ZEROSECONDE.COM: avril 2007 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Si Google le dit

Le psychologue canadien Andrew Feldmàr, 66 ans, s'est rendu les États-Unis à l'été 2006 et n'a pu franchir la frontière. Les douaniers américains ont refusé de le laisser sous prétexte qu'il a consommé du LSD... en 1974!
"A l'époque, Andrew Feldmàr expérimentait le LSD dans le cadre de ses recherches sur la schizophrénie. Depuis, il n'a jamais retouché à cette drogue.

Au printemps 2001, le psychologue a raconté son expérience au journal étudiant Janus Head.

Le témoignage de M. Feldmàr s'est retrouvé sur le site internet du journal, puis entre les mains des douaniers américains.

M. Feldmàr a été détenu pendant plus de cinq heures à la frontière avant de recevoir l'autorisation de retourner au Canada. Il a toutefois dû signer une lettre d'aveu, dans laquelle il reconnaît «avoir violé le U.S. Controlled Substance Act».

Il est maintenant banni à vie des États-Unis (...)"
Source Technaute

L'axe du moche vient encore de s'étendre...
Soyez averti, jeunes blogueurs, tout ce que vous bloguerez sera retenu contre vous. Y compris ce que vous n'avez pas écrit. Votre parole compte moins qu'une page HTML. Un beau cas de crédibilité web à examiner.
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Axe du moche

Certains pays qui censurent Internet devaient se mordre les doigts de ne pas avoir pensé avant à faire une loi sur l'assainissement d'Internet comme le propose Ottawa. La concurrence ne s'est pas fait attendre : le gouvernement français travaille actuellement à un nouveau projet de décret de la Loi pour la confiance dans l’Economie numérique.

L'axe Ottawa-Paris-Pékin : même projet de contrôle?
Ce décret français préconise la conservation des données par les fournisseurs d’accès et les hébergeurs de sites web en France. Ce qui devrait inclure les blogueurs aussi. L'idée est dans l'air du temps, on dirait. La Chine doit commencer à bien se sentir à l'étroit dans l'axe du moche.

Commençons
Le décret vise à « permettre l’identification de quiconque a contribué à la création du contenu » d’un site, avec obligation de conserver pendant trois ans l’intégralité des informations de l’activité des internautes sur les sites web : numéro de téléphone de connexion, adresse IP, horaires de connexion et de modifications de contenus, identité utilisée et nature des modifications. (source : Écrans.fr)

Ce n'est pas tout
Le décret prévoit aussi la rétention des données sur la création, la modification mais aussi la suppression de contenus web.

Vous n'avez rien vu
En cas de paiement en réseau il faut aussi conserver le type de paiement, l’heure de la transaction, son montant et le le numéro de carte de crédit.

Et une autre pour la route
L’identité est aussi archivé : pseudonyme, nom et prénom, adresse civique, courriel, téléphone et même...mot de passe.

Le bouquet avant le pot
"Police et gendarmerie pourront par ailleurs accéder sur simple demande aux données stockées, et les conserver durant trois années." (Écrans.fr).

Comment on dit déjà? Dérives bureaucratique à tendance Big brother?

(image: www.eff.org)

À lire pour approfondir:
Le Patriot Act à la française d'Affordance
Internet : le retour de Big Brother ? D'Écrans (un site de Libé)
Totalement Crétin propose un achat groupé de 1984 de George Orwell pour envoyer aux ministres, députés, divers membres des cabinets ministériels, etc.


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Mon dailyWom, 2e partie

Deuxième partie d'une micro-entrevue que j'ai donnée à Pascal Beauchesne de DailyWOM.

J'y parle, en quelques mots, de la difficulté de comparer le marketing traditionnel et celle du web, où une campagne peut être complètement différente selon le produit et où doubler des budgets web faméliques ne donnera pas plus de résultat: seul un véritable investissement conséquent peut permettre d'obtenir de véritable résultats.

La difficulté, compréhensible encore, c'est de s'aventurer en dehors des sentiers battus sans garde-fous...



Visionner sur DailyWom.tv (en couverture pour quelques jours seulement).
(lien en téléchargement)

Maintenant seulement disponible sur Youtube

Mon 15 frames par seconde de gloire

Première partie d'une micro-entrevue que j'ai donnée à DailyWOM.

J'y parle, en quelques mots, du marketing web, où il y a beaucoup de clients appelés mais peu d'élus, et de mon carnet comme d'un livre où chaque billet est un chapitre.



