ZEROSECONDE.COM: 2011 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Les immigrants en circuits imprimés

En faisant la chronique techno, pour l'émission La Sphère à la Première chaîne de la Radio de SRC, durant la saison d'automne 2011, j'ai parlé, entre autres choses, de robots. J'ai été surpris de voir que la robotique était si avancée et que la réalité n'a plus grand-chose à envier à la science-fiction.

Et ce qui m'a sauté aux yeux, plus que tout, c'est que le Japon et la Corée (du Sud) sont très en avance de ce côté.




Que l'Asie soit plus en avance que l'Occident me surprend moins que les raisons qui les poussent à l'être.

L'immense majorité des avancées robotiques concerne le soin aux aînés ou certains travaux manuels répétitifs. Ces robots, "aidants mécaniques", se veulent la relève d'une force de travail en déclin: les populations japonaise et coréenne vieillissent, il y a moins de jeunes sur le marché de travail. La relève n'est pas là. Et les hôpitaux et les centres pour personnes âgées se retrouvent avec un déficit de personnel. D'où la recrudescence de robots "aidants"...

De gros robots carrés sans âme au début, ces robots ont depuis pris une allure humaine de façon si poussée que ceux qui n'ont pas suivi les progrès de la robotique japonaise seront surpris de voir à quel point les robots ont une forme humanoïde très ressemblante -- et troublante.

Compréhensible. Qui veut être soigné par une boîte de conserve? La robotique a pris depuis 15 ans une tournure du côté de la recherche de l'émotion artificielle, question de paraître plus humaine.


Mais ce que je retiens, c'est qu'une caractéristique culturelle -- le refus de se mélanger avec d'autres?-- ont motivé les asiatiques à bâtir une industrie qui avance à une telle vitesse que leur société sera complètement modifiée et où ne circuleront que des vieux portés par de jeunes robots...

Et du coup, ici aussi, nous serons touchés.

Ce qui expliquerait pourquoi une télé suédoise propose une série télé "Äkta Människor" --"Real Humans"-- (bientôt en anglais) sur, justement, un monde où on ne distingue plus un humain et d'un robot...






(bande annonce de la série télé) Via Spectrum.ieee.org

Qu'en pensez-vous?


GoDaddy perd des dizaines de milliers de sites


Le projet de loi Stop Online Piracy Act (SOPA), nom soporifique, mais Ô combien dangereux, veut permettre au gouvernement américain et aux ayant droits d'attaquer en justice et de barrer sur Internet tout site web suspecté de diffuser du contenu sous copyright sans autorisation.

«Barrer sur Internet» comme dans liste noire, censure et disparition complète des moteurs de recherche.

Banksy
Si vous pensiez que ça ne concerne que les Américains, détrompez-vous, si votre site dans votre pays ne plaît pas à une entreprise aux États-Unis, les fournisseurs d’accès et les moteurs de recherche américains n’auront pas d’autre choix que de bannir votre adresse en ligne sur simple demande grâce à cette liste noire, et ce, avant même qu’il n’y ait procès. C'est une arme commerciale de plus.

Vous pensez encore à l'abri? Vérifiez où se trouvent vos serveurs (et vos datas dans l'infonuagique!). S'ils sont chez un fournisseur américain, hé hé, bonne chance.

29 décembre: Dump GoDaddy Day

Heureusement, les internautes américains ne se laissent pas faire:
«Le registrar GoDaddy a été l'un des premiers à en subir les conséquences : à peine son nom figurait dans une liste de sociétés favorables au texte de loi [PDF] que l'entreprise perdait 21 000 noms de domaine en une seule journée, ces propriétaires de sites migrant leur bien vers un autre registrar pour montrer leur mécontentement.

Un site demandant le boycott de GoDaddy a même été mis en place, amenant la société à retirer son soutien au texte de loi.

Autant dire qu'à partir de maintenant, les sociétés vont faire attention avant d'afficher leur soutien à Sopa...»

Source: Abondance Actualité, SOPA : la loi qui veut censurer et blacklister le Web
Malgré sa rétraction, GoDaddy ne va pas s'en tirer facilement. Un site rapporte que c'est plus de 37 000 sites qui ont quitté le fournisseur. Le 29 décembre est déclaré: Dump GoDaddy Day. La riposte fait mouche!

Cette vidéo donne un aperçu de SOPA:
 
PROTECT IP / SOPA Breaks The Internet from Fight for the Future on Vimeo.

Plus d'info sur le site de Matt Cutts

Lire aussi Read Write Web: How SOPA Would Kill Art & Creativity Online


Scenius: La scène géniale

Une écologie des idées demande un ensemble d'acteurs, pas seulement quelques génies. Pour qu'émergent des "génies", il doit d'abord y avoir un écosystème fertile rempli de joueurs de talents. Un génial acteur ne peut apparaître seul: il a besoin de supports, de collègues, de lieux, d'investisseurs, de facilitateurs, chacun étant un petit génie dans son domaine, pour permettre à un "grand" d'émerger et de passer à l'histoire.


Brian Eno propose le terme "scenius" (contraction de genius et scene) pour décrire ce qui rend un lieu (spatio-temporel) si fertile pour ses joueurs. Il dit qu'il serait même plus pertinent de voir le tout comme une "scène géniale" (scenius) plutôt que de tenter d'expliquer les succès sous forme de "grands génies" sortis de la cuisse de Jupiter.
Brian Eno (2009) : «I was an art student and, like all art students, I was encouraged to believe that there were a few great figures like Picasso and Kandinsky, Rembrandt and Giotto and so on who sort-of appeared out of nowhere and produced artistic revolution.

As I looked at art more and more, I discovered that that wasn’t really a true picture.What really happened was that there was sometimes very fertile scenes involving lots and lots of people – some of them artists, some of them collectors, some of them curators, thinkers, theorists, people who were fashionable and knew what the hip things were – all sorts of people who created a kind of ecology of talent. And out of that ecology arose some wonderful work. 

The period that I was particularly interested in, ’round about the Russian revolution, shows this extremely well. So I thought that originally those few individuals who’d survived in history – in the sort-of “Great Man” theory of history – they were called “geniuses”. But what I thought was interesting was the fact that they all came out of a scene that was very fertile and very intelligent. 

So I came up with this word “scenius” – and scenius is the intelligence of a whole… operation or group of people. And I think that’s a more useful way to think about culture, actually. I think that – let’s forget the idea of “genius” for a little while, let’s think about the whole ecology of ideas that give rise to good new thoughts and good new work.» (source
Internet permet de connecter la scène des idées à Montréal et au Québec en général. Pour qu'un bon blogueur soit reconnu, il lui faut un bon public. Webcom, Yulbiz, la maison Notman, Alliance Internet, tous les camps, ont besoin d'un écosystème pour rayonner. 

Il n'y a pas d'initiative isolée. La scène doit être géniale pour qu'émergent des acteurs géniaux.

