web 2.0

On fait erreur à vouloir associer la vague du web 2.0 à une période temporelle ou à des outils. En acceptant l'approche qu'il existe des pelures d'oignon de culture sur Internet, on peut mieux comprendre par exemple que ce que l'on appelle web 2.0 a commencé bien avant l'an 2000 (wiki, blogue) et qu'aujourd'hui encore on voit apparaître des artefacts de la culture des programmeurs avec la montée des logiciels libres du pair-à-pair poste-à-poste (peer-to-peer), par exemple ou aux portails "user content-generated" géré par les entrepreneurs surfant sur la nouvelle vague.

Le web 2.0 est cette sixième culture d'Internet, une culture de diffusion pour la diffusion, mais basée sur les cultures précédentes : liberté d'expression et de partage des informations et du code, l'individualité en réseau, la reconnaissance des pairs et la méritocratie. Aujourd'hui, toutes ces cultures se côtoient.

La nouvelle culture et ses outils ne sont pas sans danger. Elle n'est pas non plus universelle, car seule une minorité sera toujours intéressée à communiquer. Mais elle est différente des précédentes et c'est elle, je crois, qui donne ce sentiment que nous passons à autre chose aujourd'hui, à une version 2.0 du web... ou à Internet 6.0.

(post-scriptum : Yulbiz.tv a un interview où je parle des 6 cultures)

--- Références ---

#1 Robert B. Reich, (site personnel, bio, blog) The Work of Nations, Preparing Ourselves for 21St-Century Capitalism, Knopf 1991.
pour la notion d'opérateur de symboles

#2 Manuel Castells, (bio) La galaxie Internet, Fayard 2002.
pour les cultures 2 à 5.

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