Visionner sur DailyWom.tv (en couverture pour quelques jours seulement).
(lien en téléchargement)

Maintenant seulement accessible sur Youtube

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Metriques-a-claques

Où rire n'empêche pas de sortir sa calculatrice et d'apprendre des choses qui n'ont pas rapport au point de départ.

Dans le sketch un gars de Boston des Têtes-à-claques, un des personnages donne une url à son voisin. Salambo productions, les créateurs derrières ce succès québécois sur le net, ont enregistré le nom de domaine.

Inutile de résister (même si c'est inutile d'y aller), on se prend à visiter l'adresse donnée. Devinez combien y sont aller? Sur un nombre de 1 208 973 visionnements de la capsule vidéo, 110 256 y sont aller! Ça donne un taux de conversion de de 9.12% au moment d'appuyer sur "publier" ce matin.

Application marketing
En publicité, on se demande toujours le pouvoir d'un url ad hoc dans une campagne marketing. Ce que l'on appelle un "drive-to-web". Souvent c'est un spot télé ou une affiche qui porte l’url. Combien de gens vont prendre la peine de retenir l'url et d'aller faire un tour? Peu de chiffres circulent à ce propos. La plupart du temps, en fait, les médias traditionnels réussissent à ne diriger que peu de visiteurs vers un site web.

Ce que l'on remarque, en fait, --est-ce étonnant?-- c'est le web qui "drive-to-web"! Têtes-à-claques nous donnent ici un cas limite. Pas d’url écrite, pas de liens à cliquer. Seulement l'entendre. Le cas de figure le plus difficile, à mon avis (ce à quoi les messages radio sont confrontés constamment).

Limite de conversion
Ici, nous avons le cas le plus limite qui existe: une capsule humoristique, non commerciale, virale, bien fait, populaire et sans aucun objectif marketing. Se rendre sur le lien proposé est complètement gratuit, ludique, sans implication et en lien avec ce que l'on fait au moment même d'y aller (c'est à dire, se divertir, prendre une pause vidéo). On peut donc prétendre que le taux de conversion trouvée se tend à indiquer un repère pour toute autre tentative du genre.

Bien sûr, vous pouvez faire mieux: indiquer l'url en clair, le rendre cliquable, donner un incitatif marketing. Mais pour ceux qui savent que dans ce domaine, la simplicité est de mise -- et le "viral" le Graal --, voici alors une statistique pour vous guider: 10% de conversion c'est la "barre haute" en "web-to-web". Imaginez à partir d'autres médias.

Génération spontanée
Il faut noter aussi qu'ici, pour ceux qui ne font pas de campagnes, mais qui gèrent du contenu, une plateforme ou n'importe quelle propriété intellectuelle sur le web qu'ils ont entre les mains aussi une statistique qui permet de quantifier certaines de leurs actions : vous avez une machine à générer des impressions (la version électronique de la machine à imprimer des billets). Dans un cas similaire, vous pouvez bonifier de 10% votre inventaire d'impression en un claquement de doigts (façon de parler).

Quand vous avez une base de "visiteurs fidèles", vous pouvez les inciter à continuer leur expérience en cliquant sur une propriété ad hoc (et vous générer des impressions supplémentaires).

Voyez-vous d'autres interprétations?

Projet de loi sur l'assainissement d'Internet

Joy Smith, du parti Conservateur à Ottawa a proposé mercredi dernier une Loi sur l'assainissement d'Internet (C-427). Certains pays qui censurent Internet doivent se mordre les doigts de ne pas y avoir pensé avant. (via Michael Geist)

Sautons tout de suite à l'article 4 si vous voulez bien.

4. (1) Nul ne peut offrir des services de fournisseur d'accès au réseau Internet ou exploiter une entreprise offrant de tels services à moins d'avoir obtenu une licence de fournisseur d'accès au réseau Internet aux termes du paragraphe (2). (c'est moi qui mets en italique)

Je reprends pour être sûr que l'on comprenne tous la même chose : il faut une licence pour devenir fournisseur d'accès. Et qu'est-ce que l'on dit au paragraphe (2) à propos de ce qu'est un fournisseur d'accès au réseau Internet?

2. « Fournisseur d'accès au réseau Internet » Personne qui fournit des services permettant l'accès au réseau Internet, que ce soit gratuitement ou contre rémunération. (c'est moi qui mets en italique)

Je souligne une deuxième fois pour être sûr que tout le monde suit : gratuitement ou contre rémunération c'est la même chose! Tu as bien lu, Mike, ça veut dire aussi Île sans fil. Ou vous, oui vous, avec votre routeur wifi non protégé.

