ZEROSECONDE.COM: janvier 2012 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Twitter, comme outil de validation de la représentativité en politique?

On me pose à l'instant une question sur l'usage des politiciens de Twitter.

«Les politiciens bâtissent-ils des discours politiques en tenant compte de Twitter comme 'média social' uniquement, ou fondent-ils une communauté autour de l'actualité politique en ciblant sur la force du 'réseau social'?». Je vais faire mon Mario Asselin de moi et vous partager à chaud ma réponse.

Comme Twitter est une plateforme sans essence, toute forme d'usage est possible, et aucune n'est prescrite dans l'outil lui-même. Les contraintes sont sociales et dépendantes donc d'une convention. Venant de la base (et non pas du haut) chacun y va de son interprétation et agrège ceux qui pensent de la même façon.

Les politiciens n'agissent pas autrement et utilisent Twitter comme ils l'entendent. Ils bâtissent des discours politiques en fonction ou non des communautés, selon leur croyance ou leur expérience terrain. Seul la rencontre du «succès» les encourage de poursuivre de l'avant dans leur approche ou non. Par succès on entend une réponse de la communauté Twitter autour du politicien que celui-ci considère comme positive et allant dans le sens qu'il pense optimal pour atteindre ses objectifs.

Comme plusieurs approches sont possibles et qu'il y aurait donc techniquement de multiples stratégies politiques applicables pour un politicien sur les réseaux sociaux, la question qu'il faut se poser est celle de connaître le point commun entre toutes ses stratégies. Il est probable qu'à terme, ce commun dénominateur serait un vecteur essentiel pour comprendre les motivations des politiciens à utiliser les réseaux sociaux, et Twitter en particulier, et ce, qu'importe leur type d'usage.

Il appert, à mon avis, que le socle commun est la popularité. Qu'importe l'usage de l'outil, qu'importe le message envoyé, qu'importe les motivations, le politicien voit en temps réel non seulement le support qu'il a sur son idée, mais aussi sur sa personne. La foule, même virtuelle, a toujours été, en démocratie, un rapport de force dans les agoras.

Le politicien qui, qu'importe son usage, peut se vanter d'avoir X abonnés, détient un argument supplémentaire pour faire valoir son idée, ou du moins son approche, ou au minimum la validité de sa représentativité. Et ce, face à d'autres qui n'auraient pas le même nombre d'abonnés, de plusieurs ordres de magnitude (X/100 par exemple).

La «popularité» (relative), le «score (pseudo) démocratique», la «légitimité du nombre (virtuel)» sont divers libellés que l'on peut appliquer à ce jeu de la validation de la représentativité. Le politicien cherche à valider qu'il est toujours en résonance avec une audience (je n'ai pas dit l'électorat) pour stimuler la légitimité de sa position, de ses dires, de son approche. Ce n'est pas en remplacement des autres méthodes, c'est un complément.

C'est, autrement dit, un outil du star-système, en miniature, appliqué au champ politique.


Balado 1: La tablette

Appelons ça traverser le mur du son. Notre blogue collectif Triplex, sur Radio-Canada.ca, avec Gina Desjardins, Laurent LaSalle et moi-même, vous propose aujourd’hui la première d’une série d’émissions en baladodiffusion sur l’évolution des nouvelles technologies, leurs tendances et leurs répercussions sur nos vies.

Non seulement vous pouvez toujours nous lire, mais vous pouvez maintenant aussi nous entendre.

Dans cette émission animée par Philippe Marcoux, l’ex-Triplex, nous commentons les enjeux abordés dans nos billets, nous nous questionnons et nous nous échangeons des idées.

Triplex en balado, de la techno plein vos oreilles

Dans cette émission, nous discutons ensemble de comment la tablette s’est imposée comme un outil important dans la micro-informatique grand public, et de la façon dont elle s’insère dans notre quotidien, à côté de nos autres gadgets, des cellulaires intelligents aux ultraportables.

Contenu de l’émission 1 : La tablette ou le monde à portée de main
  • Révolution ou technologie de transition? 
  • La tablette et les ultraportables? 
  • Un outil de consommation ou de production? 
  • L’avenir de la tablette 
  • La tablette en entreprise 
  • La tablette à l’école 
Pour télécharger la première émission Pour s’abonner au fil RSS

Comment le FBI américain peut-il fermer un site d'Hong Kong comme MégaUpload?