Scenius St-Hyacinthe

J'encourage ces temps-ci la création d'un Yulbiz à St-Hyacinthe. Le premier travail consiste à faire prendre conscience aux acteurs du coin qu'un certain talent numérique se trouve dans cette région. Un Yulbiz est une rencontre qui permet d'envoyer ce signal à tous les acteurs de la région que localement un écosystème peut se mettre en place. 

Et cet écosystème mettra en relation des acteurs de talents qui sauront émerger pour créer un scenius distinct (ou complémentaire) de Montréal, comme il existe déjà à Québec et se forme à Trois-Rivières (et probablement ailleurs aussi au Québec)

Un travail qui demande patience et persévérance. 

Un de mes clients de la région, l'Hôtel des Seigneurs, se veut un rassembleur. Il organise un Yulbiz en début 2012 (date à déterminer). Étant au fait que les réseaux sociaux représentent une opportunité, il n'hésite pas à provoquer l'émergence d'une scène locale pour qu'elle prenne conscience de son existence (au lieu d'être éclipsée par Montréal, Sherbrooke et Trois-Rivière.)

Et chaque joueur a ensuite intérêt de voir cette scenius se développer près de chez eux.

Le red light d'internet

Depuis une semaine et demie, les adresses internet se terminant part .xxx au lieu des traditionnels .com ou .net sont disponibles à la vente.

Le nouveau nom de domaine, qui a été approuvé au début de cette année par l'Icann, organisme chargé de la réglementation des noms de domaine dans le monde entier, est devenu une réalité après des années de combats. 

On se rappelle que l'Icann refusait en 2006 d'ouvrir ce type d'adresse (voir mon billet). Mon avis à l'époque était: à quoi peut bien servir un tel suffixe? À part d'être une trappe à con pour faire payer toutes les grandes marques du monde pour éviter que leur nom de domaine soit squatté...

Les dessous intimes d'une adresse louche

Selon les estimations, on pense que 500 000 sites pourraient s'ouvrir avec un .xxx. Un sacré pactole.

Selon des chiffres de l'ONG Internet Engagement social et Responsable (ICSR), la pornographie sur internet génère 3000$ de revenus à la seconde (!!) dans le monde, et le terme «sexe» représente un quart des recherches les plus fréquentes sur la toile.

Premier avantage: les sites en .xxx peuvent être facilement bloqués dans les entreprises. Mais qui est encore assez con pour naviguer sur un site porno au bureau. Mais je ne crois pas que ce soit leur cible primaire.

Ça reste en fait une taxe déguisée, car les grandes firmes ont réservé leurs noms de marque et de produit pour se protéger contre les petits malins (Pepsi, Coke, Hydro-Québec).

En fait, ce qu'on risque de voir, ce sont des barrages de top domain level a un niveau étatique: certains pays vont commencer par filtrer les .xxx au nom des moeurs. Ensuite, j'imagine qu'ils auront carte blanche pour filtrer d'autre site à la pièce... 

Photo: Mark Hillary

Un cyberombudsman sur Facebook pour contrer l'intimidation à l'école

Dans le dernier mois, la notion d'intimidation chez les jeunes et de cyberintimidation (cyberbullying) dans les réseaux est passée au premier plan de l'actualité. Voici ressources et une idée pour votre école: un cyberombusdsman pour Facebook.
Beaucoup de ressources existent pour l'école et les professeurs pour contrer les cyberintimidation.

- Des ressources pour la classe destinées à contrer la cyberintimidation (5e année jusqu’au secondaire)

- Plan de module (ado-santé)

- Guide d’intervention pour les écoles secondaires

Édouard Morissette propose ici une liste de ressources si vous désirez aller plus loin.

Le sujet n'est clos pour autant, ni nouveau (François Guité en parlait dès 2008 et probablement Mario Asselin aussi), mais je désire apporter une piste de solution dans le débat.

Que doit faire un professeur sur Facebook?

Il n'y a pas encore de convention clairement établie pour l'usage d'un compte Fcebook pour les professeurs. Il semble que la tendance pousse les professeurs à ne pas accepter les demandes de mise en contact sur Facebook de leurs étudiants (particulièrement pour les jeunes étudiants).

Le professeur a complètement intérêt à séparer sa vie "privée" (si privée veut dire quelque chose sur Facebook) de sa vie scolaire, et avec raison. Ou alors, il gère son compte personnel comme il gère un compte corporatif. Il est préférable pour un professeur de s'ouvrir une page professionnelle sur Facebook pour ses étudiants, s'il veut garder son compte perso pour ses (vrais) amis. Sur sa page professionnelle, il a alors tout le loisir d'orienter les discussions uniquement sur les cours.

Mais comme il n'a pas accès à ce qui est échangé entre les étudiants sur leur compte personnel, c'est une piètre solution pour contrer la cyberitimidation sur Facebook (ce qui dépasse de toute façon son mandat).

Voici une idée pour aider une élève en détresse sur Facebook:

Un cyberombudsman pour l'école comme ami Facebook

Je pense que cette idée vaut la peine d'être développée: créer un compte "ombudsman Facebook" pour l'école, un compte "personnel" mais clairement identifié comme étant un compte de "l'ombudsman" de l'école.

Pour des raisons économique, mais aussi éthique, ça pourrait aussi être un ombudsman de la commission scolaire ou d'un regroupement d'écoles.

Cet "ombudsman" peut être géré par une ou plusieurs personnes, mais de façon complètement confidentielle (probablement des psychologues ou autres intervenants professionnels).

Les enfants qui se sentent menacés d'intimidation sauront qu'ils peuvent "devenir ami" avec cet ombudsman qui pourra alors scruté les conversations pour offrir une aide personnalisée.

Avoir un cyberombudsman permet donc, comme un surveillant dans la cour d'école, de signaler que les règles de civilité s'appliquent aussi en ligne.

La pratique doit être strictement encadrée (en particulier pour tout ce qui concerne la confidentialité). Mais une fois ces paramètres balisés , votre école pourra donner suite à des appels au secours de jeunes qui se disent dans une situation de cyberintimidation («devient ami avec ce compte-là!»). La contrepartie pour l'élève, c'est de laisser ce "surveillant" venir observer ce qui se dit réellement afin de lui venir en aide.

Il se peut que l'école ait à travailler avec un réseau social plus étendu pour supporter cette initiative. Ceux qui sont sérieux à vouloir lutter contre la cyberintimidation (sur Facebook) devrait se pencher sur cette idée.

N'hésitez pas à commenter pour améliorer cette idée.

Duplex maison en direct du LeWeb

À Paris, pour LeWeb 2011, Christian Aubry (@amicalmant) s’était donné comme défi de faire, sur place, des entrevues de blogueurs et autres experts en techno, en direct sur la plateforme de Ustream. Puis il les téléchargeait sur YouTube. Partage du premier essai en duplex avec Montréal.

Avec lui, on a essayé de voir si l’on pouvait faire une entrevue en passant par Skype, ce qui demandait de faire entrer ce flux dans sa console pour qu’elle repasse ensuite par Ustream, et ce, en direct!