Et qui gèrera la licence? Le CRTC, voyons. Non!? Si!! Lisez vous-même, bande de Thomas!

4. (2) Le Conseil délivre une licence au demandeur qui répond aux conditions prévues par règlement [...]

Définition de ce que veut dire "conseil"?:

2. « Conseil » Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes constitué par la Loi sur le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.

Le CRTC! Dont la devise est : "la communication dans l'intérêt du public" (sic).

Et sous quels prétextes, SVP? Pour assainir Internet. Oui madame! Pour assainir Internet!

Conservateur comme dans conservateur
Assainir Internet et limiter la communication de ce qui ne plaît pas. Oh, n'allez pas croire que c'est 1984! On commence toujours pour les bonnes raisons.

Ici le projet de loi de madame Joy vise à empêcher l'utilisation du réseau Internet pour la distribution de pornographie juvénile, de documents destinés à préconiser, promouvoir ou encourager la haine raciale et de documents présentant ou encourageant la violence contre les femmes.

Ça ne vous rappelle pas la Child Online protection act de Bush? Qui peut être contre la vertu? Moi!

Car ici on utilise les bons sentiments pour faire une mauvaise chose. On peut criminaliser ces gestes (et je crois qu'ils le sont déjà) mais on ne peut "empêcher" l'utilisation d'un outil pour faire ces gestes criminels ! Et en empiétant sur la vie privée de tout le monde de surcroît!

Pourquoi ne pas empêcher à la place les caméras, les appareils photo, le papier à imprimer, le fil USB, la mémoire Flash?!?! Ou le téléphone, les cassettes VHS, la parole, la pensée. On arrêterait ainsi le mal à la source! Hop une license pour penser. C'est de là que se propage le mal après tout.

Danger, madame Smith, danger!
Comprenez-moi bien. Je suis pour la protection des enfants. Mais on ouvre ici la boîte de Pandore :

13. (1) Aux fins de l'exécution d'un mandat de perquisition délivré en vertu de l'article 487 du Code criminel relativement à une infraction constatée ou soupçonnée à la présente loi, le ministre peut prescrire les pouvoirs spéciaux qu'il juge raisonnablement nécessaires pour faciliter les recherches dans les banques de données, les mémoires ou les systèmes informatiques.

(2) La délivrance d'un mandat conférant les pouvoirs visés au paragraphe (1) est régie par les mêmes principes d'autorisation et de motifs de soupçons, et les mêmes procédures et conditions de délivrance qu'un mandat de perquisition délivré aux termes du Code criminel.

En clair (je veux être sûr que l'on me suive jusqu'au bout) : sous simple soupçon on peut prescrire des pouvoirs spéciaux pour ce que j'appelle une perquisition électronique.

Garde-fou pour gardes fous
Quand la loi sera passée, on aura juste à élargir le spectre des crimes pour accommoder n'importe quelle dérive. Et même, obliger légalement tous les fournisseurs à devenir leurs espions.

10. (1) Le ministre peut ordonner au fournisseur d'accès au réseau Internet de prendre tous les moyens raisonnables à sa disposition pour empêcher les abonnés d'avoir accès aux documents [criminels visés dans le présent projet de loi] qui se trouvent sur le réseau Internet et que le ministre déclare, après une enquête raisonnable, être visés par les articles 6, 7 ou 8.

Pour les articles 6,7 ou 8, je vous laisse faire le travail vous même.

À reculons, tous!
Je crois que cette loi relève d'une vision archaïque provenant des médias traditionnels et ne s'applique pas à Internet.

Au lieu de dépenser nos taxes dans une excroissance cancérigène de la fonction publique, afin de surveiller en copies rose, saumon, jaune et or les accès à internet, investissons dans l'augmentation des affectifs aptes à parcourir le réseau à la recherche de ces criminels. La loi c'est la loi. Pas besoin de projet-ci (et Dieu merci, il y a peu de chance qu'il soit adopté).

Contrairement à un mythe bien répandu, il y a moyen de retracer la plupart des communications ou des transferts sur Internet. Souvent les criminels sont à l'étranger (où se base sur des services à l'étranger) et aucune loi locale comme celle que Madame Smith veut mettre en place n'empêchera ça. Ou si! En imitant la Chine! Bel exemple!