On ne défendra pas ici l'indéfendable. Héberger et diffuser des copies de films sans payer les redevances aux ayants droit est un accroc au droit d'auteur. MegaUpload était un tel site et amassait des millions chaque années en percevant des frais (un "abonnement") qui permettait de télécharger plus rapidement.


S'il y a une chose à retenir de la fermeture du site de piratage en ligne et de l'arrestation des dirigeants par le FBI, c'est qu'il n'y a aucun, mais aucun, besoin de projet de loi tel que SOPA et PIPA pour y arriver. Les lois en place existent déjà et sont efficaces.

Ce qu'on peut se demander, par contre, c'est comment la Justice américaine peut sévir hors de son territoire. MégaUpload était basé à Hong Kong et les dirigeants étaient en Nouvelle-Zélande.

La justice a le bras long

MegaUpload n'était pas qu'une simple firme «basée à Hong-Kong» dont par hasard certains Américains s'adonnaient à le fréquenter. Le site avait plus de 1000 serveurs en Amérique du Nord, dont 525 dans l'État de Virginie, chez un hébergeur américain. Et c'est là que les problèmes de MégaUpload ont commencé.

Le paiement des "abonnements" se faisait via PayPal, firme américaine. Pour donner une idée de l'ampleur du piratage, 110 millions de dollars ont transité par ce canal au fil des années.

MegaUpload utilisait aussi des régies publicitaires pour arrondir ses fins de mois, avec Google AdSense (jusqu'en 2007) et AdBrite (pour un total de plus de 800 000 $). Dans sa magnanimité, MegaUpload payait aussi les top usagers qui déposaient les films sur ses serveurs (le fameux «Uploader Reward»). Entre pirates, on s'encourage.

Mais voilà, un des usagers qui se faisaient payer par MegaUpload, habitait l'État de la Virginie. La boucle est bouclée;  le FBI peut intervenir.

Le motif d'arrêt est supporté par le fait que la violation des droits d'auteurs a eu lieu en Virginie. Les serveurs sont en territoire américain, l'abonnement se fait par une firme américaine, les clients sont américains, et même les top uploaders sont américains. Pourquoi la loi américaine ne s'appliquerait pas?  

Je laisserai des spécialistes comme Anthony Hémond et Rémy Khouzam se prononcer sur la recevabilité de cette logique, mais il faut croire que les autorités néo-zélandaises ont acheté cette version.

La question du territoire dans le cyberespace

Le cyberespace n'a rien d'éthèrique. Ils se fait avec de vrais humains dans de vrais espaces. Elle brouille bien évidemment les définitions de frontière et de territoire, mais MégaUpload deviendrait probablement une étape de plus dans l'ancrage d'Internet dans le Droit réel. Avec un précédent: le territoire américain s'étend maintenant au virtuel...

Source

Les jeux vidéos comme «10e Art»

«Le jeu vidéo est devenu un art à part entière. On le nomme même le 10e art.» -  Guy Berthiaume, président-directeur général de la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Image: Br1dotcom
Dans son billet de ce matin, Laurent Lasalle reprend la nouvelle sortie hier sur le fait que la Grande bibliothèque accueillera dès le mois de mars 2012 des jeux vidéos sur notre blogue collectif, à Radio-Canada, Triplex.

Le studio montréalais Warner Bros. Games offrira des jeux vidéo, pour l'emprunt. Ubisoft, autre firme montréalaise, suivra prochainement, selon Le Devoir. Montréal, étant une capitale du jeu vidéo, ce n'est qu'un juste retour des choses.

Ce n'est pas une nouvelle anodine

La déclaration de Berthiaume, que le jeu vidéo est devenu  le 10e art, ne tombera pas dans les oreilles de sourds.

La SODEC propose un virage numérique pour toute l'industrie culturelle québécoise et on en verra les aboutissants au cours des prochains mois et années. J'ai participé d'ailleurs à la rédaction des orientations stratégiques et à la rédaction du rapport à la Ministre de la Culture du Québec.