Dans la vidéo ci-dessous, vous verrez notre premier essai, live. Le résultat final est somme toute très intéressant, vu les conditions. Il faut savoir qu’il y avait une distorsion épouvantable dans mes écouteurs; j’entendais à peine l’interviewé, qui lui ne m'entendait que si je parlais fort et près du micro. De plus, le décalage de cinq secondes entre l’image et  le son de mon côté, ça rendait l’entrevue plus difficile.

C’était un bon essai, qui démontre la faisabilité d’un « duplex maison ». Il ne reste qu’à peaufiner la technique pour que dans les « coulisses » ça se passe mieux.

Premier essai

Dans le premier interview, je questionne Benoît Descary qui se trouvait à Paris. «Qu’est ce qu’un blogueur qui est quotidiennement à l’affût des nouvelles technologies et des usages numériques vient chercher à LeWeb ?» Benoit se livre ici à un tour d’horizon très sincère sur ce qu'il pense de ce type de colloque



 [0:25] Il donne sa première impression du LeWeb 2011: la valorisation de ce type de colloque tient dans les échanges que l'on peut avoir avec les autres participants.
[1:43] Interrogé à savoir si c'est alors une forme de 5 à 7 de luxe, il précise que c'est plutôt une façon simple d'échanger avec des gens de son réseau qui sont en France et qu'il n'a pas l'occasion de voir aussi souvent.
[3:20] Est-ce qu'alors, être à Paris, plutôt qu'ailleurs apporte un avantage différent? Oui, car la culture y est fort différente sur la façon de percevoir les nouveaux services

D'autres interviews se retrouvent sur mon blogue de Radio-Canada

CRM 809 Enjeux des technologies émergentes

Je donne un cours à la maîtrise à l'Université de Sherbrooke en communication appliquée cet hiver. Le thème est cousu main pour moi: les enjeux des technologies émergentes. Le cours sera donné les lundis soir au Campus Longueuil. La particularité de ce diplôme est qu'il est ouvert aux adultes dans une optique de formation continue. Il reste des places. Plus d'info ici ou écrire à Dany Baillargeon, coresponsable de programme.
Crm809
Objectifs

Développer une compréhension globale des enjeux associés aux technologies émergentes et aux environnements médiatiques en mutation.

Contenu

Après une décennie qui a vu la montée et l’imposition des médias sociaux comme un ensemble de technologies émergentes incontournables dans la société, les communications et sur le marché, nous assistons à une consolidation de ces nouvelles pratiques et l'émergence de nouveaux modèles d'affaires

Nous verrons comment rester critique face à la montée des nouvelles technologies, mais sans cacher qu'elles indiquent des points de rupture à plusieurs niveaux dans les médias, la société et les entreprises.

La surabondance des contenus générée par les nouvelles technologies émergentes change les rapports de force entre les individus, les consommateurs, les organisations et les compagnies. Nous aborderons ces nouveaux changements via ce qui est convenu d'appeler les médias sociaux et examinerons les impacts dans la société civile en général et les entreprises en particulier et sur les notions d’autorités et d’expertise.

Plan de cours

La première partie du cours portera sur les impacts des médias socio-numériques sur la communication. La deuxième partie sera axée sur les stratégies d'entreprises pour être présente dans les réseaux sociaux. La dernière partie touchera la culture du web 2.0.

Les travaux permettront aux étudiants de se familiariser avec les outils dans un but de comprendre empiriquement comment réussir une présence en ligne selon des objectifs qu'ils se sont fixés. L'emphase est moins mise sur l'établissement d'un plan rigide que de rester flexible pour l'adapter aux réalités.

Le processus devrait mener un étudiant novice dans les médias sociaux à posséder un ensemble de compétences qui lui permettra de rayonner dans sa sphère d'expertise au bout de quelques mois.

Plan de cours CRM 809 Enjeux des technologies émergentes 2012

Bande de veinards

Pour les lecteurs de Zéro Seconde, je vais publier, autant que faire se peut, tout au long de ces 15 cours des documents complémentaires au cours que vous pourrez consulter gratuitement et vous êtes les bienvenus pour commenter. Si vous suivez le mot clé #crm809, vous serez même en mesure de profiter des conseils que je vais prodiguer à la classe.

(source image)

Des robots mous, Google indoors, surveillance massive

Voici en résumé le contenu de ma chronique que j'ai donné aujourd'hui à l'émission La Sphère à la Première Chaîne de la radio de Radio-Canada, animée par Matthieu Dugal, le samedi 3 décembre 2011 (disponible en ballado).


Voici les thèmes abordés:

Des ressources pour la classe destinées à contrer la cyberintimidation
Plusieurs leçons sur la cyberintimidation (5e année de primaire à secondaire) disponibles pour les éducateurs, et elle sont vraiment très pertinentes:
Des robots mous

On connait les robots sous formes humaines, en fer et en OS. Mais on n’avait pas encore essayé de fabriquer un robot mou comme un mollusque, sans aucun morceau dur, qui se tortille pour passer sous les obstacles. (via Ars Technica)

Bâti avec du polymère élastique, sans aucune composante dure à l’intérieur, il se déplace dans un mouvement qui rappelle celui de l’étoile de mer et à la fois celui de la chenille, par air comprimé. Il arrive à passer sous les portes.


La preuve de concept ici consiste à démontrer que les robots mous programmés avec une série d’actions très simples peuvent avoir des types de mouvement très complexe.

Google Map rentre à l’intérieur des bâtiments avec Google Indoors

Le célèbre logiciel de cartographie va bientôt vouloir rentrer chez vous dans votre maison. Google Map cartographie l’intérieur des grands centres d’achat et des aéroports. Un module «faites-le vous même» est disponible pour les entreprises qui veulent cartographier leur intérieur. (Via Ars Technica.)

Le service est offert uniquement sur mobile Android.



Google rattrape ainsi son retard, car Microsoft offre déjà les cartes d’intérieur des grands magasins pour ces cellulaires Windows et des aéroports pour les ordinateurs.

Wikileaks s’attaque aux réseaux de surveillance massive

287 documents rendus publics jeudi par Wikileaks montrent que le marché de surveillance de masse représente 5 milliards de dollars. Une industrie florissante se bâtit depuis 2001 sur le filtrage des flux internet et téléphonique à l’échelle d’une nation entière.

Sources:
http://spyfiles.org/
http://owni.fr/2011/12/01/spy-files-interceptions-ecoutes-wikilleaks-qosmos-amesys-libye-syrie/
http://projects.wsj.com/surveillance-catalog/#/
http://www.rue89.com/2011/12/01/wikileaks-revele-un-marche-mondial-de-lespionnage-et-de-la-surveillance-227131

Knol plie bagage

Google fait le ménage. Quelques canards boiteux devront rentrer chez eux. Knol en fait partie.



Knol se voulait une plate-forme encyclopédique ouverte au public. Comme Wikipédia. Une encyclopédie ouverte au "contenu généré par les utilisateurs". Mais contrairement à Wikipédia , les auteurs signaient leurs articles et pouvaient se voir payer par la publicité gérée par Google.