(image de l'affiche via Max)
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Lire aussi sur Zéro Seconde (Mars 2006) à propos de la vie privée
Google et vie privée
Marchants et vie privée de masse
GDrive et privatique
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Musée de la Terre

Le Japan Science & Technology Agency nous offre (en anglais et en japonais) un magnifique guide interactif de notre planète et de sa place dans l'univers. (via Christian Guy)

Les animations flash nous permettent de voir la Terre sous un autre angle. À mon avis, voilà à quoi ressemble un musée sur Internet. À mettre entre les mains de tous nos élèves dans le cadre du Jour de la Terre!

(Je me demande si une association scolaire d'un des pays francophones ne pourrait pas collaborer avec la JST pour nous offrir une version française. Quelqu'un a une réponse?)
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Citation du jour

Entendu à la web 2.0 expo:

"Les médias traditionnels sont appelés à devenir des curateurs de contenu plutôt que des créateurs de contenu."
Ted Shelton, VP Business Development, Technorati

via A frog in the valley

Blogueurs, à vos agendas!

Agenda chargé dans les prochaines semaines : YulBlog dans deux semaines et YulBiz dans une semaine et une petite surprise!

Yulblog est le plus vieux regroupement de blogueurs au monde (5 ans déjà). YulBiz est un spinoff du YulBlog (1 an déjà). Ça fait de Montréal la seule ville au monde à avoir 2 rencontres mensuels de blogueurs ! YUL sont les trois lettres correspondant à l'aéroport de Montréal.

La différence entre
YulBlog et YulBiz?
On va au YulBlog pour parler de n'importe quel sujet (mais on finit tout de même par parler de blogue). On va au YulBiz pour parler de blogue (mais on finit par parler de n'importe quel sujet). Le premier commence tard et finit tard, le dernier commence tôt et finit tôt. Il y en a pour tous les goûts!

Pas besoin d'être un blogueur; si ça vous intéresse, venez, c'est ouvert à tous ! Si vous êtes de passage à Montréal, voilà un bon moyen pour vous de rentrez en contact avec le who's who!
YulBlog : C'est tous les premier mercredi du mois à La Quincaillerie, 980 rue Rachel (coin Boyer et Métro Mont-Royal) à Montréal, de 20h00 jusqu'à minuit en général (ou plus parfois). Les deux tables à l'avant, à côté de la grande fenêtre sont pour nous. À mercredi 2 mai 2007!

YulBiz : C'est tous les derniers mardi du mois, au Café Méliès, 3540 St-Laurent, (près Sherbrooke et Métro Sherbrooke) à Montréal, de 17h30 jusqu'à 20h00 en général (ou plus, parfois). La rangée de la banquette à droite en entrant sont pour nous. À mardi 24 avril 2007!
La surprise?
Un 5 à 7, mercredi 9 mai 2007, avec Fred Cavazza, grand blogueur du 2.0 devant Internet (et pourfendeur de Second Life devant Michel Leblanc) qui sera parmi nous ce soir-là au Café Méliès, 3540 St-Laurent. Une initiative de Claude Malaison, toujours bien branché, qui nous invite à venir le rencontrer pour lui souhaiter la bienvenue à Montréal. Il vient de France, il aura donc un drôle d'accent, s'il vous plaît soyez gentil avec lui ;-)

Creer un Internet 2.0 ?

François Guité porte à notre attention un dossier du Globe and Mail sur une éventuelle restructuration d'Internet proposée par divers protagonistes, un vrai de vrai 2.0!

Quatre articles à lire, résumés ici par François:

- Researchers explore scrapping Internet : Des chercheurs qui affirment que le moment est venu de revoir l’architecture d’internet sont à explorer comment démanteler la toile et la rebâtir pour assurer une meilleure sécurité et une plus grande mobilité.

- Transitioning would be difficult, but research continues : Le fait que des individus et des compagnies dépendent d’internet tous les jours, la reconstruction du réseau serait non seulement techniquement problématique, mais entraînerait des coûts considérables.

- Next-gen Net effort likely to draw commercial, policy interests : certains des chercheurs sont déjà liés à de grandes entreprises.

- What are the design challenges of rebuilding the Internet? : Une analyse des problèmes et solutions actuelles, suivi des avantages de recommencer à neuf, au niveau de la sécurité, la mobilité et l’ubiquité d’internet.
(Source Faut-il refondre Internet? sur Guitef)

Portez attention. Sous couvert d'optimiser Internet, on nous recycle l'enjeu sur la net neutrality. Une autre manière d'enlever le contrôle d'Internet à ses utilisateurs...

Code de conduite

Tim O’Reill a proposé récemment un « Code de bonne conduite pour les blogueurs». Dans sa forme actuelle, son concept aura moins d'avenir que celui de son célèbre "web 2.0" qu'il a inventé. Voyons de quoi il en retourne.