Or, une question qui revenait toujours était celle de considérer ou non les jeux vidéos comme de la "culture". 

Si la réponse est oui, comme le suggère Berthiaume (et comme WB Games et Ubisoft ont intérêt à le promouvoir), cette industrie pourrait recevoir des subsides de la SODEC, organisme d'État chargé de supporter les "arts" comme la musique, cinéma, télé, etc.). 

Avec comme conséquence, la diminution de la tarte à se séparer entre tous.

Ce n'est pas une déclaration anodine et le geste d'intégrer les jeux vidéos dans le temple de la culture qu'est la Grande bibliothèque aura un impact probable dans l'avenir...

Internet remplacera-t-il la télévision en 2012 ?

Comme source d'information? Peut-être. «En seulement douze mois, Internet comme principale source d’information des Québécois a connu une progression fulgurante, passant de 15 % en 2010 à 30 % en 2011.»

La nouvelle étude NETendances du CEFRIO montre que chez certains groupes d’âge Internet a dépassé la télévision, quoique, de façon globale, la télévision constitue toujours la principale source d’information utilisée pour consulter l’actualité et les nouvelles par les adultes québécois (41%).


Plus de détails ici sur le site du CEFRIO: Internet comme source d'information (PDF)

SOPA/PIPA : Honni soit qui passe cette loi

Imaginez un monde où Internet était muselé par les grandes compagnies. Le projet de loi SOPA est un mauvais projet de loi. En solidarité avec Wikipédia, qui a fermé sa version anglaise pendant 24 heures, ZÉRO SECONDE passe au noir aujourd'hui 18 janvier 2012.


La section anglaise de Wikipédia bloque aujourd'hui l’accès à toutes ses pages pour protester contre le SOPA et envoyer un signal fort à la communauté : Internet doit rester libre. Wikipédia disparait, comme s’il était sur la liste noire du SOPA. Seulement 24 heures, imaginez si le projet de loi passe.

Un Internet où les grandes corporations américaines domineraient

Le projet de loi Stop Online Piracy Act (SOPA) -- et son projet de loi compagnon, le Protect Intellectual Property Act (PIPA), donnent le droit de poursuivre tout site web qui contreviendrait à la législation sur les droits d’auteur, qu’il soit américain ou non.

Les projets de loi rendent possible de forcer les fournisseurs d’accès à Internet à bloquer tous les sites web contrevenant aux lois américaines sur le droit d’auteur. Ils permettraient aussi de poursuivre les moteurs de recherche, blogues et répertoires de sites qui ne mettent pas en place une liste noire de sites à bloquer. Et, nerf de la guerre, ces lois forceraient les agences de placement publicitaire à retirer leurs pubs de tels sites.

Business as unusual

Tout le monde sur la planète se trouve concerné. Votre site pourrait se retrouvé bloqué aux États-Unis par la moindre compagnie qui décide de le demander.

PROTECT IP / SOPA Breaks The Internet from Fight for the Future on Vimeo.

Si votre site au Canada ou en France ne plaît pas à une entreprise aux États-Unis, les fournisseurs d’accès et les moteurs de recherche américains n’auront pas d’autre choix que de bannir votre adresse en ligne sur simple demande grâce à la liste noire, et ce, avant même qu’il n’y ait procès.

ZÉRO SECONDE passe au noir pendant 24 heures



La différence entre réseaux sociaux et médias sociaux


J'écrivais à Marie-Claude Ducas aujourd'hui, pour ajouter dans le livre que nous écrivons sur les médias sociaux, avec Guillaume Brunet (plus d'info bientôt) un bout de texte qu'on veut ajouter en introduction: en quoi consiste la différence subtile entre les réseaux sociaux et médias sociaux?  Je vous la soumets pour connaître votre point de vue. 
Cette définition s'adresse à des non-spécialistes, propriétaires d'entreprises, grandes ou petites, qui cherchent à comprendre comment les médias sociaux peuvent répondre à leurs objectifs d'entreprise. 