Camille Gévaudan sur Écran résume bien la situation
Le fait que les auteurs ne soient pas tenus à la neutralité de point de vue, comme sur Wikipédia, a contribué à tirer vers le bas la qualité de l’ensemble.
Contre toute attente, la collaboration quasi anonyme dans Wikipédia a généré plus de qualité que dans Knol.
Les Knols ne sont pas des articles encyclopédiques ; ce sont des opinions, des billets de blog. Les critiques de films et de jeux vidéo, les recettes de cuisine et les tutoriaux ont pullulé, mais pas de la main de critiques professionnels ou de chefs reconnus. 
Lors de son lancement en 2008 je me demandais si Knol n'était pas une tentative de Google d'entrer sur le terrain de la diffusion de contenu en devant d'une certaine manière éditeur et non plus simple agrégateur.

Visiblement Google est plus à l'aise de travailler avec des robots et des algorithmes qu'avec des gens et du contenu...

Knol fermera ses portes définitivement en 2012.

Du journalisme sans journaliste


Je suis du coin de l'oeil le développement du journalisme à l'ère de réseau. Je m'intéresse plus particulièrement à l'arrimage entre les médias et le réseau en traquant la façon dont l'écosystème se modifie.

Pour l'instant, comme chroniqué, ici, sur mon blogue sous la catégorie Journalisme, on a pu voir comment lentement les deux sphères se sont rapprochées, et de quelle façon la greffe a pris.

Je crois qu'un «nouveau journalisme» émergera de cette rencontre. Ce terme est celui utilisé pour nommer les nouvelles pratiques journalistiques, pas nécessairement pour annoncer la mort ou le replacement du journalisme actuel en tant que tel. Le journalisme traverse une crise qui a débuté bien avant le Web mais qui s'est accélérée avec celui-ci.

Nul n'est journaliste en son pays

Les journalistes membres de la Fédération des journalistes du Québec (FPJQ) iront à leur congrès annuel la fin de semaine prochaine. Gageons avec eux qu'ils n'avaient pas en tête cette image du «nouveau journalisme» tel que décrit par Stéphane Baillargeon dans son article de ce matin intitulé Les Kleenex de Québecor:

«Un journal sans journalistes, sans pupitreurs et sans photographes se prépare. À partir de maintenant, le contenu rédactionnel de 24 Heures - Montréal sera en bonne partie fournie par l'agence QMI, dont le JdeM, puisque les deux médias couvrent le même territoire. Le tout nouveau patron du journal gratuit vient aussi du journal payant. »

Mais peut-on être surpris? Les journaux comme le Journal de Montréal (JdM) sont complètement court-circuités par les médias sociaux. Vous voulez voir du gore ou du trash en première page? Pas besoin d'attendre le lendemain matin. Vous avez déjà tout reçu sur Tweeter ou Facebook. Et sous plusieurs angles. Merci au «journalisme citoyens». Quel intérêt d'avoir une photo de Kaddafi mort, si on a pu le voir se faire massacrer en direct sous des caméras cellulaires la veille (voir mon billet : Le retour de la brutalité en temps réel).

Ce type de «journalisme» a complètement été submergé par les réseaux sociaux.

Follow, baby, follow

Mais ce journalisme n'est pas mort pour autant. Il se transforme. Il fait maintenant des "reportages" ou des "sondages" pour surfer sur «l'indignation rampante». Ça existait avant, ça va simplement s'accélérer. Le "data-journalisme" sous forme d'épluchage de compte de dépense ou en fouillant les poubelles, ça c'est quelque chose que le «journalisme citoyen» ne fera pas facilement. Ça, c'est une opportunité. Et vous en verrez de plus en plus.

Qu'un lectorat s'y abreuve est un tout autre débat.

Qu'ensuite on automatise le tout, en employant le moins possible de personnel, n'est qu'une conséquence d'une vision industrielle de l'information comme commodité. La «nouvelle jetable» est rentable... si on contrôle toute la queue de la longue traîne. Ce que Québécor tente probablement de faire.

Je n'avais pas nécessairement ça en tête quand je me réjouissais de la greffe entre les grands médias (terme que je préfère à média traditionnel) et les médias sociaux (terme pour signifier toute plateforme permettant une autoproduction et une autodiffusion d'information).

À ce niveau, il n'est plus question de savoir si les médias sociaux sont des parasites ou non des grands médias. Avec ce «nouveau journalisme» qui s'installe dans cette partie de la sphère journalistique, on est passé à une fusion symbiotique. On ne sait plus qui se nourrit de qui.

Compte rendu (partiel) du Web-in 2011


Petit retour (partiel) sur le Web-in de lundi dernier dont je vous avais parlé. Je reprends un partie de ce que j'ai écrit sur Triplex pour le bénéfice des lecteurs de Zéro Seconde!
Jean-François Poulin met la table dès le début : sur l’échelle de Kardashev, méthode de classement des civilisations basée sur la quantité d’énergie qu’elles sont capables de capter, nous ne serions qu’une civilisation inférieure au type I (civilisation capable de bien gérer toute l’énergie de sa planète mère).
Notre civilisation est loin d’avoir atteint son plein potentiel (après le type I, une civilisation de type II parvient à capter toute l’énergie de l’étoile centrale : vous voyez le chemin à parcourir!  – et je vous laisse deviner ce qu’il faut pour appartenir au type III!). Elle n’en est même qu’à ses tous premiers balbutiements.
Dans ce contexte, Internet s’avère probablement le meilleur moyen pour conserver l’expérience et la retransmettre afin de s’améliorer collectivement. Pour ce qui est de rassembler cette masse d’information, Luc Gauvreau se propose de commencer par colliger tout ce qui concerne Montréal dans son Montréalscope, une énorme base de données (images et textes) concernant exclusivement Montréal. En rêvant de capturer aussi tous les gazouillis et les géopositionnements librement consignés par ses habitants, il veut laisser au futur des traces du présent.
Il soulève en passant que si la problématique de la géolocalisation est désormais bien réglée, grâce à une multitude d’outils disponibles aujourd’hui, la « chronolocalisation » reste un enjeu (et on voit, avec Facebook Timeline, les premières tentatives pour situer des événements dans le temps). Représenter les mouvements géographiques sur une ligne chronologique n’est pas quelque chose de très développé encore (plus de détails ici).
Vous voyez un peu le niveau. On était seulement à la mi-matinée! Le reste de la journée s’est écoulé sur le même ton, en s'accélérant!
Véronique Marino propose de faire le parallèle entre deux désarrois : celui que nous ressentons face à la surabondance d’information et celui que peuvent ressentir des personnes autistes. Parce qu’ils éprouvent de la difficulté à concevoir des notions abstraites, ils ont du mal à donner du sens à ce qui les entoure – probablement un sentiment partagé par plusieurs d’entre nous lorsque nous sommes confrontés au tsunami de l’information et à l’accélération de l’innovation.
Il y aurait beaucoup à apprendre des techniques que les autistes ont appris à utiliser pour survivre au bombardement d’information (voir le programme TEACCH). Alvin Toffler annonçait déjà dans les années 70 que la brièveté, la nouveauté et la diversité (exactement ce qui effraie les autistes) étaient d’importantes sources d’angoisse et que les illettrés au 21e siècle se trouveront parmi ceux qui ne sauront pas « apprendre, désapprendre et réapprendre ».
Une des manières d’apprendre, justement, serait de le faire par l’intermédiaire de ces communautés en ligne, ces forums ou réseaux sociaux. Bruno Boutot, lui, considère ces médias sociaux comme complémentaires aux médias traditionnels. En créant un lieu virtuel d’échange en ligne (de commentaires, de photos, etc.) en périphérie des médias traditionnels, on ne les remplace pas (car ils sont et doivent fondamentalement rester unidirectionnels), mais on leur donne la possibilité de connaître l’identité de leur auditoire, qui cesse donc d’être une simple statistique.
Il signale alors l’erreur d’appréciation qui a généré tant de tension au moment de l’arrivée du web dans la sphère des médias : il ne faut pas voir ces communautés virtuelles comme une extension des médias, mais comme un espace voisin, les deux vivant en symbiose. Il est même souhaitable que ce ne soit pas nécessairement les mêmes qui gèrent les deux extrémités de cette chaîne médiatique.
Ce n'est qu'une vue partielle de qui s'est dit au Web-in! Vous pouvez voir l'entièreté de l'événement ici.
Vivement Web-In 2012!