Selon lui, politesse et civilité doivent être de rigueur : respect de l’autre, responsabilité personnelle de ses propres billets et aussi des commentaires, anonymat interdit et disputes publiques limitées.

Il n'en fallait pas plus pour créer une levée de boucliers dans toute la blogosphère américaine, enfant chérie de l'anarchie et du Premier amendement! En bon descendant des premiers forums libres d'Internet, les détracteurs n'aiment pas se faire imposer un code de conduite... écrit.

Brève mise en contexte
Il faut savoir que ce code de conduite de Tim O'Reilly découle d'un événement traumatisant dans la blogosphère anglo-américaine: le harcèlement de Kathy Sierra, editeure en chef des livres “Head First“ (pour developpeurs Java, OO, Ajax) et ami, incidemment de Tim.

Elle trouve un blogue où un individu très louche écrivait des propos ignobles à propos d'elle, dont des menaces de mort. Elle fait une grève de blogue : elle ne publie plus pendant une semaine. Grand bruit dans la blogosphère. Le silence peut parfois faire son contraire.

Tim, solidaire, répond alors avec son code de conduite.
Les 6 règles de conduite de Tim O'Reilly

1. We take responsibility for our own words and reserve the right to restrict comments on our blog that do not conform to basic civility standards.

Pause : cette règle inclut la censure de commentaires non-appropriés -- on imagine là que c'est cette règle qui fait sourciller tout le monde--. Par civilité, il précise: abuse, harass, stalk, or threaten others; content that is libelous, knowingly false, ad-hominem, or misrepresents another person; infringes upon a copyright or trademark; violates an obligation of confidentiality; violates the privacy of others.

2. We won't say anything online that we wouldn't say in person.

3. If tensions escalate, we will connect privately before we respond publicly.

4. When we believe someone is unfairly attacking another, we will take considered action.

5. We do not allow anonymous comments, but will allow pseudonymous ones.

6. We ignore the trolls.
En bon membre de communauté d'Internet, Tim propose d'ouvrir ses règles sur un Wiki afin d'arriver à un consensus. Ceux qui veulent modifier, peaufiner, améliorer les règles sont bienvenus.

You are entering American sector
Ceux qui veulent suivre ces règles n'ont qu'à apposer le logo sur leur site. Il pousse l'idée plus loin. Ceux qui ne veulent pas suivre les règles peuvent apposer un autre logo en conséquence. Je vous laisse le soin de deviner lequel est lequel.


Le choix des logos laissent à désirer. Entre la badge du shérif ou le bâton de dynamite de l'anarchiste, le choix est mince.

La naïveté qui transpire de ces images en dit long sur les motifs qui ont poussé Tim à pondre son code.

Peut-être qu'un peu de recul lui aurait été utile.

L'approche répressive, présent dans le choix des verbes (censurer, effacer, restreindre), n'est pas l'heur de plaire à la blogosphère. Il paraît évident que c'est sous la colère que les règles ont été écrites.

Alternatives civilisées
J'en tiens pour preuve une série de règles alternatives qui montrent comment on peut exprimer presque la même chose de façon plus civile.

Alternate Code of Conduct
* Be courteous.
* Give accurate information in the spirit of being helpful.
* Respectfully disagree.
* Use the correct venue for your post.
* Admit the possibility of fault and respect different points of views.
* If you screw up, take responsibility for your actions.
Depuis les premiers forums et mailing-list, l'idée de discipliner les participants à suivre un code de conduite existe. La netétiquette, aujourd'hui oubliée depuis l'explosion grand public d'Internet, était la première manifestation. L'histoire se répète.

Ce billet est un adaptation de ma chronique radio à l'émission Citoyen Numérique de jeudi 12 avril 2007

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Arithmetique 2.0

Petit parenthèse éducative de retour de congé pascal. Si le web sait compter jusqu'à deux, il doit pouvoir savoir faire des additions et des soustractions, non?

Les toutes premières traces d'opérations arithmétiques ont été trouvées, à ce qu'il parait, il 20 000 ans, en Afrique, sur des os qui auraient été entaillés pour effectuer des additions et des soustractions.

On retrouve aujourd'hui, sur le OS du web, les toutes dernières traces d'équations arithmétiques modernes. Fred Cavazza, paléotologue du web 2.0, nous en a donné quelques unes depuis 1 an, et des succulentes, sur son excellent blog.