Ce n'est probablement pas la définition sémantique par excellence, mais le but est de rester pragmatique. On part de la notion de médias sociaux telle que définie par Fred Cavazza dans son célèbre panorama des médias sociaux. Avec le développement de Facebook et l'arrivée de Google Plus, ça tiens un peu moins la route, mais je ne crois pas que dans l'introduction du livre, il faille en dire plus.
La différence entre réseaux sociaux et médias sociaux.

Même si aujourd'hui on tend à interchanger ces termes, nous y voyons une différence subtile entre les deux. Le "réseau social" fait allusion aux liens sociaux et aux interconnexions entre les individus comme potentiel de rejoindre des individus. Autrement dit, les réseaux sociaux tiennent la relation entre les individus comme fondamental à sa raison d'être (comme Facebook ou MySpace).

En revanche, le terme "média social" concerne l'ensemble des communications et des échanges d'information qui s'effectuent dans les réseaux sociaux. Les médias sociaux se servent des réseaux sociaux comme canaux.

De plus, tout n'est pas un réseau social. Les blogues ont la publication comme vecteur principal. Pour YouTube ou Flickr, c'est le partage de vidéos ou de photos. Le réseautage vient en surcroît, il n'est pas leur raison d'être; ce n'est pas nécessairement leur but premier, même s'il y a tout de même toujours un peu de réseau social dans tout. D'où le fait qu'on appelle toute plateforme un réseau social, de Twitter à Foursquare.

Si on parle davantage de médias sociaux, c'est parce que ce terme englobe tous les autres (réseau de publication, réseau de partage, réseau social, etc.). Les plateformes  de réseaux sociaux en tant que tels ne seraient donc qu'une sous-partie des médias sociaux, selon cette façon de voir. Mais de plus en plus cette distinction tend à s'amoindrir et plusieurs ont tendance à interchanger les termes.  
Je vous invite à me partager vos commentaires ci-dessous, par courriel ou sur Twitter...

3 nouveaux types de contenu apparaîtront dans vos résultats Google

Hier, Google a intégré davantage les contenus de G+ aux résultats de votre recherche (Lire «Search, plus Your World»)

Résultat personnalisé: ce sont vos propres publications et vos +1. Et le contenu partagé avec vous par vos réseaux. Incluant le contenu partagé en privé --mais ce contenu n'est visible qu'à vous seulement pour vous.


Profils des membres de G+: vos contacts apparaîtront dorénavant dans les résultats de recherche.
  Comptes et pages G+: les pages affaires et les grands usagers de G+ seront aussi affichés dans la colonne de droite selon le mot-clé.  
C'était une question de temps avant que cela ne se produise. Le numéro un mondial des moteurs de recherche cherche a réunir deux univers d'information jusqu'à maintenant séparés: le monde des documents (pages web) et le CGU (contenu généré par les utilisateurs -- du simple +1 aux billets sur G+)

«Organiser les informations à l'échelle mondiale dans le but de les rendre accessibles et utiles à tous». Tel est la mission de Google. Le flou qui existait entre les livres et les sites web s'étend maintenant entre les pages web et les échanges épistolaires entre amis. Tout est du contenu indexable.

Cela donnera probablement un boost au réseau G+. Plusieurs personnes sont inscrites, mais peu s'en servent vraiment.

Mais la vraie révolution arrivera s'ils arrivent à entrer dans Twitter et Facebook, pour ne pas indûment privilégier G+ dans les résultats. Sinon, on peut imaginer qu'il faille aller sur Bing pour chercher Facebook et une certaine balkanisation se fera sentir sur le web...

introduction aux Enjeux des technologies émergentes

Les objectifs du cours de maîtrise CRM 809 - Enjeux des technologies émergentes, de l'Université de Sherbrooke, dont j'ai donné le premier cours hier consistent en deux points:
- Développer une compréhension globale des enjeux associés aux technologies émergentes et aux environnements médiatiques en mutation.
- Savoir évaluer et utiliser les nouvelles plateformes numériques de diffusion dans les stratégies de communication. 
Autrement dit, faire le grand écart entre la théorique (compréhension globale) et la pratique (savoir utiliser).

