ZEROSECONDE.COM: octobre 2013 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Pourquoi partage-t-on des informations aux autres ? [1]

Sur le web, on tombe toujours sur ces chemins de traverse. Ceux qui savent de quoi je parle comprennent très bien ce sentiment: en avançant sur un chemin que l'on trace, on voit s'ouvrir sur les côtés quantités d'autres voies. Une vie n'est pas suffisante pour tout explorer.

Au détour d'une conversation sur un billet , dans les conversations, je tombe sur une information qui m'amène sur un chemin de traverse.

(Pour la petite histoire, tout est parti d'un billet au thème polémique de Xavier de la Porte (Twitter, blogue), animateur de Place de la Toile, à France Culture, publié sur l'incontournable blogue de la FING, InternetActu, tenu par le vaillant Hubert Guillaud: voilà qu'Olivier Auber (Twitter, Site), chercheur indépendant de l'Université libre de Bruxelles, mentionne un de ses collègues avec qui il avait animé deux ateliers dans le cadre d'une série des séminaires conjoints du "Global Brain Intsitute" et de l' "Evolution, Complexity and Cognition group" de la Vrije Universiteit Brussel.)

Dans le cadre des commentaires du billet, qui portait sur la (non) présence des intellectuels critiques dans le numérique, Olivier Auber, donc, citait dans les commentaires Jean-Louis Dessalles, cogniticien spécialisé dans le langage à l’ENST (sa page au Telecom Paristech et une vidéo réalisée par UniverScience.TV sur YouTube) parce qu'il développait une “Théorie de la Simplicité” qui serait à même de nous éclairer sur les phénomènes à l’œuvre sur les réseaux.

Heureuse découverte

Heureuse découverte, oui, car je ne le connaissais pas et pourtant il me semble incontournable. Et hop me voilà engagé dans un chemin de traverse.

En fouillant un peu, on finit par tomber sur une vidéo sur Vimeo qui explique «pourquoi donner des informations aux autres ?», une présentation qu'il a faite il y a 2 ans et qui mérite vachement les 75 minutes d'attention ininterrompue que la vidéo demande.

«En 1978, John Krebs et Richard Dawkins, deux spécialistes des signaux dans le règne animal, ont énoncé ce que l'on peut voir comme la "malédiction" de la communication : si les intérêts de l'émetteur et du récepteur convergent, la communication sera utile, rare et secrète ; s'ils divergent, elle aura une forme publicitaire : pauvre, répétitive et publique.»

Donc, double paradoxe.

1: Si deux êtres ont tant intérêt à communiquer ensemble, leur sphère se referme et exclue les autres.

2: Si l'être A veut passer un message M à un autre être B, et que B ne tient pas à l'écouter, A se retrouve à insister lourdement, formater son message et M devient une pub.

Pourquoi alors sommes-nous là en train de communiquer et d'échanger ensemble de façon ouverte sur les blogues et les médias sociaux (le web en général, en fait)?

Modèle d'émergence de la communication 2.0

Ce long préambule aura probablement fait fuir ceux qui cherchent des réponses bien formatées (un message M qu'ils voudront répéter à B).

Sur le web, et les médias sociaux, la communication humaine semble faire exception au double paradoxe : elle est riche, abondante et ouverte. Le Cluetrain Manifesto ne dit pas autre chose (ce manifeste reste encore et toujours d'actualité; à relire).

Le modèle théorique de Jean-Louis Dessalles explique «comment une communication riche peut émerger entre agents égoïstes et rester stable». Il cite les «pratiques de communication 2.0 (Web, blogs, Twitter...)» comme un beau test à sa théorie.

Je vous laisse écouter (ça fait une 1 heure et quart, tout de même) et on s'en reparle dans le prochain billet.


Pourquoi donner des informations aux autres ? from Fondation Telecom on Vimeo.

Les nécessaires humiliations

Combien d’humiliation subirons-nous avant d’abdiquer « l’intelligence » aux technologies? 

Depuis plusieurs années déjà que se prépare cette sortie. On parle davantage d’intelligence émotionnelle, interpersonnelle, musicale-rythmique et même corporelle-kinesthésique. On diversifie les définitions. "Can Emotional Intelligence Be Taught?» titrait le New York Times le mois dernier. 