Les voici:

Gabbly + MyBlogLog + Gravatar = Weblin
Blog + Podcast + Digg + Widget = Blog 2.0
Célibatantes + Second Life = Girl's Night Out
HotOrNot + Pandora = YesNoMayB
Crowdsourcing + produits électroniques = CrowdSpirit
Internet = l'avenir de la télévision (et inversement)
Start-up + Crowdsourcing = Cambrian House
Kelkoo + Wiki = ShopWiki

Blogger + Myspace + FlickR + del.icio.us = TagWorld
AJAX - XML = AHAH
SSE = RSS 3.0 ?
Réseaux sociaux + Bit Torrent + TV = Tape It Off The Internet
MySpace + Seth Godin = Squidoo

Et mon humble apport aux mathématique du web se limite pour l'instant à mon billet précédent (en forme de clin d'oeil à Fred) : barcamp + video = vator.tv?

barcamp + video = vator.tv?

BarCamp? C'est le nom donné à ces "non-conférences". La devise? "Pas de spectateurs, seulement des participants".

C'est un rassemblement où des personnes décident de partager et d'apprendre via des discussions, des démonstrations et de l'interaction de la part des participants. (voir mon billet sur le sujet du BarCamp comme non-conférence).

Imaginez avec la vague des portails vidéos, que l'on puisse se faire un BarCamp, asynchrone, en différé, via des vidéos téléchargés sur un site, on aurait un Barcamp perpétuel.

C'est ce qu'est Vator.TV, un canal web où les entrepreneurs partagent leurs idées avec le reste du monde, via des vidéos.

Finalement, Vator.tv, c'est un BarCamp à distance, de portée mondiale. Ou on peut aussi dire, au contraire que le BarCamp est un Vator local sans écran interposé.

Vator propose finalement des "elevator pitch video", des partages entre entrepreneurs et des échanges d'idées. Avec possibilité de commenter et de voter.

Peut-être que Fred Ngo et Sylvain Carle, qui organisent le prochain BarCampMontreal, qui aura lieu samedi le 28 avril 2007 à la SAT, ne seraient pas d'accord de comparer les deux projets. Mais dans les deux cas, c'est une auberge espagnole, un endroit où l'on trouve ce qu'on y apporte.

Blog d'entreprises: les erreurs à ne pas commettre

La blogosphère comme machine à RP? Ce rêve peut virer en cauchemars. Mode d’emploi pour la catastrophe.

La blogosphère ressemble à une grosse caisse de résonance dans la sphère publique. Et profitant d'un effet réseau (plus il y a de monde qui l'écoute et lui accorde du crédit, plus il y a de monde qui l'écoute et lui accorde du crédit), la blogosphère semble devenir un terrain incontournable pour accéder à un public averti, les décideurs et les influenceurs

Elle fait l'objet de multiples tentatives de manipulation par les compagnies. Les agences de publicité lorgnent sur elle, mais ce sont surtout les agences de relation publique qui sont les mieux placées pour s'y intéresser et la proposer à leurs clients.

Apprenez des erreurs des autres
Marc Synder nous propose une série de billets, sous forme de mode d'emploi à ne pas suivre, en listant les erreurs commises par des entreprises (de grande réputation!) dans leurs premiers pas dans la blogosphère. Édifiant. Marc est blogueur et spécialiste de relations publiques et il sait de quoi il parle.
Je retiens de Marc trois conseils:

1) Faites preuve de transparence : montrez vos cartes au grand jour, la sincérité apporte de la sympathie pour votre marque
2) N'achetez pas des blogueurs (ou n'en donnez pas l'impression) : la sincérité est un capital vital pour votre survie dans la blogosphère
3) Ne faites pas d'affirmations qui peuvent être contredites : il y aura toujours quelqu'un pour la contredire, quelque part. Et ça fait mal.
Questions à méditer
Moi, les questions (naïves) que je me pose, maintenant, sont les suivantes:
- Pourquoi doit-on donner ces conseils?
- Doit-on comprendre que, hors ligne, ces pratiques ne soient pas courantes?

Ou pour être plus précis:
- Est-ce que, hors ligne, la transparence n'est pas de mise?
- Achète-t-on des relayeurs d'information dans les médias traditionnels?
- Se permet-on des affirmations hors ligne que l'on ne se permettrait pas en ligne?

Prise de conscience et prise de parole
Dans l'affirmative pour n'importe quelle de ces questions, il est temps que la sphère publique, via Internet, puisse réagir fasse à ce qui ressemble à un viol des foules muettes par des commerçants qui monopolisent, avec leurs moyens financiers, les outils de la communication dans la sphère publique. La foule peut répondre maintenant en retour

En fait, grâce à la rétroaction dans les médias de masse traditionnels, il est fort probable que ces conseils devront bientôt s'adresser à tout type de RP, hors ligne compris...