Je vais partager ici, au courant de la session, autant que faire se peut, quelques notes sur les contenus du cours et sur les réflexions connexes pour aller plus loin. Vous êtes bien sûr invité à commenter et à alimenter la discussion

Introduction

Dans mon introduction au cours, je fais référence aux soulèvements du Printemps arabe et un rapport de Franck La Rue, des Nations unies, en mai dernier, qui a proposé de reconnaître Internet comme un outil incontournable pour supporter les droits de l’Homme (PDF page 22, Point B, deuxième ligne). L'accès Internet est-il un droit de l'Homme? Pourquoi en sommes-nous rendus à poser cette question? Comment, en 20 ans de web et 40 ans d'internet, on peut associer si rapidement cet outil à la condition humaine? Les technologies émergentes posent de vrais enjeux

(Sur la question des droits de l'Homme, lire Internet Access is Not a Human Right, de Vinton Gray Cerf, co-inventeur du TCP/IP, donc d'Internet),  L'accès à Internet n'est pas un droit de l'Homme (mon billet qui élabore sur le point de vue de Cerf) et le sondage de la BBC qui montre que quatre personnes sur cinq dans le monde considèrent l’accès à Internet comme un droit fondamental.)

Acculturation par le réseau

Entrer sur Internet, c'est s'exposer à une culture marginale qui teinte lentement la globalité de la société. Ce n'est pas une culture, mais un amalgame de cultures, comme le disait Manuel Castells, dans La galaxie Internet, (2002). J'en vois 6, qui en pelure d'ognon, se superposent et ont fait répandre dans la société des  notions de "auto-publication", "décentralisation", "participation", "reconnaissance des pairs"... (Lire Les 6 cultures d'Internet)

Les médias sociaux comme mutation

L'outil émergeant, c'est les réseaux socionumériques. Dans une société qui est passée d'une rareté à une surabondance d'information, rendant tout contenu une commodité (merci Google), le filtrage émerge comme une stratégie de survie pour retrouver du contenu qui "fait sens". Le "sens minimal" c'est de signifier que l'on appartient à la même communauté.

C'est donc pour cette raison que l'axe privilégié durant la session sera de se développer une présence dans les réseaux sociaux. Avec ces nouveaux outils, on y échange ce qui est intéressant.. pour les autres, pas nécessairement pour soi.

Qu’avons-nous d’intéressant à partager? Les étudiants auront à identifier dans un premier temps ces paramètres.


  • - Qui êtes-vous / qui représentez-vous? 
  • - Que souhaitez-vous développer comme présence? Avec quel but?
  • - Vos points forts / vos points faibles
  • - Votre présence en ligne actuelle
  • - Identifiez les communautés pertinentes.
  • - Identifiez les personnalités de votre domaine visibles en ligne.

Ce premier exercice aidera les étudiants à se préparer pour un plan stratégique de présence en ligne.

Pour les étudiants

Le prochain cours sera un laboratoire (avec des ordinateurs sur place) où on touchera à quelques outils essentiels (ouverture de compte, échange en ligne, etc).

- Date: dimanche 15 janvier 2012 (09:00 - 16:00)
- Local du cours: 6660
- Activer votre code d'identification personnel (CIP)
- Pour créer votre courriel Usherbrooke.ca :

Vous aurez besoin du CIP et du courriel pour activer les ordinateurs

Lecture pour le prochain cours




Les médias sociaux et le Bye Bye

Au fond, ce n'est plus parce qu'il y a un Bye Bye que les gens sont devant la télévision au passage de l'an, c'est parce qu'il a des gens devant la télévision qu'il y a un Bye Bye. Mais la formule n'est plus adaptée aux années 2000. Voici pourquoi.






Le Bye Bye, émission de fin d'année à la télévision publique (SRC), ne laisse jamais indifférent. On déteste, on adore. SRC a bien tenté, il y a fort longtemps de se sortir du créneau (la controverse ne date pas d'hier, rappelez-vous "Bonne année Roger"), même si n'est pas le créneau qui est le problème.

C'est que les deux fonctions du Bye Bye sont devenues obsolètes.

Les deux fonctions (dysfonctionnelles) du Bye Bye

Cette émission a toujours tenté une revue de l'année sous le mode de l'humour. Les époques se sont succédés et les comédiens aussi. La formule n'a pas changé. C'est la société qui a changé.