«Intelligence», tout court, ce n'est pas suffisant?


La cybernétique, pour reprendre un vieux terme vintage qui a disparu de la circulation, est à l’origine des chamboulements technologiques depuis plusieurs décennies, et, surtout, de cet étrange malaise dans la définition de ce qui fait de nous des humains.

«Intelligent»?

Si pendant des décennies résoudre le cube Rubik représentait l’image d’une « personne intelligente », voilà qu’un robot nous enlève cette illusion.

J'avais écrit il y un an dans le blogue Triplex que les machines arrivaient à résoudre le casse-tête en moins de temps qu'un humain (en 5,27 secondes contre un peu plus pour les humains). Voilà qu'aujourd'hui j'apprends sur le blogue de Vincent Abry qu'un robot le fait en 1 seconde.

Ne clignez pas de yeux:


Le seul charme qui reste au Cube Rubik est celui de l'artisan: le charme suranné de faire quelque chose à la main. Pour la compétition, les robots sont imbattables.

Il va falloir s'y habituer, à ces incessantes, mais nécessaires, humiliations.

Jouer aux échecs, une intelligence logico-mathématique, est passé aux mains des robots quand, il y a plus de 10 ans, Kasparov a perdu contre Deep Blue.

Les questions de connaissances générales ne sont plus l’apanage des  "bollés" depuis que Watson a battu les meilleurs joueurs de Jeopardy.

Ces deuils successifs, principalement du côté déductif et associatif, devant la toute-puissance cybernétique, nous poussent inévitablement à nous redéfinir et à identifier correctement ce qui constitue le génie humain.

Car, côté "intelligence", nous sommes en train d’externaliser à la technologie, un à un, chaque trait de ce qui faisait auparavant notre fierté.

Il y a cet effet perlocutoire sur nous que provoquent ces victoires. Le discours émerge, s'installe, quoi que nous fassions: il va falloir qu'on se redéfinisse, car les machines semblent vouloir le faire à notre place. "Intelligent", tout court, ce n'est plus suffisant....

Lire aussi mon billet: Abdiquer «l’intelligence» aux robots?

[M2 #7] Les mutations tranquilles (avec S. Carle)

Quand Sylvain Carle est en ville, il ne faut pas le manquer. Quand on peut prendre une bière avec lui, c'est encore mieux!

Septième balado de M2. Nous avons rencontré Sylvain Carle cet été sur une terrasse alors qu'il était de passage à Montréal. Il parle de Twitter, de San Francisco et comment Montréal n'est pas loin. De fil en aiguille, vous allez connaître toute la sagesse qu'il a acquise avec les nouvelles technologies et sa passion de partager ses découvertes.



Les mutations tranquilles

La dernière décennie a été celle où la population s'est mise au diapason des techkies de la côte ouest. Et quand tout le monde a ces nouveaux outils, ça ne prend plus grand temps pour que la société change complètement, Voilà pourquoi il est urgent d'avoir un Plan numérique au Québec. Sylvain Carle, même loin là-bas à San Francisco où il travaille pour Twitter, s'intéresse à ce que le Québec va devenir sur le continent numérique.

Pour la petite histoire, c'est Sylvain qui a été à l'origine de notre rencontre, Martin Girard et moi. On s'était rencontré au party de départ de Sylvain pour San Francisco. Il nous a mis en relation quand il a su que chacun de notre côté on voulait faire une balado. De cette rencontre est né M2. Voilà qu'un an plus tard, on le retrouve.

Allez sur iTunes pour vous abonner à toute la série M2 ou écouter juste cette émission:

M2 #7 :: Les mutations tranquilles (Sylvain Carle)

Cette émission vous est proposée par Martin Girard et moi-même. Plus d'info.

Qu'est-ce que M2?

M2, c'est M au carré, car nous nous sommes deux Martin derrière la réalisation de cette balado. M, aussi pour mutation. Mutation au carré, car le numérique accélère comme jamais les changements en société.

M2 se veut des conversations autour des métamorphoses apportées par les technologies numériques. Cette baladodiffusion est un pont entre les savoirs des réseaux numériques, des universités, des médias et de la politique avec des gens qui pensent le numérique.

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