Faisons lire impérativement à nos clients le manifeste des évidences : les marchés sont des conversations. (Cluetrain manifesto).

Second Life, la métaphore du bar "in"

On me demande souvent ce que je pense de Second Life. Il faut distinguer deux choses. L'approche métaphorique et le lieu lui-même.

L'approche métaphorique de l'interface
Quoiqu’épatante, elle n'est pas en soi une nouveauté récente (les consoles vidéos ont pavé la voie), mais elle a le mérite d'être "intuitive" : un espace visuel en 3 dimensions (4 si on inclut le temps) pour accéder à l'information. Yahoo en VRML, et les MUD/MOO vous vous rappelez il y a 10 ans? Les machines et la bande passante aujourd'hui sont plus robustes pour permettre la rencontre des deux.

Comme toute métaphore, elle permet de mettre l'emphase sur certains éléments tout en réduisant d'autres aspects. Pour des interactions relationnelles elle surpasse une page web, pour ce qui est de transmettre des connaissances, par contre, elle manque de flexibilité. En fait, tout dépend de l'usage que l'on veut en faire, si on tient à juger de la pertinence ou non de la métaphore.

La location, la location, la location
Mais pourquoi cet engouement pour Second Life? (elle n'est pas la seule: Entropia Univers, There, Habbo Hotel, Cyworld). Voilà ce qui tient au lieu lui-même. La meilleure explication que je peux donner c'est que Second Life est comme _le_ bar en ville, le Studio 54 du mois, la saveur à la mode. C'est un bar, une discothèque, un salon où, par un effet d'entraînement social, tout le monde veut y être en même temps, pour voir et se faire voir.

Retenons ceci: c'est la place à être. Pour être vu. Point. Demain, il y aura un autre bar, discothèque, salon en ville qui aura la cote et tous changeront de place. Mais pour l'instant --combien de temps?-- c'est encore l'endroit où être. Certains ne s'y sont pas trompés (voir ML+SL), même si on sait que, éventuellement, la foule tue la foule. D'autres fuiront ces puériles mondanités.

Pas vu, pas linké
Pourquoi s'en préoccuper? Si vous ne buvez pas de bière et n'aimez pas sortir, peu vous en chaut que ce soit le bar in en ville. Mais si vous cherchez à rejoindre un public, à vous faire voir, entendre, connaître, il importe de savoir quelles sont les actions à faire pour faire parler de vous. Une tactique de relation publique de plus, quoi.

En ce sens, Second Life est populaire principalement pour le lieu lui-même, et relativement moins pour la métaphore (relativement dans le sens que nous sortons dans un endroit in moins pour son décor que pour la foule --même si à un moment donné le décor a joué un rôle dans le succès de l'endroit). Mais il n'est pas le seul lieu.

I was here
J'en tiens pour preuve les élections primaires américaines qui se tiendront sur mySpace, autre haut lieu en ville, en janvier 2008. Des élections symboliques, bien entendu. Mais vous pouvez être sûr que les candidats, et les médias, vont tendre l'oreille.

"Si on peut avoir des doutes sur le vote électronique, une telle masse de gens peut aider à dégager des tendances. Et même si on doit discuter de la validité de l’entreprise, il y a gros à parier qu’elle fera l’objet d’une énorme couverture médiatique… et donc qu’elle comptera."(Pisani)

Tout le monde virtuel en parle
On pourrait penser que des lieux plus stricts au niveau de l'enregistrement -et pouvant localiser l'usager- serait plus approprié pour tenir des "élections représentatives" (on pense à FaceBook qui demande un courriel valide associé à une université). Mais pourquoi MySpace alors? Ici, voyez-vous, même si la bière n'est pas bonne, la foule est agréable ;-)

La bible du design de formulaire

C'est un condensé des "best practices" pour designer des formulaires. À mettre entre toutes les mains.

Ça permet de ne pas se poser éternellement les mêmes questions et d'accélérer le processus de discussion entre tous les intervenants (designer, ergonome, scénariste, conseiller, client) en pré-prod pour les wireframes et les maquettes. C'est basé en partie sur des tests d'eye-tracking. (via Fred Cavazza; Image LukeW)

On se surprend ensuite de se rendre compte que ce sont des évidences. C'est le but! Standardiser une fois pour toutes et se concentrer sur les autres éléments du site. Comme le dit l'auteur, le but d'un formulaire, le seul, c'est qu'il doit être complété.