Quand le message est rabaissé au rôle de moyen

Ce que j'aime de la blogosphère, ce sont les conversations.



Elles ont migré pour la plupart sur les plates-formes de réseautage social. En partie, tant mieux. Les conversations futiles (ou personnelles) sont maintenant sur Facebook (et j'y vais pour cette raison), les conversations courtes ou relais (passer un lien) sont sur Twitter (et je l'utilise pour ça). Les questions-réponses sont sur Quora et les appels pour sortir sont sur Foursquare. Quant à Linkedin, c'est le CV constamment à jour. Google Plus est un mélange de tout ça, mais la communauté n'est pas stabilisée encore.

Mais des conversations dans Slideshare?

En général je n'y vois que des commentaires sans vraiment de lien. Mais quand ça arrive, comme dans mon cas quand j'ai déposé ma présentation Le Contenu n'a plus de valeur, ça vaut la peine de la recopier et de la remettre dans la blogosphère.
Conversation originale sur Slideshare

Michel Roland-Guill: Belle présentation, efficace et qui me pose une question, essentielle amha: le lien est-il le moyen du contenu (influenceurs, médiateurs) ou le contenu le moyen et le lien la fin? Ce qui signifierait une mutation fondamentale, et en apparence régressive: la prééminence du lien n’est-elle pas la caractéristique pré-littératique, féodale par exemple?

Martin Lessard: Je ne serais peut-être pas prêt à dire que c’est une ‘mutation fondamentale’ dans le sens que ce phénomène pré-existe au web (voir les études de Lazarfeld et son Two-Step flow), même si ce n’est peut-être pas dans le même contexte, ni à une telle échelle.

Je dirais que je tente de remettre en relief le fait que les échanges communicationnels ont une composante sociale qu’on a tendance à sous-estimer.

En titrant que le Contenu n’a plus de valeur, je pose en creux cet état de fait.

Je laisserai un anthropologue répondre à votre dernière question 

MRG: Je ne suis pas sûr qu’on ait tendance à sous-estimer la composante sociale, tout dépend du ’on’ que l’on (!) suppose.

Par exemple les outils de gestion des signets en ligne se sont appelés, au début du web 2.0, ’social bookmarking’ alors même que leur utilité la plus évidente et immédiate était dans la gestion personnelle de ses signets, ie dans leur orientation «contenu». Voir aussi aujourd’hui les réflexions d’Hubert Guillaud sur la lecture sociale, celles de Marc Jahjah sur le partage des annotations, ou celles de mon ami Christian Jacomino sur le partage de la lecture à voix haute.

Et en amont encore, il y a le travail des théoriciens du texte qui ont déconstruit la notion d’oeuvre. Il me semble qu’aujourd’hui au contraire la tendance massive est à la revalorisation de la composante sociale, votre présentation l’illustre et ce qu’elle montre, et qui me pose question, c’est que cette promotion de la composante sociale ne se limite pas à l’estimation, à l’idée que l’on se fait des échanges communicationnels, mais qu’elle concerne l’évolution même des pratiques.

’Mutation fondamentale’ est peut-être une facilité de langage, mais n’a de sens que dans le contexte particulier des échanges en ligne. D’ailleurs, s’agissant de Lazarfeld, je remarque que sa théorie vise à décrire le mode de percolation des idées, où les leaders d’opinion sont des vecteurs, c’est-à-dire que le sujet reste en fin de compte le contenu.

Votre présentation pose bien la question anthropologique (justement) amenée par l’évolution des pratiques: lorsqu’on envisage le rôle des ’influenceurs’ on reste dans le cadre de la problématique de Lazarfeld, de la diffusion des idées/contenus, mais lorsqu’on pose que le partage devient la valeur, c’est bien d’une mutation qu’il s’agit, où le ’massage’ social devient la fin et le message est rabaissé au rôle de moyen (on pourrait soutenir qu’il en a toujours été ainsi, mais il faudrait alors parler d’une ruse de la raison qui fait consonner deux logiques différentes selon un équilibre éventuellement mis en péril – mais ce serait dépasser les limites d’un commentaire déjà beaucoup trop long  ).

ML: Je dois dire que le YulContenu était une rencontre de jeunes ‘gestionnaires de communauté’ de 20 à 30 ans, pas particulièrement familier avec la théorie (je n’ai d’ailleurs pas cité Lazarfeld). C’est le ‘on’ de mon précédent commentaire.

Votre précision me fait penser que finalement je touche un sujet plus près de McLuhan que de Lazarfeld peut-être. Mais il est vrai qu’une grande partie du contenu social échangée actuellement concerne une forme de communication phatique. Mais j’imagine qu’il faudrait alors commencer à bien délimiter les termes de nos objets avant de poursuivre notre conversation.

Mais poursuivons quand même. Je vais prendre un exemple.

Je suis bien l’évolution de l’écrit et de la lecture à l’ère des réseaux (sans en être un expert comme Hubert). Je sais que si le contenu a une valeur, tout de même, elle est pourtant maintenant effectivement éclipsée dans un monde de surabondance d’information par la relation (je vais lire Hubert avant de lire Marc, parce que je le connais personnellement). La relation ne se limite pas à des rencontres physiques non plus et Marc entrera éventuellement dans ‘ma sphère d’experts’.

Par contre, n’étant plus dans un monde de rareté (relative) d’information, Marc aura grand peine à y entrer tant qu’Hubert réussit à satisfaire (saturer) ma curiosité à ce niveau. La valeur du contenu de Marc n’a donc ‘pas de valeur’ à mes yeux. Il pourra être revalorisé quand mon réseau (ma ‘sphère d’experts’) l’inclura davantage comme un incontournable (ou suite à des rencontres personnelles).