Les deux fonctions, faire rire et faire discuter, sont devenus obsolète dans sa formule actuelle, parce qu'inévitablement la société a changé.

On pourrait invoquer des raisons concernant le degré de qualité du contenu du Bye Bye, mais elles me semblent secondaires face à la montée d'Internet, entre autres.

1) La fonction de l'humour



La première fonction du Bye Bye, à l'origine, était de dérider le public face à l'angoisse du monde que la télévision donnait à voir.

Le Québec s'ouvrait au monde par la petite lucarne et l'humour était le liant entre toutes les couches de la société. Une façon souveraine de se reconnaître uni une fois l'an.

Les critiques ont déjà noté que depuis deux décennies, les émissions d'humour et de critiques humoristiques de l'actualité ont suffisamment envahie les ondes télévisuelles pour rendre fade la revue annuelle --qui ressemble à une redite, incapable de répondre aux attentes démesurées de plaire à tous et à son père.

La balkanisation de l'humour au Québec a créé une série de ghettos impénétrables qui divise la société. L'humour trash, le cynisme branché, les farces grasses et méchantes ont leurs fans qui s'excommunient mutuellement.

L'humour de Cloutier et Morissette, concepteurs du Bye Bye de cette année, plaira ou non selon les allégeances. Seuls les critiques avertis, comme Stéphane Baillargeon du Devoir, auront compris que c'est l'humour comme liant qui ne fonctionne plus.

Sur les réseaux sociaux, les LOLcats, les FAILblog et autres, remplissent tous les interstices de notre vie, réduisant l'humour (?) à un nihilisme permanent et la transformant en commodité à portée de clic.

Internet, via les réseaux sociaux, vient remplir notre besoin de se dérider de l'actualité en temps réel --entre deux émissions d'humour à la télé...



2) La fonction d'initiateur de conversation

La deuxième fonction du Bye Bye est de se remémorer les événements annuels pour provoquer une ultime réflexion sur le temps qui passe et les changements intervenus durant l'année.

Je crois que la montée des réseaux sociaux joue ici un autre grand rôle dans la désaffection de cette fonction d'une telle revue de l'année.

Je ne parle pas du gigantesque clavardage à ciel ouvert qu'est devenu Twitter, même si des dérapages, comme l'étrange cas du mystérieux double maléfique de Jorge Contreras, sont devenus un spectacle en soi.

Le Bye Bye était un moment privilégié pour ouvrir la discussion sur l'actualité avec toute la famille, réunie pour l'occasion.

Or, aujourd'hui, cette discussion a lieu sur les réseaux sociaux au moment même où l'événement a lieu. On épuise complètement le sujet au moment où l'événement se passe. On commente, on "like", on partage.

La revue de l'année ne réussit, au mieux, qu'à nous faire sourciller. Tout a été dit et il n'y a plus de discussion possible.

Si la télévision a conservé sa place de rendez-vous collectif, elle n'a plus le monopole d'initier des catharsis collectives à travers le simple fait de remémorer les événements.

Les sujets sont maintenant commentés dans une conversation permanente tout au long de l'année.

Revoir l'année autrement

Qu'est-ce qui reste? Un spectacle artistique, parodique, avec des moyens de music-hall, pour passer le temps avant de se donner le baiser de début d'année. Sans le fard d'un passage initiatique. Ce n'est que de la télévision.

Les réseaux sociaux demandent de revoir complètement la notion de revue de l'année, du moins dans la façon qu'elle est pratiquée dans le Bye Bye annuel.

Il ne s'agit plus de souligner anecdotiquement l'année --ça, les réseaux sociaux le font allègrement et mieux.

Le Bye Bye n'est qu'un symptôme. Les grands médias dans leur ensemble sont touchés.

Les grands médias n'ont d'autre choix que d'aller là où ils ne peuvent être que les meilleurs: approfondir un sujet, donner du contexte, prendre du temps, éviter le superficiel.

C'est-à-dire donner ce recul nécessaire et salutaire. Pour le reste, les réseaux sociaux s'en chargent très bien.