Téléchargez le d
ocument de synthèse sur les meilleures pratiques pour les formulaires en ligne de Luke Wroblewski :

== Best Practices for Web Form Design (ficher PDF, 3.9 MB). ==

Par exemple, on y apprend:
Comment positionner le libellé d'un champ:

- Le plus intuitif, si les champs sont habituels (nom, prénom, adresse, etc) reste l'alignement au-dessus du champ.
- Si l'espacement vertical devient trop critique, optez pour la gauche du champ, avec alignement à droite
-Si le type de champ n'est pas familier (formulaire technique) optez pour la gauche du champ avec l'alignement à gauche

Comment déterminer les types de boutons:

-Le bouton d'action principal (soumission) doit être clairement distinct des autres actions secondaires.
-Par exemple, une forme de bouton pour l'action principal et des liens pour les actions secondaires.
-Retirer le bouton 'soumettre' après utilisation pour éviter des envois multiples.

Comment gérer graphiquement les erreurs:

-Communiquer les erreurs de soumissions avec un message en haut de page et à côté du champ fautif; contrastez avec le contexte (couleur, grosseur)
-Redoubler le message d'erreur à côté des champs fautifs.
Évidemment, c'est mieux mis en page et bourré d'exemples, téléchargez-le vite! Best Practices for Web Form Design (ficher PDF, 3.9 MB).

La fonction de MyBlogLog

Pourquoi utilise-t-on MyBlogLog? Pour quelles raisons? Tentons une hypothèse.

Vous savez, MyBloLog, c'est ce service web qui permet d'afficher les visages et les noms de ceux qui visitent un site (pourvu que l'on se soit inscrit auparavant). Vous en avez un exemple sur la page d'accueil de Zéro Seconde (à droite, en bas, encore plus bas, oui, là).

Maintenant que les blogues sont devenus populaires auprès du grand public (entendre qu'ils ne pensent pas que l'on ne fasse qu'écrire nos peines d'amour au grand jour), ce service a connu une explosion fulgurante. C'est à mon avis une façon sophistiquée pour les membres de la blogosphère (ceux qui la produisent) de se réseauter encore davantage.

Les défileurs (blogrolls), ne suffisent plus. Les pisteurs (trackbacks) ne marchent plus. Les statistiques ne répondent plus à la demande. Il s'agit en fait d'un filtre pour permettre de se retrouver "entre nous". MyBlogLog n'affiche que ceux qui sont inscrits et ce ne sont (actuellement) principalement que des blogueurs.

La condition pour utiliser (et rendre utile) MyBlogLog c'est:

1. D'avoir une présence sur le web;
2. Vouloir la faire connaître, sa présence;
3. Agrandir son réseau.

C'est la fonction principale de MyBlogLog : desservir les blogueurs pour qu'il se retrouvent.

Code de distinction

Avant, la blogosphère était son propre producteur-consommateur. Aujourd'hui, nos visites ont décuplé, les visiteurs arrivent de partout. La blogosphère s'est retrouvé une façon de se retrouver entre producteurs de contenu..

Justin.tv : le monde comme spectacle

Quinze jours. Voilà 15 longues journées de 24 heures que Justin porte une caméra web sur sa casquette de jeune américain de la côte ouest. Relié en direct sur Internet. (via InternetActu et dGdlV)

Truman show? EdTV? Louis 19? Lonelygirl15? Justin, lui, est bien réel. On ne le voit pas, lui, nécessairement, mais on voit ce qu'il fait. Question de savoir ce que c'est que d'être Justin. Sortir avec ses amis. Se déplacer. Ranger de la vaisselle. Dormir. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Jusqu'à la fin de ses jours. Y compris ses moments au petit coin. Et éventuellement ses acrobaties au lit...s'il trouve quelqu'un (une fille dans son cas, si vous êtes curieux - à San Francisco on est très ouvert d'esprit).


C'est Loft Story, sans montage, sans studio. Sans compétition. Vous êtes invité à participer sans inscription. L'horaire de Justin est affiché sur son site. Son téléphone aussi. Vous faites partie de sa vie. Sa vie est sur le web. Le monde est son décors.

C'est le premier show que l'on ne pourra jamais écouter au complet, sans mettre sa propre vie entre parenthèses. Je doute qu'il le fasse toute sa vie. C'est une façon d'attirer l'attention. Des médias? Sûrement. À l'heure actuelle, il y a une prime pour ceux qui savent attirer l'attention des masses.