C’est effectivement le sens de ma présentation que vous résumez de si bonne manière: le message est rabaissé au rôle de moyen. La sélection des contenus (à contenu égal) se fait pour des raisons d’appartenance à une communauté (à la construction de celle-ci).

J’ai tout de même l’impression que c’était quelque chose de déjà présent dans la culture et que seul le partage à très grande échelle, comme on le voit sur Internet, le rend plus visible (d’où mon appel à un anthropologue qui connaîtrait la situation — tiens j’en connais un, je vais lui demander…)

Enkerli: (Content de voir des mentions de l’anthropologie, surtout qu’elles semblent pertinentes…) Pas facile d’embarquer en cours de route et j’ai pas tellement la possibilité de me concentrer là-dessus, en ce moment. Mais je vais essayer de contribuer à vif, après une lecture par trop fragmentaire. Un peu comme si j’arrivais dans une salle de conférence à la fin d’une période de questions. On peut dire que c’est la partie «regard éloigné» du travail anthropologique.

Donc, si je comprend bien, on parle du passage du «contenu en soi» à la «lecture sociale». Une grande question sous-jacente, c’est de situer ce changement dans un contexte plus large. Un truc qui se discute souvent, dans le contexte de l’émergence de nouvelles pratiques, c’est le degré de discontinuité entre ces nouvelles pratiques et ce qui les a précédées. Le discours sur l’innovation fait souvent appel à des concepts de «révolution», de «disruption» et de «changement fondamental». Selon ce discours, la lecture sociale est un phénomène fondamentalement nouveau, qui nécessite une description d’un ordre nouveau.

Le contrepoint de ce discours ajoute, bien sûr, une notion de «continuité», d’«évolution», voire d’«émergence». C’est le fameux «rien de nouveau sous le soleil». Dans cette optique, la lecture a toujours été sociale. (J’ai tendance à associer ma voix à ce contrechant.) Mais le discours sur la discontinuité est lui-même diversifié. On peut y entendre le «paradigme» de Kuhn autant que l’«épistémè» de Foucault (j’aime bien les rapprocher, ces deux-là). En ce sens, la lecture sociale est-elle un «changement de paradigme» (au sens strict) ou un «décalage infime, mais essentiel»? Vais répondre sur Lettrures…"

Note: La mise en page a été modifiée par rapport à l’original (retours à la ligne, hyperliens, guillemets) et j'ai fait quelques corrections orthographiques ou stylistiques mineures

Mise à jour: J,ai rajouté le commentaire de Enkerli à 12h30
Autres textes relatifs au «contenu n'a plus de valeur» sur Zéro Seconde:

Billet de départ: Le contenu n'a plus de valeur
Commentaires autour de ce billet de départ
Présentation autour de ce sujet au ContenuCamp Montréal
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Le contenu n'a plus de valeur (diapos)

J'ai donné un petite conférence à la rencontre du Community Camp / YulContenu mercredi soir. Suite à mon billet sur Le Contenu n'a plus de valeur, on ma demandé d'expliquer mon point de vue.

J'ai fait une petite présentation. Voici les diapos.


Sommes-nous tous (devenus) des experts ?

Ce soir je vais aller voir une conférence co-organisée par Radio-Canada et de l'Université de Montréal. J'aime bien la prémisse et voilà pourquoi je vous la partage.
Sommes-nous tous (devenus) des experts ?

Les réseaux sociaux ont modifié les rapports entre le public et les institutions qu'elles soient des organisations ou des individus. Jadis quasiment intouchables, il est aujourd'hui facile et courant d'entrer en contact avec un professeur de Harvard, une star de cinéma, un journaliste vedette ou un chef d'entreprise pour l'invectiver où lui demander des conseils.

Les barrières tombent et ce sont petit à petit les gens faisant partie de notre réseau qui deviennent les experts que nous reconnaissons. Nous avons confiance en eux car ils sont proches et nous dévoilent en tout temps leur vie quotidienne, leurs pratiques ou leurs opinions.

On m'a demandé de poser une question il y a quelques semaines afin de que les conférencier puisse se préparer;

Ma question est simple:
Dans le contexte décrit dans l'introduction où les membres proches dans notre réseau deviennent les experts, que devons-nous penser des notions de popularité et d'autorité? Comment les distinguer maintenant? Les institutions d'autorités doivent-elles jouer le jeu de la popularité? Ne devons-nous pas alors redéfinir ce que veut dire l'expertise?

PS: le réel titre de la conférence est Voyeurisme 2.0 : Sommes-nous tous (devenus) des experts ?. Étant donné l'incongruité d'un tel titre (sauf la partie après les deux points) vous comprendrez que je préfère m'abstenir de donner mon opinion sur ceux qui l'on trouvé.

Mise à jour: Laurent Lasalle propose un résumé des discussions durant la soirée.

Web-in 2011 à Montréal

L'Alliance numérique, le réseau d’affaires de l’industrie des nouveaux médias et des contenus numériques interactifs du Québec, organise le cadre de MTL DGTL un web-in d'une journée complète pour «réinventer le web de demain, aujourd'hui».
Web-In Montréal 2011

«Web-In veut stimuler les artisans de l’industrie à innover et à réinventer le Web de demain».

C'est lundi prochain, 31 octobre 2011 au Hilton Bonaventure de Montréal. La programmation du Web-In comprend deux ou trois conférences et surtout des présentations éclair (5 à 10 minutes chacunes) qui «vont au-devant des constats et qui proposent de changer les paramètres qui redéfiniront le Web».

Je suis sur le panel du matin

Je suis fier d'avoir participé à l'élaboration du Web-In en début d'année avec Josée Plamondon, présidente d'Alliance Internet, Sylvain Carle, ex-président d'Alliance Internet, Stéphane Bousquet, Directeur, Entreprises numériques, ONF, et plusieurs autres.

Avec les trois premiers, j'ouvrirai le panel de 9h00 sur le thème de «Entre web social et web des données, comment naviguer le futur du web?», un remue-ménige live sur la façon d'interpréter ces enjeux.

Conférences express

Les conférenciers "brefs" sont tout simplement incontournable. Vous verrez entre autres:

et plusieurs autres: programme complet

À suivre sur Twitter ou sur place ($).


Les opérateurs du prochain Grand Jeu

Vincent Olivier m'a refait parvenir le lien vers un de ses grands textes qu'il a écrit et que j'ai relu avec plaisir (et avec plus de disponibilité et de recul que la dernière fois -- certaines lectures de Nietzsche que j'ai fait depuis aidant, même si elles ne sont pas nécessaires à son interprétation).

Je vous en livre un extrait, parce que c'est à petite dose qu'il faut savourer les grandes idées.
«Sois parfait! (haweî shelîm, Génèse 17,1 והוי שלים dans l'araméen original) telles furent les paroles de Dieu invitant l'homme à devenir surhomme, qui, depuis une tradition orale née en Mésopotamie, le berceau de la civilisation humaine, environ en 6000 avant notre ère, fondèrent l'occident sémite. Faisant du personnage de Yaveh le fondateur d'un humanisme qui est pratiquement resté inchangé depuis. Ce sois parfait semble d'ailleurs être de loin la parole la plus étymologiquement importante de toute notre histoire, car de shelîm, le mot araméen pour entier/entièreté, parfait/perfection, paix/paisible, intègre/intégrité, complet/complétude, par lequel nous sont parvenus les mots shalom, salem, Jerusalem (ville parfaite), saalam, Islam (exercice de la perfection) muslim (pratiquant de la perfection), et aussi le latin salus, le français salut, et par une savante alchimie mélangeant les langues dérivées du nostratique que j'ai confirmé auprès du célèbre protolinguiste George Starostin, il est maintenant apparent que nous devions à shelîm (ou à tout le moins à ses racines antérieures) le grec helos, et les salutations hello, allo, etc. Force est de constater qu'à même l'ADN occidental, à travers chaque salutation, chaque poignée de main, se reconduit cette invitation au dépassement de soi.»

Extraits de La Maison Laide, Vincent Olivier
C'est sûr qu'après #tlmep ou #oc8, ça peut faire mal à la tête. Mais c'est bon pour l'esprit. L'extrait ne fait que mettre l'eau à la bouche et le reste est encore plus dense. Ce qui me confirme que c'est par à-coup qu'il faut y revenir, le temps de digérer.

Comme j'ai toujours de la misère à retrouver les sources de mes lectures, Zéro Seconde est un endroit finalement pratique pour m'y retrouver et bâtir un corpus intéressant des idées qui viennent. Je me permets donc de citer cet extrait pour mémoire. Et ce travail me permet d'intégrer ses concepts.

Les opérateurs du prochain Grand Jeu

La question profonde qui traverse son texte rejoint celle du sens à donner à la "révolution" en cours, celle d'internet qui prend d'assaut toutes les sphères et reconduit en fait un sempiternel combat entre une élite oppressive (mais changeante, dans le sang parfois) dominant les masses (toujours aussi soumises) alors que se met en place, en fait, une mutation par une autre élite (les Programmeurs) qui proposera un nouvel environnement (et on ne parle pas ici d'une mise à jour de Facebook) qui devrait déloger définitivement les humains de leur anthropocentrisme.

Les multiples questions qu'il se pose ne peuvent pas être répondues tout de suite -- on a encore le temps et l'espace pour le faire.

Mais il est clair que le Grand Jeu qui se met en place dépasse les simples enjeux de ce qu'on nomme pour des raisons baptismales de facilité «Web 2.0», même s'ils le précèdent, le préparent et en tracent des contours. Qu'est-ce qui sortira de ces changements en cours, quel humain et quelle dignité peut-on espérer?

e-pluribus unum

Comme sa théologie spéculative est une «invitation à se libérer à se dépasser et à se réfléchir meilleur» -- d'où mon besoin d'aller chercher des réponses auprès de Nietzsche-- il n'y a pas nécessité de se presser à jouer le jeu du temps réel, mais, comme pour paraphraser Sloterdijk, les billets sont de petites lettres lettres adressées aux amis, une télécommunication dans le temps à des esprits qui cherchent des réponses à des questions similaires: le temps viendra à ceux qui savent attendre --tout de même une définition tautologique qui n'est pas dénuée de sens.

J'ai effectivement mes petites questions à répondre aussi. Justement celles que Vincent-Olivier m'avait adressées cet été. Une partie des réponses se trouvent dans le vidéo plus bas, mais je les laisse in extensio ci-dessous pour mémoire.

La plupart des réponses seront données au cours des prochains mois sur le fil de Zéro Seconde, pour tenter d'amorcer la nouvelle décennie avec la réflexion appropriée. On ne peut pas s'en tenir à voir l'avenir le nez collé sur sa roue de tricycle.

Réflexions

Vidéo à écouter sur l'édifice.tv. Un interview que j'ai donné cet été, et remixé par Vincent Olivier

Questions de Vincent Olivier qu'il me pose après l'interview, suscitées par les réponses données durant l'entrevue, elles-mêmes soulevées par ses questions d'intervieweur. Vous suivez toujours?

- Est-ce qu'il est possible de s'adresser à l'intelligence des gens et être populaire? Est-ce que l'incapacité à le faire signifie que la majorité des consommateurs de contenus sont stupides? Est-ce que les auteurs en sont réduits à une littérature confortable ou comique, parce que la lucidité, c'est out? On dit vouloir des intellectuels au Québec, mais est-ce vrai? Serions-nous réellement capables de leur faire une place dans la sphère médiatique? (des pistes @ 1:12)

- Qu'est-ce qu'IBM cherche à prouver avec d'abord Deep Blue et aujourd'hui, avec Watson? Comment interpréter les slogans d'IBM qui ont toujours tourné autour de l'intelligence (le THINK! original, au "bâtissons une planète plus intelligente" en ce moment)? Que se passe-t-il si l'intelligence de la presque totalité des humains est obsolète (en rappelant ici le concept du "tittytainment")? Que reste-t-il de l'humain, sans l'avantage compétitif de l'intelligence? La fin de l'intelligence humaine est-elle la fin du propre humain, justement, l'intelligence étant ce qui nous distinguait jusqu'ici des animaux et de la technologie? Quel sera l'impact sur la culture, si nous avons majoritairement abdiqué l'intelligence? Restera-t-il même une culture? (des pistes @ 2:47)

- Est-ce que la jouissance est la finalité de l'existence et la complétude de l'humain? Que faut-il en penser, si Lacan et d'autres philosophes majeurs ont d'ailleurs spécifiquement opposé jouissance (et quête de) à intelligence (et quête d'). Sommes-nous programmés et manipulés par le bout de notre jouissance, ainsi que Crighton l'a suggéré dans L'homme terminal? N'est-ce pas là le propre du marketing? Est-ce que la jouissance est le langage de programmation de l'humain comme le pensent les informaticiens (par la ludification) et les psychanalystes (le neveu de Freud, Edward Bernays ayant inventé le marketing moderne)? (des pistes @ 4:12)

- Existe-t-il une séparation réelle entre les bergers "lettrés" (de cette nouvelle "littérature" numérique) et le bétail domestiqué (contrôlé par son rapport à la jouissance et au confort, rappelant le "du pain et des jeux" antique)? Qui sont les nouveaux bergers? Peut-on voir dans les pilules bleue (Viagra, quelqu'un!!!??!) et rouge dans la Matrice une parfaite illustration de la violence de la séparation entre la lucidité et l'enchantement domestique? Deux espèces différentes, d'un point de vue de la mémétique? (des pistes @ 6:13)

Source
Je répondrai à certaines de ses questions. Il m'a surnommé le Marshall McLuhan québécois. On devrait être capable d'être à la hauteur.

Le retour à la brutalité en temps réel

La mort de Kaddafi sur les réseaux sociaux. Al Jazeera semble avoir été le premier à avoir confirmer la nouvelle de sa capture, puis de sa mort. Et ensuite les médias sociaux s'en sont emparés.

Les téléphones mobiles permettent de documenter l'histoire qui se fait en temps réel. Et les images, les vidéos circulent à grande vitesse sur les réseaux. Principalement, encore une fois pour ce qui est de ce coin du monde, YouTube a été la télé du peuple en colère.

Je vous laisse retrouver les images par vous même (à vos risques et périls). Voici à la place une analyse de la situation, à chaud, mais qui donne de véritables repères:




L'attrait du réel

Ce qui trouble à la vue de ces images finales du tyran, outre l'horreur d'une fin atroce, c'est qu'elle met en contraction notre besoin de justice vengeresse ("il a ce qu'il mérite") et de justice des doits humains.

Tuer un prisonnier de guerre reste tout de même un crime.

Mais s'il fallait encore une fois montrer que ce n'est pas sur les réseaux sociaux qu'on trouve seulement des insanités, mais aussi dans les médias supposément grands, regardez les journaux britanniques qui ont abandonné toute retenue dans leur titre à la une (source):

:: The Sun: «Et voilà, pour Lockerbie»

:: The Times: «Un tyran rencontre sa mort»

:: The Daily Telegraph : «Pas de pitié pour un tyran sans pitié»

Quand Cyberpress se permet même de titrer « L'Occident se réjouit de la mort de Kadhafi », on voit bien ce qu'une décennie de Bushisme a fait pour faire reculer la justice internationale. L'Occident ne se réjouit pas de sa mort, mais bien de la fin du régime du tyran. On finit par trouver normal que l'on tue maintenant plutôt que juger. Ben Laden et Anwar al-Awlaki (tué récemment au Yémen, et surnommé le Ben Laden du web) ont été assassinés. Ah c'est vrai, nous sommes «en guerre contre le terrorisme», ils sont morts au combat.

La twittosphere arabe s'est embrasée et la mort de Kaddafi a été montrée comme un exemple de ce qui attend les autres dictateurs... Entre vengeance et besoin de justice.


Lancement du Galaxy Nexus, avec Android 4.0


Comme j'ai des problèmes de connexion pour publier mon billet sur Triplex ce matin, j'en fais profiter mes lecteurs de Zéro Seconde le temps que le problème se règle.

Bon matin. Pendant que vous dormiez cette nuit, la Coréenne Samsung a lancé à Hong Kong, sur la planète techno qui ne dort jamais, le nouveau portable Galaxy Nexus, roulant le tout nouveau système d'exploitation Android 4.0 de Google, concurrent héréditaire du iOS d'Apple. 



C'est le premier téléphone dit intelligent à rouler la toute dernière version d'Android, appelé Ice Cream Sandwich ("Sandwich à la glace").

La course effrénée continue côté mobile et mes colocs de ce Triplex n'ont pas encore fini de saliver sur le dernier iPhone 4S dont je vous parlais récemment que le voilà déjà relique du passé. Suivre les deux plates-formes donne le vertige tant ils semblent jouer l'un l'autre à celui qui aura les meilleures fonctionnalités.

Le matériel


  • Muni d'un écran Super AMOLED de 4,65" en 1280×720 pixels HD (contre 3,5"m avec 960x640 sur l'iPhone 4s, avec une résolution de 326 ppi ) il pèsera 135 g (140 g chez Apple). 
  • Il me semble que le Galaxy Nexus possède ce profil que tous les commentateurs technos attendaient pour le nouvel iPhone 4S, un design "fin et incurvé" de 8,8 mm du côté mince et 11,5 mm au point le plus épais (contre 9,3 mm uniforme pour le iPhone 4S)
  • Camera arrière de 5MP, moins que le iPhone 4S qui en a 8, mais de 1,3 MP pour la caméra frontale (0,9 MP pour le iPhone). Cela lui assure une capture vidéo de 1080p
  • Une dimension de 136x68 mm contre 115,2x58,6 mm pour le iPhone, donc un téléphone sensiblement plus gros, mais pourtant moins lourd, 135 g (contre 140 g)

Le danger avec ces chiffres, c'est qu'ils peuvent paraître significatifs sur papier, mais dans la vraie vie, je ne suis pas sûr que quelqu'un sente la différence (par exemple, la différence de poids de 5 g correspond en fait au poids de deux sous noirs dans vos poches). 

Ce qu'on va sentir tout de suite, et il était à peu près temps, c'est la disparition complète des boutons physiques, comme pour signifier une fin d'adolescence, pour les remplacer par des boutons sensitifs. Bizarrement le bouton "recherche" (loupe) a été retiré par la même occasion. Probablement le bouton le plus utilisé d'un cellulaire.

Nouvelles fonctionnalités

Là où il y a une différence, c'est bien dans les nouvelles fonctionnalités offertes par le système d'exploitation Android 4.0
  • Face unlock: déverrouillez votre cellulaire avec un sourire grâce à la reconnaissance faciale
  • Beam: partagez vos contacts, sites web, applications, cartes et vidéos avec tous les téléphones Android à proximité équipés d'une puce NFC
  • Saisie vocale: ce n'est pas Siri du Apple 4S, véritable interface vocale, mais vous avez ici une dactylo vocale très utile pour envoyer SMS et courriel (et attendez-vous à voir un site sortir sur les bourdes que cela va engendrer inévitablement -- dans le style Shit that Siri says dont parlait Laurent lundi
  • G+ embarqué: Faites des vidéo-bulles jusqu'à 9 personnes.
  • Panoramique Single-Motion: avec un déclencheur sans retard (zero shutter-lag) vous pouvez faire une photo panoramique en un seul mouvement
  • Édition photo: Android 4.0 vient avec un éditeur de photo, pour le cropping et retirer les yeux rouges notamment.

La puce NFC embarquée est un pas de plus pour l'imposition du Google Wallet comme standard de portefeuille virtuel et de paiement sans contact. Apple n'a pas encore de telle puce de communication en champ proche dans ces produits.

Disponibilité
Attendu sous le nom de Nexus Prime, et rebaptisé Galaxy Nexus pour le lancement, il sera en vente en novembre prochain aux États-Unis, dans certains pays européens et en Asie. Pas de nouvelles pour le Canada. Si c'est comme les autres fois, armez-vous de patience.

Notez bien que la sortie d'un "Nexus" est toujours vue par Google comme une vitrine des possibilités qu'offre Android. Certaines fonctionnalités (comme le Beam) ne sont pas utiles tant que vos petits copains ne sont pas eux aussi passés sous Android 4 avec une puce NFC.

Oui, la performance est au rendez-vous, même si rien ne peu plus porter le nom de révolution. Le fossé se creuse entre le jardin clôturé du iOS et le carpahaneum du monde Android. L'un et l'autre ont leurs avantages et défauts. Si votre téléphone commence à se faire vieux et que vous vous sentez d'attaque pour bidouiller le "root" de votre cellulaire, le Galaxy Nexus est probablement votre prochain téléphone.

Tenez-vous le pour dit, la bête fait une mutation toutes les années à pareille date. Et comme elle arrive toujours avec plusieurs mois de retard au Canada, vous êtes assuré d'avoir un vieux modèle entre les mains au bout de 6 mois quand le nouveau sortira, avec encore 2 ans et demi de paiement. Une course où êtes assuré d'être épuisé le premier.